L’essentiel sur la ‘’Charia’’ (Droit pénal islamique) !!! [Un éclairage inédit de la mission du Mahdi

Actuellement, tout le monde musulman parle de retour à Dieu et de restauration de la Charia, comme la seule alternative pour un changement de comportement moral, en vue de la résolution d’une demande sociale devenue de plus en plus préoccupante et de la quête du bien-être que la modernité tarde à apporter. Et tout cela intrigue les occidentaux qui, dans leur très grande majorité, pensent que l’Islam est incompatible avec la démocratie et l’Etat de droit. Il est donc nécessaire de rappeler et de préciser ce qu’est véritablement la Charia et surtout de montrer sa parfaite compatibilité avec toutes les valeurs universelles. Malheureusement, beaucoup de prédicateurs en ont une interprétation très discutable, voire rétrograde et pernicieuse. Il urge donc d’apporter les rectifications doctrinales qui s’imposent pour, d’une part, rassurer les non-musulmans et, d’autre part, permettre aux musulmans – aux intellectuels en particulier, de vivre l’Islam dans toute sa plénitude sans rompre avec la modernité et les exigences de la communauté internationale – et se garder de répondre aux provocations des détracteurs de notre noble religion.

En vérité, c’est le Droit pénal islamique qui est communément appelé Charia, mais à tort ; car en réalité, la Charia est plus large, moins restrictive ; oui, elle englobe véritablement toute la législation divine : Coran et Tradition du Prophète (PSL) essentiellement ; elle n’est donc pas descendue en monobloc, mais progressivement, pour apporter un éclairage sur le culte et sur toute chose d’une manière générale [25. Le Discernement : 30-33 – Al-Furqâne)]. Et avant la fin de la mission terrestre du Prophète Mouhammad (PSL), toute la Charia était descendue et l’Islam agréé comme religion, il y’a quatorze siècles [(5. La Table Servie : 3-5 – Al-Mâ’idah) ; (16. Les Abeilles : 88-90 – An-Nahl)] ; il ne reste plus qu’à l’actualiser, à apporter donc à chaque instant l’interprétation la plus appropriée, et ceci jusqu’à la fin du monde. Et certes, nous sommes dans une logique d’expansion intangible de l’Islam, mais sans contrainte, et donc dans le respect strict de la liberté de conscience – principe sacro-saint en Islam [(109. Les Incrédules : 1-6 – Al-Kâfirûne) ; (2. La Vache : 256 – Al-Baqarah]. Oui, cette expansion n’incombe qu’à Dieu et ne passe donc que par la persuasion, car il n’incombe même pas à un Prophète de contraindre les hommes à être croyants, dés lors que personne ne peut croire sans la permission de Dieu [41. Les Versets clairement exposés : 53 – Fussilat) ; (10. Jonas : 96-100 – Yûnus)].

Cet exposé préliminaire devrait tranquilliser tous les non – musulmans et les persuader définitivement que l’Islam est une religion de paix, de tolérance et de justice. Et contrairement à ce qu’en pensent ses détracteurs, la Charia n’a pour objectif que de réconcilier l’homme avec son créateur et avec tout son entourage ; elle n’est que miséricorde et guérison pour tous les croyants [(17. Le Voyage Nocturne : 81-82 – Al-Isrâ’) ; (10. Jonas : 57 – Yûnus)]. Et certes, la Charia est la même pour tous les musulmans, mais elle renferme des dispositions qui permettent de l’adapter à tous les contextes ; c’est ainsi qu’il existe une « Charia à minima » et une « Charia à maxima », avec autant de formes intermédiaires que de situations particulières.

Au demeurant, il est fondamental de préciser que le Coran n’est pas une constitution  « prête à l’emploi », applicable de façon univoque à tous les musulmans. En réalité, il renferme tous les principes qui permettent aux juristes et aux parlementaires de légiférer, et donc d’établir une constitution en fonction du contexte et essentiellement des rapports de forces, comme dans toute démocratie, en préservant donc la liberté de tous, dans les limites de l’acceptable. Ainsi, ce message coranique qui s’adresse à tous les hommes, en tout temps et en tout lieu, ne peut qu’être parabolique, et donc adaptable à toutes les situations ; et comme l’enseigne le Coran, il s’adresse donc à ‘’ceux qui réfléchissent’’, ‘’ceux qui sont doués d’intelligence’’ [29. L’Araignée : 41-44 – Al-Ankabût) ; (35. Le Créateur : 28 – Fâthir) ; (17. Le Voyage Nocturne : 8-11 … 43-44 – Al-Isrâ’)] ; c’est ce qui fait dire au Prophète (PSL) que « la religion, c’est la raison, celui qui n’a pas de raison n’a pas de religion ». Et c’est dire donc que toute interprétation littérale ou décalée est inévitablement source d’incompréhensions pouvant même entamer la crédibilité de l’Islam.

En principe, il ne devrait pas y avoir de problèmes pour les différentes communautés confessionnelles à s’entendre sur une constitution. En effet, les obligations religieuses des trois religions monothéistes (Islam, Christianisme et Judaïsme) sont quasi-identiques [42. La Concertation (ou La Délibération) : 12-15 – Ach-Chûrâ’]. Oui, le Coran enseigne explicitement que la Thora et l’Évangile, révélés respectivement aux prophètes Moise et Jésus fils de Marie, sont aussi ‘’Direction et Lumière’’ [(5. La Table Servie : 15-19 … 44-50 – Al-Mâ’idah)]. Et donc à  l’évidence, une loi d’inspiration islamique ne devrait nullement déranger un chrétien ou un juif, en quoique ce soit  ; et pareillement pour une loi d’inspiration biblique, à l’égard d’un musulman ; dès lors, si les membres de la communauté, toutes confessions confondues, se concertent, ils devraient trouver un consensus large à défaut d’une convergence parfaite. Et c’est dire toute l’importance de la concertation et du dialogue en Islam [42. La Concertation (ou La Délibération) : 36-43 – Ach-Chûrâ’].

En Droit pénal, communément appelé « Charia », la sentence capitale (peine de mort, amputation de membre, flagellation etc.) annoncée dans un premier verset est toujours tempérée par le verset suivant, ou d’autres versets dans la même sourate ou d’autres, qui préconisent une compensation ou proposent la grâce aux repentants [(2. La Vache : 178-179 – Al-Baqarah) ; (5. La Table Servie : 33-34 … 38-40 – Al-Mâ’idah) ; (4. Les femmes : 15-16 – An-Nisâ’) ;  (24. La Lumière : 2-5 – An-Nûr)]. Ainsi, entre la peine capitale et la grâce, il y a un échelle de peines ; et suivant le contexte, le législateur peut choisir une peine suffisamment dissuasive, mais aussi tenant compte de la clémence et de la miséricorde de Dieu. Oui, Allah est Pardonneur et Très Miséricordieux’’ ; ‘’et à Lui appartient la royauté des cieux et de la terre ; Il châtie qui Il veut et pardonne qui Il veut – Allah est Omnipotent’’ ;  (5. La Table Servie : 40 – Al-Mâ’idah) ! Et pourquoi donc vouloir être plus royaliste que le roi ?

Ainsi, en cette ‘’fin des temps’’ (akhirou zamân), marquée par une généralisation de l’ignorance et une crise des valeurs sans précédent, l’heure est à l’indulgence et à la clémence, comme l’enseigne le Hadith :

Abû Hurayra rapporte ces paroles de l’Envoyé de Dieu – sur lui la grâce et la paix – : « Vous êtes dans une époque où celui qui aura négligé le dixième de ce qui lui a été ordonné périra. Mais viendra un temps (‘’fin des temps’’) où celui qui aura fait le dixième de ce qui lui a été ordonné sera sauvé ». (Tirmidhî)

Et pour conclure de rappeler ces sages propos du Prophète (PSL) que tout ouléma doit toujours avoir à l’esprit, surtout en cette ‘’fin des temps’’ (akhirou zamân) : « La religion n’est que facilité, quiconque la rend difficile en sera la victime ». (Bukhari) … « Facilitez les choses et ne les rendez point difficiles ; annoncez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir (les gens) ». (Bukhari)

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DOCTEUR MOUHAMADOU BAMBA NDIAYE

Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar

Pédiatre à Thiès