Yémen: Offensive militaire de dix pays contre les Houthis

 

Des forces alliées aux Houthis se sont emparées mercredi de l’aéroport international d’Aden. La ville du sud du pays est le fief de M. Hadi, où il s’était replié après la prise de la capitale Sanaa en février par les Houthis. Ces derniers sont soupçonnés de liens avec l’Iran chiite et l’ex-président Ali Abdallah Saleh, poussé en 2012 au départ après 33 ans au pouvoir.

Les militaires de la 39e brigade blindée, qui s’étaient alliés aux rebelles chiites houthis, «ont fui ce matin l’aéroport» conquis la veille, a déclaré l’officier.

Il a ajouté que les «comités populaires» (supplétifs de l’armée pro-Hadi) en «ont repris le contrôle». L’Arabie saoudite a lancé dans la nuit une série de raids aériens contre les rebelles houthis dans le pays.

Au moins treize personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées dans un quartier résidentiel de Sanaa touché par les raids, a déclaré jeudi à l’AFP une source de la défense civile.

Des agents de la défense recherchent d’autres victimes sous les décombres de sept maisons, selon des témoins. Ces maisons sont situées dans un quartier qui jouxte l’aéroport international et une base aérienne, dont l’unique piste a été atteinte par les raids, selon des habitants.

L’offensive saoudienne lancée mercredi à 19h00 (minuit en Suisse) «vise à défendre le gouvernement légitime du Yémen et à empêcher le mouvement radical houthi (soutenu par l’Iran, ndlr) de prendre le contrôle du pays», a expliqué l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis.

Les opérations se limitent pour le moment à des frappes aériennes sur différentes cibles au Yémen, mais d’autres forces militaires sont mobilisées et la coalition «fera tout ce qu’il faudra», a-t-il ajouté.

Sites sensibles bombardés

Selon des sources militaires au Yémen et des témoins, plusieurs sites sensibles tenus par la rébellion à Sanaa, dont une base aérienne et le palais présidentiel, ont été visés jeudi dans le cadre de cette opération. Un incendie s’est déclaré dans le palais présidentiel.

«Nous avons une coalition de plus de dix pays qui participent ou vont participer à ces opérations», a affirmé l’ambassadeur saoudien, sans nommer de pays. Outre l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Bahreïn et les Emirats arabes unis ont indiqué avoir «décidé de répondre à l’appel du président Hadi de protéger le Yémen et son peuple face à l’agression de la milice (chiite) houthi».

Les autorités saoudiennes ont ensuite annoncé que l’Egypte, le Maroc, la Jordanie, le Soudan et le Pakistan s’étaient également portés volontaires.

L’ambassadeur d’Arabie saoudite a précisé que les Etats-Unis ne participaient pas aux missions militaires, mais qu’ils avaient été informés. La Maison-Blanche a indiqué qu’elle apportait un soutien «en logistique et en renseignement» à l’opération.

100 avions et 150’000 soldats

L’Arabie saoudite contribue à hauteur de 100 avions de guerre et de 150’000 soldats à l’opération militaire au Yémen, rapporte jeudi la chaîne de télévision Al Arabiya. L’offensive réunit aussi des avions de l’Egypte, du Maroc, de Jordanie, du Soudan, du Koweït, des Emirats arabes unis, du Qatar et du Bahreïn, précise la chaîne de télévision.

L’Egypte, le Pakistan, la Jordanie et le Soudan sont prêts à participer à une offensive au sol, précise Al Arabiya.

Dès mardi et après avoir maintes fois dénoncé un «coup d’Etat» des Houthis, M. Hadi avait confirmé avoir sollicité les monarchies sunnites du golfe Persique pour une «intervention militaire» et avoir exhorté l’ONU à adopter une «résolution contraignante» pour arrêter l’avancée rebelle.

Mise en garde des Houthis

Réagissant à l’annonce de l’intervention, un dirigeant du mouvement houthi au Yémen a déclaré que les frappes aériennes saoudiennes équivalaient à une agression contre le pays. Il a mis en garde contre une guerre dans la région.

La crise au Yémen, pays pauvre de la péninsule Arabique, s’est envenimée depuis septembre 2014 quand les Houthis ont déferlé sur la capitale Sanaa pour y contester le pouvoir de M. Hadi. Ils voulaient également dénoncer un projet de constitution sur un Etat fédéral qui priverait leur fief dans le nord d’un accès à la mer.

Pour les experts, le Yémen, écartelé entre le Nord dominé par les Houthis et le Sud par les pro-Hadi, est le théâtre d’une guerre par procuration entre l’Iran chiite et le royaume saoudien sunnite. Le conflit risque d’aboutir à une désintégration du pays.

(ats)