Magal de Touba : reportage sur la bibliothèque Khadimou Rassoul « Daaray Kamil », un haut lieu de savoir et de recueillement. (Envoyé spécial)

« Daaray Kamil » ou la bibliothèque Khadimou Rassoul est un haut lieu de savoir islamique. Elle est située à l’est de la grande mosquée de Touba, à moins de 50m. C’est une très grande bâtisse qui abrite en son sein aussi le mausolée de celui qui l’a fondée et rendue très célèbre, le vénéré Cheikh Abdoul Ahad Mbacké, Ibn Serigne Touba.

C’est en 1977, nous informent des sources concordantes, que « Daaray Kamil » a été fondée par Baye Lahad, comme l’appelle affectueusement les fidèles. Il était en ce temps le représentant de Bamba, c’est-à-dire, le Khalife général de la communauté mouride. Une équipe chargée de sa gestion et de son développement est toute de suite mise sur pied, sous son « Ndigueul ». Selon toujours nos sources, l’équipe était chargée d’y mettre des œuvres qui prennent en charge tout sur l’islam et le savoir y afférant. Le commandement de la bibliothèque revient de droit au Khalife général des mourides en exercice, même si, il faut préciser qu’il est sous la responsabilité de Serigne Moustapha Diattara qui en est le directeur général, secondé par Serigne Cheikh Mbacké Doyoli. Dans la grande bâtisse, trônent 5 bâtiments, les uns aussi importants que les autres.

Du fait du mausolée de Serigne Abdou Lahad qui s’y trouve, « Daaray Kamil » est aussi un haut lieu de prière et de recueillement. Nombreux sont les talibés mourides qui la visitent à chacun de leur passage à Touba. D’ailleurs, nous précise Serigne Cheikh Doyoli, « ce n’est pas seulement pendant le Magal qu’il regorge de monde. « Daaray Kamil » est à chaque fois visité par les fidèles mais aussi par beaucoup de chercheurs et autres lecteurs du saint coran ». Le lieu est à chaque fois sollicité, pour diverses raisons, confie celui qui seconde Moustapha dans les charges de gestion du lieu. Pendant le jour du Magal, c’est l’effervescence totale, peut-on noter.

Le premier compartiment est réservé aux écrits du saint coran. Tout ce qui est écrit sur le livre saint est logé dans le premier bâtiment qui se trouve dans l’enceinte de la bibliothèque dont d’ailleurs le nom Wolof « Daaray Kamil ». Serigne Cheikh Mbacké Doyoli qui nous a reçu dans son bureau logé dans la grande bâtisse informe que ce sont les écrits des petits-fils ainsi que ceux des autres érudits étrangers comme nationaux qui y sont gardés et entretenus avec tout le respect que mérite le saint coran. A chaque fois, ils sont nettoyés et parfumés comme le veut le Cheikh qui avait tout donné de son vivant aux saintes écritures. Il y a aussi deux lits qui n’étaient pas destinés au livre saint. Tout le monde sait que le Cheikh ne se couchait pas sur un lit. « Les deux lits que vous y voyez, c’était juste pour poser les livres sur le coran » , nous renseigne Cheikh Mbacké Doyoli,. Il les y posait, les chantait et les louait à longueur de journée. « Vous êtes mon compagnon, ceux qui me permettent de m’épanouir, d’être content, etc. », entonnait Serigne Touba. « Parmi les recueils, celui écrit sur « Massalikoul Djinane » est le plus marquant car, une synthèse totale a été faite sur le soufisme. Et tout adepte de cette doctrine ferait bien de le parcourir », conseille le second responsable de la bâtisse.

Le deuxième bâtiment sert de lieu de garde des poèmes du grand Cheikh. « Il y a plusieurs recueils de ses poèmes gardés dans cet appartement », confie notre interlocuteur. Et dans chaque recueil, il y a plus d’une centaine de poésies tout comme quelques manuscrits du Cheikh.

Le troisième bâtiment sert de salle pour la culture générale. Dans cet appartement, des livres de tout genre y sont gardés et bien rangés. Il y’en a qui parlent de la bible traduite en arabe, d’autres parlent de la franc-maçonnerie, entre autres. C’est pour permettre aux visiteurs qui le désiraient, de pouvoir y trouver tout ce dont il a besoin, surtout en matière de soufisme et en matière de culture coranique ou islamique. Des livres écrits de sa propre main y sont aussi bien rangés et font l’objet de beaucoup de visites de la part des fidèles mourides et de nombreux autres étrangers.

Le quatrième bâtiment contient les écrits et autres témoignages des gens qui ont connu et côtoyé le Cheikh. Toutes les grandes personnes du pays et comme ceux vivant hors du pays ont leurs écrits bien consignés et bien gardés dans la salle. Les autres figures religieuses aussi des autres «Tarihas » (confréries) (Tidjane, Layène, Niassène, etc.) ont leurs témoignages gardés dans ce bâtiment uniquement conçu pour cela.

Le cinquième appartement est aménagé pour les conférences et la lecture du saint coran. Toutes les conférences, surtout celles tenues pendant le mois de ramadan, sont organisées dans cette grande salle. A chaque ramadan, à longueur de journée, des conférences religieuses sont organisées dans la salle, spécialement conçue à cet effet. Toutes les commodités et autres matériels audiovisuels sont bien installés dans la salle où les organisateurs n’ont besoin que de conférenciers et d’auditeurs. Tout le reste est déjà installé dans le bâtiment, selon notre interlocuteur.

Un nouveau bâtiment vient d’être inauguré juste après la Tabaski et abrite le centre de recherche et de documentation. Il est placé sous la tutelle du professeur Omar Diagne qui en a la responsabilité. Si cette salle est construite, c’est parce que la bibliothèque Khadimou Rassoul ou Daaray Kamil ambitionne, sous l’égide de Serigne Moustapha Diattara, de vulgariser son contenu à travers les NTICS. Pour cela, elle bénéficie de quelques projets majeurs dont l’un des plus importants reste la conception des recueils des Khassidas en utilisant les nouvelles technologies pour permettre à tout arabisant de pouvoir les lire car, le message du vénéré Cheikh est universel. Déjà, nous confie notre interlocuteur, document à l’appui, le projet a l’aval des autorités de la ville, particulièrement celui du Khalife général. Il s’agira de permettre aux chercheurs venus souvent d’horizons divers, d’accéder à l’information le plus facilement possible, entre autres projets majeurs.

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Abdoulaye FALL, envoyé spécial / www.tambacounda.info /