Tambacounda: Les bacheliers invités à une ‘’rupture psychologique’’ concernant l’orientation dans les universités classiques

Tambacounda, 2 août (APS) – L’administrateur de l’espace numérique ouvert (ENO) de Kolda a invité, samedi, les nouveaux bacheliers à opérer une ‘’rupture psychologique’’ consistant à ne plus se faire de fixation sur l’entrée dans les universités classiques et à envisager des modes alternatifs de formation, y compris à travers l’enseignement à distance grâce à l’Université virtuelle du Sénégal.

’’Il y a une rupture psychologique que vous devrez faire : je sais que beaucoup d’entre vous se dirons : + j’ai fait mes cycles primaire, moyen et secondaire à Tamba, j’ai envie de changer, je vais à Dakar+’’, selon Abdoulaye Diouf qui animait une conférence sur la réforme de l’enseignement supérieur.

Organisée par la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP), à l’intention, notamment, des nouveaux bacheliers, elle visait surtout à les préparer aux réalités universitaires et à opérer un choix judicieux de leur filière de formation.

L’ENO est un démembrement de l’Université virtuelle du Sénégal (UVS) dans les régions.

Il s’agit d’un ‘’plateau technologique de qualité, disposant de ressources et d’équipement et des outils technologique nécessaires au bon déroulement des activités pédagogiques, mais aussi permettant l’accès aux ressources numériques, d’organiser des évaluations sous surveillance’’, a dit M. Diouf.

Ce sont des relais physiques nécessaires au bon déploiement de l’UVS et où les étudiants peuvent profiter d’une assistance technique.

Les universités virtuelles (UV) sont un ‘’type d’établissement académique dans lequel des enseignements sont dispensés sans qu’il ne soit nécessaire pour les enseignants et les étudiants de se rencontrer physiquement’’.

‘’Il faut, a insisté le conférencier, que vous rompiez avec cette logique. Vous pouvez rester à Tamba et réussir à Tamba, c’est la chance (que vous offre) l’université virtuelle’’. ‘’A l’université de Dakar, les professeurs n’ont pas le temps de discuter avec les étudiants’’, a-t-il relevé.

En plus des réponses traditionnelles, l’Etat s’est tourné, dans le cadre de la réforme de l’enseignement supérieur, vers les nouvelles technologies comme moyens de dispenser des savoirs, a t-il souligné.

Le conférencier dit préférer le qualificatif ‘’numérique’’ à ‘’virtuel’’ qui, dans l’entendement de beaucoup de gens, renvoie à ‘’irréel’’. ‘’Les cours vont se dérouler en présentiel, semi-présentiel et à distance’’, a-t-il expliqué.

Pour souligner les avantages de l’enseignement à distance, il s’est appesanti sur l’aspect ‘’coût’’ de la formation. ‘’J’ai fréquenté l’université de l’Oregon ; ça veut dire que j’ai étudié aux Etats-Unis tout en restant au Sénégal’’, a dit M. Diouf.

Le spécialiste de la didactique des langues en anglais, a relevé la possibilité pour lui de valider le diplôme qu’il a obtenu par ce mode d’enseignement.

’’Pourquoi aller aux Etats-Unis tout en sachant que vous devez vous inscrire à l’université de Virginie à 16 millions de francs CFA’’. Cela, compte non tenu du billet d’avion et du fait que le versement de cette somme ne garantit pas l’obtention d’un visa. Ces frais d’inscription ne sont pas remboursables, a-t-il précisé.

Abdoulaye Diouf souligne le fait que ‘’bizarrement’’, au moment où les étudiants sénégalais ‘’dégagent en touche’’ cette innovation dont ils récusent la qualité, ‘’il y a juste un mois, le ministre de l’enseignement supérieur du Burkina est venu s’inspirer de l’université virtuelle pour la mettre en œuvre chez lui’’.

Pendant ce temps, les étudiants sénégalais rivalisent d’inspiration pour donner des surnoms à ces nouveaux types d’établissement – ‘’étudiant non orienté’’ pour ENO, université des vies sacrifiées pour UVS – , une manière de rejeter ces innovations, a-t-il regretté.

‘’En réalité nous avons des problèmes pour opérer un changement, nous avons du mal à nous départir de nos vieilles habitudes’’, à quitter la ‘’zone de confort’’, a-t-il fait valoir. ‘’Pour nous, tant qu’on ne voit pas, un professeur, craie en main, écrire au tableau et effacer, on n’étudie pas’’, a-t-il ajouté, notant que pendant ce temps, ‘’le monde est en marche’’.

Relevant avoir fréquenté l’université de l’Oregon en même temps que 2.000 étudiants, effectif qui ne peut être contenu dans une classe, il a ajouté que l’ENO vient lever cette contrainte de la présence physique sur un même lieu.

’’Vous pouvez rester chez vous, dans votre chambre et étudier, vous n’avez même pas besoin de bouger’’. Du coût cela lève un tas d’autres contraintes liées à l’hébergement, à la restauration, au transport selon lui.

‘’Si vous êtes chez vous, en quoi avez-vous besoin d’une carte pour aller au resto, de vous inscrire au campus social’’, s’est-il demandé. ‘’Toutes les conditions sont réunies socialement pour réussir. Et des fois c’est ce qui fait défaut dans les universités classiques’’.

Il suffit juste de transférer les réalités des réseaux sociaux à des fins académiques, indique-t-il, estimant que ‘’les pré-requis sont déjà là’’.

ADI/OID