Attentat déjoué en France: Le suspect avait été condamné avec Abaaoud

L’homme interpellé jeudi pour un projet d’attentat en France avait été condamné en son absence avec Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attaques du 13 novembre, l’an passé à Bruxelles dans un procès de filière djihadiste, vers la Syrie, a-t-on appris de sources policières, confirmant une information d’iTELE. L’interpellation de cet homme, Reda K., a conduit jeudi soir les policiers à un appartement d’Argenteuil, où une petite quantité d’explosifs a été découverte.

«A ce stade, aucun élément tangible ne relie ce projet aux attentats de Paris et de Bruxelles», a toutefois affirmé jeudi soir le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

Lors de ce vaste procès d’acheminement de djihadistes vers la Syrie, Reda K. avait écopé de dix ans de prison par défaut. Abdelhamid Abaaoud, tué le 18 novembre 2015 dans l’assaut du Raid contre l’appartement de Saint-Denis dans lequel il avait trouvé refuge, était lui condamné en son absence à 20 ans de réclusion.

Au total, 28 personnes avaient été condamnées le 29 juillet 2015 dans cette vaste filière dirigée par un Bruxellois de 41 ans, Khalid Zerkani.

Stade avancé

L’interpellation de Reda K. a été qualifiée d’«importante» par Bernard Cazeneuve, car elle a selon lui permis «de mettre en échec un projet d’attentat en France, conduit à un stade avancé».

L’opération de police se poursuivait tard jeudi soir avec des perquisitions dans un immeuble d’habitation évacué de ses occupants à Argenteuil, dans la banlieue nord de Paris. Une petite quantité d’explosifs, dont la nature n’a pas été précisée, a été retrouvée au domicile de l’homme interpellé, selon une source policière.

Des «opérations de déminage sont en cours afin que les policiers puissent procéder à la perquisition de l’appartement, du parking et des parties communes dans des conditions optimales», a expliqué le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve.

Un vaste périmètre de sécurité a été mis en place, des voitures de police et des policiers en armes barrant l’accès à la rue et maintenant plusieurs dizaines de badauds à distance, selon une journaliste de l’AFP.

Armes et explosifs

«L’individu interpellé, de nationalité française, est suspecté d’être impliqué à haut niveau dans ce projet. Il évoluait au sein d’un réseau terroriste qui projetait de frapper la France», a dit Bernard Cazeneuve lors d’une allocution retransmise depuis la place Beauvau.

Selon la chaîne iTELE, le suspect a déclaré avoir en sa possession «des armes et des explosifs». Il aurait également été condamné par contumace en Belgique pour appartenance à des réseaux terroristes, selon France Info.

Lors de sa déclaration à la presse, Bernard Cazeneuve a souligné qu’«à ce stade, aucun élément tangible ne relie ce projet aux attentats de Paris et de Bruxelles», qui ont fait le 13 novembre 130 morts dans la capitale française et mardi, 31 morts dans la capitale belge.

Selon le ministre, cette arrestation résulte d’une enquête menée depuis plusieurs semaines, «qui a mobilisé d’importants moyens de surveillance physique et technique, ainsi qu’une coopération étroite et constante entre services européens.»

75 arrestations en 2016

Depuis le début de l’année, a dit le ministre de l’intérieur, 75 suspects «en lien avec des activités terroristes» ont été appréhendés en France. «Ces interpellations ont donné lieu à 37 mises en examen et 28 incarcérations», a-t-il ajouté.

Outre les attaques du 13 novembre à Paris, les plus meurtrières qu’aient connues la France, les attentats, pour certains avortés, se sont multipliés depuis les attaques contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et le supermarché Hyper Cacher en janvier 2015.

En avril, un étudiant algérien était arrêté en possession d’armes de guerre. Il est soupçonné d’avoir tué une jeune femme et projeté un attentat contre une ou plusieurs églises de Villejuif, dans la banlieue sud de Paris.

En juin, un homme avait décapité son patron puis, après une mise en scène macabre sur fond de drapeaux islamistes, tenté de faire exploser une usine près de Lyon. En août, un carnage a été évité de justesse par des passagers d’un train Thalys, dont des militaires américains en vacances, qui avaient maîtrisé un tireur armé d’un fusil Kalachnikov et d’un pistolet.