Brésil: Le Sénat vote sur la destitution de Dilma

Après un nouveau retournement de situation rocambolesque, le processus de destitution de Dilma Rousseff se poursuit au Brésil. Le président de la Chambre des députés, Waldir Maranhão, qui avait annulé lundi un vote clé datant du 17 avril, est en effet «revenu sur sa décision» dans la nuit de lundi à mardi. Le Sénat doit donc, comme prévu, se réunir mercredi pour voter à son tour l’ouverture formelle de la procédure d’«impeachment» contre la cheffe de l’Etat.

Le député du Parti progressiste (PP), qui a pris la présidence par intérim de la Chambre basse la semaine dernière, a surpris tous les observateurs lundi en exigeant un nouveau vote des députés, pour cause de «vices de procédure». Il n’a cependant résisté que quelques heures à la pression exercée par les promoteurs de la destitution de la présidente de gauche et aux menaces d’expulsion de son parti. Une éviction de sa formation lui aurait en effet coûté son poste au «perchoir».

Recours déposé

L’avenir politique de Dilma Rousseff est donc désormais entre les mains des 81 sénateurs fédéraux. Ils doivent se réunir mercredi pour traiter de l’ouverture de l’enquête formelle sur la présidente brésilienne, accusée d’avoir maquillé les comptes de l’Etat afin d’améliorer son bilan et d’être réélue en 2014. Le Gouvernement a cependant tenté une dernière fois de stopper la manœuvre mardi, en déposant un recours devant la Cour suprême.

D’après les enquêtes menées par la presse brésilienne, le vote du Sénat en faveur de l’ouverture de la procédure, qui entraînera la suspension de la présidente pour un maximum de 180 jours, ne fait pas un pli. Le média O Globo a en effet recensé 50 élus qui ont déjà déclaré qu’ils voteront pour la poursuite du processus de destitution, alors que 41 voix suffisent. Seuls 21 membres de la Chambre haute se sont déclarés contre et 10 n’ont pas révélé leurs intentions.

Remplacée par le vice-président

Selon toute vraisemblance, Dilma Rousseff sera ainsi écartée de la présidence du Brésil dès jeudi et devrait être remplacée par le vice-président Michel Temer, du PMDB, un parti passé dans l’opposition il y a quelques mois. Ce dernier, qui est extrêmement impopulaire et fait l’objet d’accusations de corruption, a déjà préparé une nouvelle équipe gouvernementale et un paquet de mesures économiques.

Le Brésil est frappé par une importante récession et par une hausse élevée du chômage. Mais le pays a surtout sombré dans une gigantesque crise politique à la suite d’immenses scandales de corruption qui touchent tous les partis sans exception. Selon un relevé effectué par l’ONG Transparência Brasil, 58% des sénateurs qui voteront sur la destitution de Dilma Rousseff sont eux-mêmes dans la mire de la justice, notamment pour corruption.

(24 heures)