Crash en France: Un des deux pilotes coincé hors du cockpit

 

L’un des deux pilotes de l’Airbus A320 de la compagnie Germanwings, qui s’est écrasé mardi en France faisant 150 morts, a quitté le cockpit et n’a pu y retourner avant la chute de l’avion, rapporte jeudi une source proche de l’enquête. Auparavant, le vol semble être apparemment habituel.

«Au début du vol, on entend l’équipage parler normalement, puis on entend le bruit d’un des sièges qui recule, une porte qui s’ouvre et se referme», a indiqué cette source qui a eu connaissance de la teneur des enregistrements confirmant une information du «New York Times». Ensuite, «des bruits indiquent que l’on retape à la porte».

«Le type à l’extérieur frappe légèrement à la porte et il n’y a pas de réponse», a déclaré un responsable militaire participant à l’enquête au journal américain, en parlant de l’enregistreur. «Alors ensuite, il frappe plus fort à la porte et pas de réponse. Il n’y a jamais de réponse.» «On peut entendre qu’il essaie de défoncer la porte», ajoute l’enquêteur qui a requis l’anonymat.

Conversation très calme

Le bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) a réussi à écouter le fichier audiophonique de la «boîte noire» qui a enregistré les échanges dans le cockpit, avait déclaré mercredi Rémi Jouty, directeur du BEA. Il avait ajouté qu’il était «beaucoup trop tôt pour en tirer la moindre conclusion sur ce qui s’est passé».

Selon l’enquêteur cité par le «New York Times», l’enregistrement audiophonique montre une conversation «très calme» en allemand entre les pilotes au début du vol qui assurait la liaison entre Barcelone, en Espagne, et Duesseldorf, en Allemagne. L’enregistrement indique ensuite qu’un des pilotes quitte le cockpit.

«Nous ne savons pas encore la raison pour laquelle un des types est sorti», a ajouté l’enquêteur. «Mais, ce qui est sûr, c’est qu’à la toute fin du vol, l’autre pilote est seul et n’ouvre pas la porte.»

A ce moment-là, les alarmes indiquant la proximité du sol retentissent, a précisé la source proche de l’enquête. Elle n’est toutefois pas en mesure de dire si c’est le commandant de bord ou le copilote qui a quitté la cabine de pilotage.

Copilote engagé récemment

Une autre source proche du dossier a indiqué que le copilote était entré «récemment dans la compagnie» allemande Germanwing, à la «fin 2013». Il avait à son actif 630 heures de vol, a confirmé jeudi la Lufthansa, maison mère de Germanwings. Sa nationalité n’est pas connue avec précision.

La Lufthansa a fait savoir par un porte-parole qu’elle était informée de l’article du «New York Times». «Nous n’avons aucune information des autorités qui confirme cet article; nous sommes à la recherche de plus d’informations. Nous ne participerons pas aux spéculations sur les causes du crash», a dit le porte-parole.

Il a précisé que depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, la réglementation prévoit que les portes des cockpits ne peuvent plus être ouvertes de l’extérieur.

Corps évacués

Mercredi, les premiers corps ou restes des 150 victimes de l’accident de l’Airbus de Germanwings, filiale de Lufthansa, ont été hélitreuillés par les équipes de secours sur le lieu du drame, près de Digne dans les Alpes-de-Haute-Provence où sont attendus jeudi des familles de victimes, venant surtout d’Allemagne et d’Espagne.

Plusieurs centaines de personnes, familles ou proches des victimes, doivent être accueillies dans les chapelles ardentes dressées dans deux localités proches du lieu de l’accident, Seyne-les-Alpes et Le Vernet.

Deux avions devaient partir de Duesseldorf et Barcelone pour Marseille afin de permettre aux proches des disparus de se rendre à proximité des lieux de la catastrophe. Deux autocars en provenance d’Espagne étaient aussi attendus.

L’Allemagne et l’Espagne, qui ont mis leurs drapeaux en berne mercredi, sont les deux pays les plus touchés par le drame, avec respectivement 72 et 51 victimes.

(ats)