Cambodge: Deux khmers rouges inculpés de crime contre l’humanité

 

Le premier ministre cambodgien avait mis en garde il y a quelques jours contre des poursuites supplémentaires, susceptibles selon lui de déclencher une guerre civile. Le juge d’instruction international Mark Harmon a signé l’inculpation par contumace de Meas Muth, ancien officier de la marine, et Im Chaem, une responsable locale. Son homologue cambodgien s’est en revanche abstenu.

 Cette divergence reflète le malaise qui existe au Cambodge face un régime qui a massacré jusqu’à deux millions de personnes dans les années 1970. Le porte-parole du tribunal, Lars Olsen, a précisé que le renvoi ou non de ces deux cadres devant un tribunal serait décidé l’an prochain.

Im Chaem et Meas Muth sont tous les deux accusés de crimes contre l’humanité et d’homicide. Le second est également poursuivi pour crimes de guerre, d’après un communiqué de la cour. Aucun des deux n’a encore été arrêté.

«Presque trop loin»

La semaine dernière, le premier ministre Hun Sen avait estimé que la poursuite des fonctionnaires allait «presque trop loin» et pourrait provoquer un nouveau conflit dans son pays. Hun Sen est lui-même un ancien commandant de rang inférieur sous le régime communiste khmer.

Jusqu’ici, seules trois personnes ont été condamnées par le tribunal, créé en 2006. Parmi elles, deux anciens dirigeants ont été condamnés en août à la prison à vie pour crimes contre l’humanité. Ils font actuellement l’objet d’un second procès consacré au génocide des Vietnamiens et de la minorité musulmane des Chams, aux mariages forcés et aux viols commis dans ce cadre.

Deux millions de morts

Critiqué pour ses lenteurs, le tribunal avait déjà condamné à la perpétuité Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav. Il était le chef de la prison de Phnom Penh S-21, où 15’000 personnes ont été torturées avant d’être exécutées.

Au pouvoir de 1975 à 1979, les Khmers rouges, dirigés par Pol Pot, «Brother Number One», voulaient construire une utopie marxiste. Au total, quelque deux millions de Cambodgiens, soit environ un quart de la population, sont morts d’épuisement, de famine, de maladie ou à la suite de tortures et d’exécutions.

(ats/Newsnet)