Fatime Raymonne Habré sur le verdict des CAE «C’est une espèce de magouille, de coup de force de la France-Afrique»

 

 

«Le président Hissein Habré n’est pas étonné du verdict, personne n’est étonné. On savait que ce n’est pas un procès, mais une espèce de magouille, de coup de force de la France-Afrique, avec des collusions politiques, médiatiques et judiciaires. Dès l’entame de cette affaire, le ministre de la Justice, ex-avocat des parties civiles, Me Sidiki Kaba l’avait dit, il avait même déjà fait construire une prison pour ça. Je pense que quand on est face à une vraie justice, on ne peut pas en connaître la décision. Or, tout le monde le savait. C’est tellement misérable.
Le président a parlé, mais sans argumentaire solide et juridique digne d’une justice dans un Etat de droit. On a lu des accusations et on a conclu que la cour décide que… Mais non, je pense que ce n’est pas ça. On a instauré un système dans lequel on voyait des hommes débarquer chez-vous, vous prendre et vous mettre en prison. Et après, on donne 18 milliards à des gens qui sont engraissés et qui déroulent un schéma qui n’est pas judiciaire.
Nous, en tant que famille simple, venue dans ce pays, sans arme, on a fait confiance à un système, à un Etat, à une parole. On voit aujourd’hui que cette classe politique est totalement pourrie, il n’y a pas de respect de la parole donnée, il n’y a rien. Ce qu’il y a eu, c’est qu’on a voulu se défendre et on s’est défendu avec les moyens qu’on avait, c’est-à-dire les moyens juridiques. Mais on a vu l’ampleur des magouilles politiques qui ont bloqué l’ensemble de nos recours. On est dans un système. Je crois qu’après cette affaire, on est tous aujourd’hui en danger parce que comment vous vous défendrez face à un système pareil.
Traditionnellement, quand on est attaqué, on a recours à la justice, on prend un avocat qu’on veut. Et, l’Etat est le système, c’est lui qui en est le garant. Mais quand ce système là aussi est impliqué, ça veut dire que toutes les voies sont fermées. On vous bloque et vous amène là où ils veulent vous amener, c’est-à-dire cette condamnation à perpétuité. Donc, nous citoyens, tout le monde, on a un gros problème face à ce monstre qu’est la France-Afrique, (…) un système qui a maîtrisé tous les systèmes et qui vous bloque. Le système est tellement pourri, il a maîtrisé tous les moyens de contestation légaux, ce qui fait que finalement on nous étouffe».
On a vu des magistrats s’installer. Et des français, des experts, des femmes qui sont venues s’installer au sein des Chambres africaines extraordinaires pour faire le travail, pour les encadrer. On nous a dit que c’est la justice du Sénégal. Non ! Elle (la justice sénégalaise, ndlr) s’est rendue complice de ce qui s’est passé.
Nous ne regrettons rien du fait que nos conseils n’ont pas participé à ce procès parce que c’en n’était pas un. Regardez ce qui s’est passé, je crois qu’aujourd’hui, tous les magistrats qui ont participé à cette histoire là ne peuvent pas retourner dans leur famille et dire: «je suis fier d’avoir participé à ce procès, jamais de la vie !». Ils n’ont pas fait leur travail en tant que magistrats».
Sudonline.sn Avec Walf Tv