Attentat de Bamako «Cette attaque est aussi un message adressé à Daech»

L’attaque a été revendiquée par le groupe Al-Mourabitoun, de Mokhtar Belmokthar. Si cela se confirme, quelle signification donner à cet acte?

D’une part, il faut le replacer dans le contexte malien qui reste extrêmement tendu. Les accords de paix signés à Alger en juin ne sont de loin pas respectés dans un nord encore marqué par l’instabilité, malgré la présence des troupes françaises sous mandat de l’ONU. Des groupes veulent saboter cet accord pour empêcher toute stabilisation. Deuxième point: le Mali est un terrain très marqué par la concurrence que se livrent les différents groupes armés. Al-Qaida se fait doubler par des groupes minoritaires, Daech cherche à mettre un pied au Mali. Les salafistes d’Al-Mourabitoun, groupe issu de la fusion entre les «Signataires par le sang» de Belmokhtar et la Mujao, sont bien décidés à montrer qu’ils sont les plus forts.

Un message à Daech… Mais la France, symboliquement, est-elle visée?

Le fait d’avoir ciblé un grand hôtel qui abritait des militaires, des membres de l’ONU, des employés de compagnies françaises et autres, est bien entendu un message de dimension internationale, cela fait partie de la carte de visite que recherchent ces groupes. La stratégie c’est de frapper là où il y aura le plus d’impact médiatique, et après les attentats de Paris, la cible et le moment était évidemment bien choisi.

Le 17 novembre, le groupe djihadiste Ansar Dine a appelé lui aussi au djihad. On est très loin de pouvoir appliquer les accords de paix…

C’est une critique que l’on peut adresser à la communauté internationale. Elle s’est certes employée à sécuriser tant bien que mal le pays par une action militaire, mais elle a totalement négligé le processus d’accompagnement politique. On a laissé ce rôle dans les seules mains de l’Algérie. (TDG)