L’Etat islamique bat sa monnaie

Un moyen pour le groupe terroriste d’asseoir sa légitimité d’Etat et d’accroître son influence sur les territoires occupés. Une stratégie de domination monétaire, visant à semer le chaos et asseoir la légitimité de l’Etat Islamique.
L’Etat islamique a désormais sa monnaie , « dédiée à Dieu », selon ses promoteurs. Le «?dinar Or?», adossé au métal jaune, n’est pas à la merci du « tyrannique et oppressif système financier » des occidentaux et du dollar. Cette guerre monétaire contre le billet vert est le pendant du conflit militaire que livre l’Etat islamique (EI) . Ce dernier veut instaurer un nouvel ordre monétaire mondial islamique au centre duquel le «?dinar Or?» jouerait le rôle essentiel.
Légitimité et privilège régalien
En substituant sa monnaie à la livre syrienne et dinar irakien, le groupe terroriste accroît son emprise sur ces territoires occupés et imprime une marque qu’il veut indélébile, sans retour en arrière possible. Il s’affirme comme un véritable Etat disposant du privilège régalien de battre sa propre monnaie. Celle-ci a été créée en référence au « dinar Or », une devise en vigueur lors du règne, au 7ème siècle, du 3ème calife Abd Al-Malik, le premier à avoir créé des pièces à son effigie et avec des vers du Coran. Un âge d’or avec lequel Daech veut renouer, en se constituant toute une gamme de pièces de monnaie pour un usage quotidien : deux pièces d’or, l’une de 1 « dinar or » pèse 4,25 grammes d’or, soit 164 dollars, et celle de 5 dinars, 820 dollars. Elle sont complétées par trois pièces d’argent, de 1, 5 et 10 dirhams, et des pièces en cuivre. Toutes ces monnaies représentent des symboles très explicites : une carte du monde, future zone sous domination islamiste, un minaret, la mosquée Al Aqsa à Jérusalem, la conquête de la ville sainte étant un des objectifs ultimes de Daech. En prenant Mossoul en juin 2014, l’EI avait pu mettre la main sur une partie des réserves (liquidités, or) de la banque centrale irakienne. Un butin estimé à 425 millions de dollars par les autorités irakiennes.

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