[DIASPORA] Bordeaux: un collectif de la diasporas sénégalaise dit non au Référendum du 20 mars

Réunis au French Coffee Shop, 30 Place Stalingrad de Bordeaux La Bastide , un collectif de la diaspora sénégalaise de Bordeaux a voté non au projet de révision de la constitution et lance un vibrant appel pour la victoire du non au référendum au soir des élections prévues, ce dimanche 20 mars au Consulat du Sénégal, situé au 142 Boulevard du Président Wilson: 05.56.32.62.87

Le contexte

“Dans le cadre du référendum du 20 mars prochain, un rassemblant regroupant l’ensemble des partis politiques représentant les différents courants ainsi que la société civile, s’est réuni ce dimanche 13 mars 2016, de 16h à 19h, à French coffee shop, sis au 30 place Stalingrad, de Bordeaux, aux fins d’examiner deux points inscrits à l’ordre. La séance de partage du contenu du décret n°2016-306 du 29 février 2016 portant publication du projet de loi portant révision constitutionnelle et l’examen des modalités d’organisation pratique du référendum. L’examen du premier point de l’ordre du jour a permis aux juristes et experts de partager avec le public, les 15 points constitutifs du projet de référendum. Il s’en est suivi un débat et des discussions portant essentiellement sur  les points sus-indiqués.

La rencontre a été également une occasion de relever les différents manquements se rapportant aux modalités d’organisation pratique du référendum. Il ressort de l’examen des deux points qui étaient inscrits à l’ordre du jour, une déclaration commune dont la teneur suit. Après avoir examiné minutieusement, d’une part, l’ensemble des points contenus dans le projet de réformes  soumis au référendum et d’autre part, les modalités d’organisation pratique du référendum du 20 mars prochain, nous déclarons ce qui suit:

Sur la forme

Considérant que c’est lors de son adresse à la nation en date du 16 février 2016, que le Président de la République a procédé à la lecture de l’avis du Conseil constitutionnel sur le projet de référendum projeté; que cette adresse s’est accompagnée d’un cortège de surprises et de déceptions du fait que le Chef de l’État venait d’informer le peuple sénégalais de son reniement à la parole donnée, de son revirement de ne plus faire un mandat de cinq(05) ans; que concomitamment, le président de l’APR a annoncé la tenue du référendum le 20 mars prochain bien que l’immédiatement de la réduction de son mandat en cours, soit extirpée du projet de réformes, que cette attitude unilatérale et cavalière du Chef de l’Etat, à l’allure de la défiance et du mépris du peuple souverain, est révoltante. Considérant que l’unilatéralité et l’autoritarisme s’accommodent mal avec les exigences de l’Etat de droit, que lesquelles exigences rappellent que le seul peuple est souveraineté et nul autre ne peut s’en attribuer l’exercice sans son aval;

Considérant par ailleurs, que les conditions dans lesquelles sont organisées le référendum sont en violation flagrante, à la fois, de la loi n°2014-18 du 15 avril 2014 portant code électoral et des principes constitutionnels gouvernant la matière électorale, qu’au surplus, la temporalité dans laquelle est inscrite l’organisation du référendum, traduit une précipitation qui ne garantit en aucun cas, un minimum de transparence et de sérénité.

Sur le fond

Considérant que le projet de texte soumis au référendum se caractérise de trois maux que sont les réformettes, les omissions, les amalgames. Considérant, que les points relatifs au statut du Chef de l’Opposition et au renforcement des droits de l’Opposition traduisent un paradoxe comportant également un leurre; que l’article 58 de la constitution a déjà consacré des dispositions similaires, qu’il s’ensuit qu’il ya aucune nouveauté sinon de la répétition; qu’au surplus le constat révèle, qu’au Sénégal, il y a une interdiction systématique de toute marche et manifestation initiée par l’Opposition en violation totale de la loi n° 78-02 du 28 janvier 1978 relative aux réunions; que le régime d’autorisation de la marche se substitue de fait au régime de déclaration en vigueur, qu’au surplus, les récentes initiatives du Président de la République n’ont concouru qu’à la réduction de l’Opposition à sa simple expression, qu’il en est ainsi de l’adoption de la loi n°13-2015 portant à 15 le nombre de députés pour la constitution d’un groupe parlementaire.Considérant que le fait de porter à sept(07) les membres du Conseil constitutionnel ne constitue en aucun cas une avancée, sinon celle d’ordre arithmétique et d’aggravation des charges de l’Etat étant donné que le Président de la République garde toujours le monopole de la nomination de tous membres du Conseil constitutionnel; que les vraies réformes sur ce point, devraient porter sur l’éclatement de l’autorité de nomination des juges constitutionnels, de l’élargissement du champs de compétences du juge constitutionnel à la protection des droits de l’homme et des libertés des citoyens, de l’ouverture de sa saisine à la société civile, et à tous les élus nationaux et locaux. Considérant qu’aucune disposition du projet de réformes ne se rapporte au fonctionnement de la justice en général, que ce silence est bouleversant, qu’on ne peut pas prétendre moderniser la démocratie et ne consacrer aucune disposition permettant d’améliorer le fonctionnement normal du pouvoir judiciaire, comme entre autres questions, le statut du magistrat, sa carrière, des rapports entre le parquet et la chancellerie, du fonctionnement du conseil supérieur de la magistrature, de la nomination dans les hautes juridictions…Considérant que le projet de réformes est resté silencieux sur le mode d’élections des députés, dont l’Assemblée qu’ils animent, est infectée par le virus du phénomène partisan, que vouloir renforcer les pouvoirs du législatif et ne pas réformer le mode d’élection des parlementaires relève de l’utopie. Considérant qu’aucune disposition du projet de réformes ne dessaisit le Ministre de l’intérieur des élections; or ses pratiques peu orthodoxes dans le cadre de l’organisation de ce référendum, ont fini de révéler son statut de partisan. Considérant que le Président de la République garde toujours le cumul des fonctions de Chef de l’Etat et président de parti, qu’au surplus, le cumul des fonctions gouvernementales et locales sont ignorées par le projet de référendum. Considérant que l’exorbitance des pouvoirs du Président de la République ne fait l’objet d’aucune atténuation, encore moins un encadrement, qu’aucune déclaration de patrimoine à la fin de l’exercice de son mandat. Considérant que la consécration de nouveaux droits sans en pouvoir donner un contenu exact est suspicieux, que cette inquiétude est valable pour la consécration de nouveaux devoirs dont on ignore la consistance. Considérant, que l’institution d’un Haut conseil des collectivités territoriales sans en donner un aperçu sur sa composition et ses missions précises révèle une ambigüité qui laisse entrevoir qu’il s’agit d’un Sénat bis pour caser une clientèle politique,que la vraie réforme en matière de décentralisation doit résider dans l’attribution de compétences et de dotation de moyens juridiques, financiers et fiscaux. Considérant que faire mention de la représentation de la diaspora par des députés dédiés sans donner aucune explication sur les modalités, certainement éprouvantes de leur désignation, laisse croire qu’il s’agit plutôt d’un fond de commerce vendu aux dignes sénégalais de l’extérieur… Partant de ce qui précède, le Collectif réuni au French Coffee Shop, Place Stanligrad a décidé de voter Non, les articles 1, les articles 2, ainsi que les articles. Et, appelle tous les électeurs sénégalais de l’intérieur et de l’extérieur à voter pour la victoire du non au soir des élections”. Citoyens aux urnes mais en paix et dans le respect des choix des uns et des autres!

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Satisfaites du déroulement et de l’esprit général de la rencontre qui s’est déroulé autour d’un café offert “gracieusement” aux participants, Mme Mariama Sow, Coordinatrice et Mandataire officielle de l’UCS Bordeaux, initiatrice du Café Référendum, demande, après avoir remercié la rigoureuse intervention de Yaya Niand, l’ensemble des participants, invite les “Sénégalais.es de l’intérieur et de la diasporas d’aller massivement voter, “en âme et conscience et en toute connaissance de cause, dans la paix et le respect des choix,  pour l’intérêt du Sénégal en plein devenir”.

Mme Vilancourt, patronne du French Coffe Shop, rien à signaler, les consignes ont été respectées

Même son de cloche du côté de Mme Vélancourt, patronne du French Coffee Shop. ” Rien à dire. Rien à signaler. J’avais laissé des consignes qui ont été respectées. Tout s’est bien passé. L’essentiel, c’est que chacun trouve son plaisir et y mette du respect et de la convivialité, c’est l’esprit de la maison, ouverte à toute manifestation légale et respectueuse des clients.” Vous pouvez retrouver, l’intégralité de la rencontre sur KSB (Kaddu des Sénégalais de Bordeaux ), diffusé sur Youtube. D’ici, là, bon référendum et votez utile ! Et, restez connectés sur Aquisuds, votre site interculturel, d’informations régionales, ouvert aux Suds. Nous reviendrons en temps réel, sur le déroulement, les résultats et les analyses de ce référendum. Historique pour notre démocratie.

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Lamine Camara  depuis Bordeaux pour www.tambacounda.info/