Entretien avec Issa DABO, le directeur adjoint des relations communautaires à Sabodala Gold Operations (SGO).

Issa Dabo est pratiquement l’homme à tout faire entre Sabodala Gold Operations et les communautés riveraines de la mine. Il en a été vivement félicité récemment par le directeur général Aziz Sy, à l’occasion de la cérémonie de signature des conventions de financement entre SGO et les communes du département de Saraya. « Issa » par ci, « Dabo » par là, l’homme est plus célèbre qu’Obama ou Merkel dans la contrée. A travers cet entretien, il lève un coin du voile sur le département des relations communautaires de SGO.

www.tambacounda.info: Pourquoi un département des relations communautaires et de quoi s’occupe-t-il au juste ?

Sabodala Gold Operations (SGO), se veut une entreprise d’exploitation minière socialement responsable, participative et inclusive. Pour ce faire, nous inscrivons la communication avec les communautés au centre de notre activité. De plus, un dialogue efficace avec ces parties prenantes nécessite une approche proactive. Ceci dans le but de se rapprocher des communautés et œuvrer pour des actions répondant directement à leurs besoins. Voilà, en résumé, le pourquoi du département des relations communautaires qui a pour objectif d’assurer un dialogue inclusif et permanent entre les communautés et la compagnie, aux fins de gérer les risques associés aux relations avec les parties prenantes et d’améliorer les conditions de vie des communautés locales à travers des programmes alternatifs durables par une approche participative.IMG_0086

Ce département a plusieurs missions qui tournent essentiellement autour de l’établissement et du maintien des relations harmonieuses avec les communautés locales, de l’assurance de la prévention des risques sociaux engendrés par les activités de la mine, de la participation à l’élaboration d’une stratégie à long terme de relations communautaires, de l’assurance de la mise en œuvre des mesures d’atténuations des impacts négatifs socioéconomiques issus de l’étude d’impact environnemental et social, de la détermination, avec les communautés, des couts financiers et des domaines d’affectation des subventions de la SGO aux parties prenantes, et la nature des investissements sociaux à réaliser dans les villages, de l’accompagnement des communautés dans la mise en œuvre de leurs initiatives locales afin de les rendre autonomes, de la planification de la réalisation des activités identifiées avec les parties prenantes et de l’assurance du suivi régulier des activités de la compagnie au profit des parties prenantes.

www.tambacounda.info: Quelle perception ont les communautés de ce département, des hommes qui l’animent et de leur mode opératoire ?

sgo-kedougouLa stratégie de développement de SGO s’articule autour de ces piliers : le développement économique durable, l’agriculture, la sécurité alimentaire ainsi que la formation et l’emploi des jeunes.

Ainsi, avec des infrastructures structurantes de base de dernière génération, un front agricole ultra moderne et très développé gage d’une sécurité alimentaire sans faille, des jeunes bien formés, des femmes arrachées des griffes des travaux rudimentaires qui les étouffent, des barrières de la pauvreté qui reculent, l’action de la SGO au profit exclusif des communautés, est souvent magnifiée par ces dernières.

« Au début, les femmes n’avaient rien. Elles travaillaient du matin au soir et n’avaient pas le temps de s’occuper de leurs enfants. Elles n’avaient pas le temps de s’occuper de leur mari ni d’elles-mêmes. Lorsque SGO est arrivée, nous leur avons posé la question de savoir ce dont elles avaient besoin en priorité, toutes ont répondu, sans rechigner, qu’un moulin les soulagerait grandement. Sans perdre une seule minute, la SGO a fourni des moulins à grains à tous les villages. Maintenant les femmes ne pilent plus le grain à la main et peuvent employer le temps gagné pour elles-mêmes». J’ai cité Mme Kadidia Doucouré, la présidente d’une organisation régionale des femmes de Kédougou. Dans le même sillage, je voudrai reprendre les propos du premier maire adjoint de Sabodala, à l’occasion de la réception de l’abri à moulin offert aux femmes de Bambaraya, « la société SGO reste notre principal partenaire financier dans la commune de Sabodala. Elle a fait un investissement de plus de cent millions de FCFA dans des secteurs aussi divers que stratégiques que sont l’éducation, la santé, l’hydraulique rurale, les activités génératrices de revenus et l’allègement des travaux de la femme ». J’y ajoute ce témoignage de Lassana Cissokho, le chef de village de Bambaraya, « c’est grâce à SGO que le forage est équipé de pompe manuelle. C’est la SGO qui assure  la dotation en fournitures scolaires et en uniformes à tous les élèves de l’école mais aussi la réparation de tous les forages du village en cas de panne et ceci,  avant même que le village ne fasse partie de la concession de SGO». Le maire de Khossanto, Mamady Cissokho n’a pas dit autre chose lors de la cérémonie de remise de matériels agricoles aux communes de Sabodala, Bembou et Khossanto, « la SGO est un partenaire crédible et exemplaire à tous points de vue ». Le chef de village de Diakhaling, en marge du tournoi de l’Amitié de son village, a laissé entendre ceci, « nous nous érigerons désormais en boucliers contre tout fossoyeur de la politique de développement de la mine de Gora». SGO_

Ces témoignages sont la preuve, pour qui pouvait en douter encore, que la confiance est à jamais établie entre la SGO et les populations, et c’est le signe qu’elles ont compris notre philosophie de partage de nos bénéfices d’exploitation surtout avec les communautés directement impactées. N’est-ce pas une belle image de SGO auprès des communautés ?

Quant aux hommes qui animent ce département et leur mode opératoire, leur rôle est d’être le relai de la compagnie auprès des populations, comprendre les besoins prioritaires de celles-ci et les intégrer, autant que faire se peut, dans les projets miniers sur lesquels elles doivent aussi être en retour informées.

Et comme nous l’avons dit précédemment, nous situons toujours le dialogue au cœur de notre démarche communautaire.

www.tambacounda.info Quels sont les résultats probants auxquels vous avez abouti et qui contribuent à changer de façon durable les données surtout celles liées à la pauvreté ?

Nous croyons qu’en plus de notre engagement annuel au fond social, nos activités sont fondamentales pour le développement socio-économique de la région et pour les communautés locales vivant aux alentours de la mine.

En tant qu’entreprise socialement responsable, nous dotons les communautés d’infrastructures, de projets et d’outils qui soient durables et capables d’améliorer les conditions de subsistance des communautés tout au long du cycle de vie de la mine et au-delà. Nous voulons que les membres des communautés s’approprient les investissements que nous faisons, en faisant preuve d’esprit d’entreprise, et qu’ils améliorent leurs conditions de vie par le développement d’initiatives autonomes.

Dans ce sens, nous avons lourdement investi dans le développement d’activités génératrices de revenus, dans les pratiques agricoles, développé plusieurs partenariats avec des associations régionales et participé à un certain nombre de projets.

sgo_2En pratique, SGO est en partenariat avec le Réseau régional des femmes pour le développement de Kédougou afin d’asseoir les compétences des associations de femmes dans la région, promouvoir des activités génératrices de revenus et financer des projets de sécurité alimentaire et de génération de revenus. Le réseau regroupe plus de 100 associations de femmes de la région de Kédougou qui peuvent vendre aussi leur production agricole au GIE Koba Club qui emploie 100 femmes pour la transformation et la vente des produits locaux sur les marchés locaux, régionaux, nationaux et internationaux. Et pour illustrer notre action en faveur de la lutte contre la pauvreté, j’avance que nous avons à ce jour investi, juste dans le cadre de ce partenariat avec les femmes, 131.3 Millions FCFA , 599 femmes en sont les bénéficiaires à travers 6,5 hectares de périmètres maraichers qui ont produit, en l’espace de 3 ans, 280 tonnes dont les 106 sont destinées à la consommation locale et les 174 tonnes vendues sur les marchés locaux, soit un revenu direct de 83,8 millions FCFA.

«Avant les périmètres maraîchers, nous dépendions de nos maris pour tous nos besoins. Maintenant, nous ne les sollicitons plus pour des épices ou du savon. Nous pouvons acheter tout cela grâce au maraichage qui a aussi changé nos habitudes alimentaires» clament-elles partout.

Pour croiser toujours le fer avec l’insécurité alimentaire et la pauvreté, nous avons paraphé une convention avec la Sodefitex, mis à la disposition des communautés 3 tracteurs de haut package technologique entièrement équipés, des motoculteurs à tous les chefs de village de la zone d’emprise de notre projet.

SGO a réussi à fédérer autour de sa SDT (Stratégie de Développement de Teranga), ses partenaires canadiens qui viennent aussi participer à l’effort de développement de la région de Kédougou.

Toutes ces actions, nous ont valu une reconnaissance au niveau international en matière de RSE. En effet, le 10 juin dernier, SGO a été primée au Canada par le Réseau Canadien du Pacte Mondial des Nations Unies pour avoir inscrit les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies au cœur de ses activités.

www.tambacounda.info:Vous avez certes eu à faire face à des difficultés, lesquelles ?

La présence de SGO a constitué une source d’espoir pour toute la localité. Et du fait qu’elle crée de l’emploi pour les fils du terroir, contribue à la formation et à la couverture sanitaire des populations riveraines et facilite l’accès des populations aux services sociaux de base, les communautés assimilent le rôle de la SGO à celui de l’Etat et attendent tout d’elle.  Cela crée d’énormes difficultés car il est hors de question qu’une unité industrielle puisse jouer le rôle de l’Etat et des populations. Il ne faut pas tout attendre des entreprises, les parties prenantes telles que l’État et les populations ont aussi leur rôle à jouer.

Le concept, « Plus on a, plus on demande » crée une certaine dépendance qui peut rendre l’après-mine difficile. Nous devons rendre les communautés autonomes. Nous pouvons aussi déplorer le manque de transparence au sein du comité de recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée dont les membres sont issus des villages alentours.

www.tambacounda.info: Quelles sont les perspectives au niveau de ce département ?

Notre ambition pour la région minière de Kédougou est d’en faire un pôle économique dynamique conciliant une industrie minière florissante et une économie agricole moderne, dans un environnement robuste et une communauté saine et en sécurité.

Pour se faire, il faut que toutes les parties prenantes puissent s’entendre sur l’essentiel et avoir un objectif commun : le développement de la région de Kédougou.

Propos recueillis par Boubacar Dembo TAMBA.