Irak: L’EI incendie un site pétrolier près de Tikrit

 

Les jihadistes cherchent ainsi à se protéger des frappes aériennes qui visent à les déloger de ce secteur, a indiqué jeudi l’armée irakienne.

Les forces armées de Bagdad ont lancé une vaste offensive pour reprendre à l’EI la ville natale de l’ancien dictateur Saddam Hussein. L’armée irakienne est appuyée par des miliciens chiites coordonnés au moins en partie par des officiers iraniens, dont Kassem Soleimani, le chef de la force d’élite iranienne «Al Qods».

La coalition internationale formée par les Etats-Unis est en revanche restée en retrait depuis le début de l’offensive, gênée par la présence iranienne sur le terrain.

 Cette question a été évoquée par le vice-président américain Joe Biden lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre irakien Haïder al Abadi, mercredi, a indiqué la Maison blanche. «Nous avons dit depuis le début que les Etats-Unis ne se coordonneraient pas militairement avec les Iraniens», a insisté le porte-parole de Barack Obama, Josh Earnest.

Mines, tireurs embusqués…

Les forces gouvernementales tentent de progresser à l’est de Tikrit, où se trouve le champ pétrolier d’Adjil, qui produisait, avant sa prise par les jihadistes en juin dernier, 25’000 barils de pétrole par jour, ainsi que du gaz naturel destiné à la centrale électrique de Kirkouk.

Pour ralentir leur avancée, l’EI a incendié plusieurs puits mercredi après-midi, ont dit ces sources. Le gisement pétrolier d’Adjil est situé à environ 35 kilomètres au nord-est de Tikrit, ville majoritairement sunnite.

Les mines dissimulées au bord des routes, les tireurs embusqués et les attentats-suicide compliquent aussi la tâche des soldats irakiens et des miliciens de l’organisation Badr, soutenue par l’Iran, qui longent le Tigre au nord et au sud de la ville.

Un responsable de la police de la province de Salaheddine, dont Tikrit est la capitale, a indiqué qu’un convoi de huit véhicules de l’EI avait attaqué les forces gouvernementales jeudi à l’aube près d’Al Alam, également au nord-est de la ville. Quatre insurgés ont été tués et deux véhicules détruits, selon lui.

Ankara «pas partie prenante»

Bagdad a annoncé avoir mobilisé 30’000 hommes et l’aviation pour cette offensive présentée comme «la plus massive» depuis la prise par l’EI en juin 2014 de pans entiers du territoire irakien.

A Ankara, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, cité jeudi par la presse, a déclaré que «la Turquie ne sera pas partie prenante à un conflit armé en Irak ou en Syrie. Nous soutiendrons l’offensive à Mossoul (nord de l’Irak), mais nous n’entrerons pas directement dans les combats».

La Turquie a envoyé mardi en Irak du matériel militaire destiné aux forces irakiennes qui tentent de reprendre Tikrit. Il s’agit de la première participation concrète d’Ankara à la coalition internationale antijihadiste. Selon une source militaire turque, ce matériel ne comprend pas d’armes.

De son côté, l’ONU a indiqué que «les opérations militaires dans et autour de Tikrit ont précipité le déplacement d’environ 28’000 personnes vers Samarra», au sud. «Des informations du terrain font état de mouvements de déplacement supplémentaires en cours et de familles bloquées aux points de contrôle», a ajouté l’organisation dans un communiqué.

(ats)