Etat islamique en Syrie et en Irak: Unesco «très inquiète» de l’entrée de l’EI à Palmyre

 

«Je suis vivement préoccupée par la situation du site de Palmyre. Les combats menacent l’un des sites les plus significatifs du Moyen-Orient et la population civile qui s’y trouve», a déclaré la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, dans un communiqué.

«Je réitère mon appel en faveur d’un arrêt immédiat des hostilités sur le site», classé au patrimoine mondial de l’humanité, a-t-elle ajouté, demandant à «la communauté internationale de faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la population civile concernée et sauvegarder le patrimoine culturel unique de Palmyre».

«Il est impératif que toutes les parties en présence respectent les obligations internationales pour protéger le patrimoine culturel pendant le conflit en évitant de le prendre pour cible directe ou de l’utiliser à des fins militaires», a-t-elle poursuivi.

Statues en lieu sûr

Maamoun Abdoulkarim, chef du service des antiquités syriennes, a souligné que des centaines de statues ont été retirées du site archéologique pour être placées en lieu sûr. «Nos craintes concernent désormais le musée et les grands monuments qui ne peuvent être déplacés.»

L’Unesco (organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) a tiré la sonnette d’alarme dès le début de l’offensive jihadiste sur Palmyre, qui a fait des centaines de morts. L’EI a déjà détruit des trésors archéologiques en Irak.

Point stratégique

Palmyre revêt une importance stratégique pour le groupe car elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province d’Al-Anbar en Irak, que le groupe contrôle déjà en grande partie. La cité, vieille de plus de 2000 ans, abrite les ruines monumentales d’une grande ville qui fut l’un des plus importants foyers culturels du monde antique. Son architecture unit aux Ier et IIe siècles les techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences de la Perse.

Les jihadistes sunnites de l’EI étaient entrés le week-end passé à Palmyre, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Ils ont ensuite été repoussés par les forces gouvernementales, avant de reprendre du terrain mercredi. Ils se sont emparés d’environ un tiers de la ville, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG proche de l’opposition.

Combats dans le faubourg nord-est

La télévision d’Etat syrienne rapporte que les forces gouvernementales ont affronté le groupe terroriste près d’un faubourg du nord-est de la ville. Celui-ci est stratégiquement placé à la jonction de routes menant l’une à la grande ville de Homs, l’autre à la capitale Damas. L’armée de l’air syrienne a pilonné les positions de l’Etat islamique. L’évacuation de la population civile, organisée par les miliciens, est en cours, a ajouté la télévision.

Par ailleurs, plus au Nord-Est, les forces kurdes appuyées par des frappes aériennes de la coalition conduite par les Etats-Unis ont tué au moins 170 membres de l’Etat islamique, selon des chiffres donnés par l’OSDH et par un responsable kurde.

EI repoussée à Ramadi

De l’autre côté de la frontière, en Irak, les forces de sécurité irakiennes ont repoussé une offensive de l’EI à l’est de Ramadi, non loin d’une base militaire. L’opération a été menée durant la nuit de mardi à mercredi.

«Ils ont tenté une attaque surprise en arrivant par une autre direction, mais nous étions vigilants. Après environ quatre heures de combat, nous avons déjoué leur offensive», a déclaré Amir al Fahdaoui, chef d’un groupe tribal sunnite favorable au gouvernement.

Les jihadistes se sont emparés de Ramadi le week-end passé. Ils tentent de consolider leurs positions dans la province désertique d’Anbar où le gouvernement ne contrôle plus que des zones résiduelles de territoire. Leur objectif prioritaire est de relier Ramadi à Falloujah», située à une cinquantaine de kilomètres de Bagdad.

Dépôt de munitions

Dans leur retraite de Ramadi, les forces irakiennes ont laissé derrière elles une grande quantité de matériel militaire, dont une centaine de véhicules. Un porte-parole du Pentagone a précisé qu’il aurait été préférable que les soldats irakiens détruisent ce matériel plutôt que de l’abandonner.

Un officier d’un régiment de blindés basé à Ramadi avant l’évacuation a précisé que les jihadistes ont pris possession d’un vaste dépôt de munitions. «Les conséquences de cette prise du dépôt de munitions sont encore plus graves que la perte de la ville elle-même», a-t-il estimé.

Réunion à Paris

La situation en Irak et en Syrie va faire l’objet d’une réunion mardi 2 juin à Paris, a annoncé mercredi le porte-parole du gouvernement. Elle devrait réunir quelque 24 ministres et organisations internationales. Le chef de la diplomatie américaine John Kerry y est attendu. La question des combattants étrangers et de la lutte contre le financement du terrorisme devrait être abordée.

Pour mémoire, une coalition internationale, emmenée par les Etats-Unis, mène depuis août des frappes aériennes contre les positions irakiennes des jihadistes de l’EI qui ont pris le contrôle de vastes pans de territoire en Irak et en Syrie.

(ats/afp)