Protocole de Rebeuss : Ma part de vérité !

Il y a des moments où parler devient une nécessité absolue, un devoir. Je ne suis pas acteur principal ; je ne suis pas non plus un témoin direct de cette histoire. Elle se passait loin de moi. Elle se passait entre le Palais de la République et la prison de Reubeuss. Et l’histoire retiendra que les principaux acteurs étaient :

Me Abdoulaye WADE, Président de la République ;

Monsieur Idrissa SECK, Ancien Premier Ministre ;

Me Ousmane SEYE, Avocat de l’Etat et mandataire du Président de la République ;

Me Nafissatou DIOP CISSE, Notaire et mandataire de Monsieur I. SECK.

Si c’était un film ou un roman et c’en était vraiment un, ces quatre seraient bien les principaux acteurs de ce feuilleton dont une partie du scénario est étalée dans les pages 6 et 7 du journal « Le Quotidien » dans sa livraison du mercredi 13 juillet 2016.

Et nous alors ? Nous qui rodions dans l’entourage de M. SECK et de Me WADE et que les gens appelaient habituellement les « faucons » des deux protagonistes de cette histoire. Nous qui avions le « privilège » d’assister à des réunions restreintes des deux protagonistes. Nous qui avons mis en danger nos vies et nos libertés. Nous qui avons consacré une bonne partie de notre de jeunesse à la cause de M. SECK.

Nous, nous serions ces acteurs et ces figurants d’un film sans qui, il n’y aurait pas de film. Nous ne pouvons pas être considérés comme des gens qui n’ont pas le droit pas à la parole. S’il faut nous interdire la parole sur cette question au motif que nous n’en savons rien, nous n’en sommes pas témoins, alors j’exigerais pour ma part, que M. SECK m’éclaircisse. J’ai le droit de savoir, car je fus un fidèle compagnon ; un des plus fidèles et des plus zélés si je n’étais pas le plus fidèle d’entre tous.

Ce que M. SECK et beaucoup de ses compagnons ne savent pas encore et qu’ils n’ont jamais su, c’est que MOI Abdou SOULEYE KIDIERA, j’ai été celui-là qui a remis en mains propres, aux journalistes, beaucoup des fameux CD et des lettres qui sortaient de prison. Je n’ai jamais voulu en parler parce que je ne veux en tirer aucune gloire ou un quelconque mérite. C’était mon rôle du moment, et je n’en regrette rien. J’ai accompli en son temps mon job, mon devoir. Alors, j’ai droit à la parole. J’ai droit aussi à des explications… de la part de M. SECK.

Alors moi Abdou Soulèye KDIEIRA, acteur secondaire du feuilleton et compatriote de Monsieur Idrissa SECK, j’ai quelques interrogations et des commentaires à faire sur le récent article de Monsieur Idrissa SECK. Pour suivre sa logique partons des deux hypothèses qu’il a avancées. Soit le protocole est faux, soit il est vrai.

S’il est FAUX, fin de l’histoire (…). Si en revanche le « protocole de Reubeuss » EXISTE ce serait une double abomination… Première remarque : le mot FAUX et le mot EXISTE. Question : Le protocole aurait – il EXISTE mais qu’il est FAUX ? La question est essentielle. Car j’estime que, même si notre droit positif exige un écrit signé pour établir la légalité d’un protocole ou d’un contrat, il nous faut refuser d’être enfermé dans ce juridisme qui ne dit pas son nom.

Le protocole a existé dans l’ESPRIT dès l’instant que M. SECK a accepté d’entrer en pourparlers avec le Président de la République, via un avocat et une notaire – deux auxiliaires de justice – pour recouvrer sa liberté. L’analyse de l’article paru dans le Quotidien précité (cet article est authentique, personne ne peut le nier. C’est Monsieur Idrissa SECK lui-même qui prenait des notes) montre qu’au cours des nombreuses rencontres que Monsieur Idrissa SECK a eu avec sa mandataire, la notaire, il a eu à exiger que le Président écrive noir sur blanc, les propositions à lui faites… Ces faits et ces péripéties, montrent bien qu’il y a eu pourparlers pour sa libération. Qui plus est, les deux principaux acteurs (Me WADE et M. SECK) ont tous les deux désigné des mandataires (appelons les comme on veut : mandataires, négociateurs, plénipotentiaires, envoyés spéciaux, etc.) ils avaient mandant à discuter pour arriver à un accord qui satisfait les deux parties (Me WADE et M. SECK). Pas besoin d’être expert en exégèse ou devin pour conclure qu’il y a eu négociations. A quoi sert des négociations si ce n’est pour aboutir à un accord ? Pourquoi dialoguer, désigner des mandataires, sortir par des portes dérobées, recevoir un téléphone en prison si ce n’est pour arriver à un accord ? Que voulait les deux parties ? On peut présumer et avancer des hypothèses :

Monsieur Idrissa SECK voulait laver son honneur et sortir de prison.

Me Abdoulaye WADE voulait la paix politique et son « argent ».

SECK a eu ce qu’il voulait mais WADE n’a pas eu ce qu’il voulait. Ce qui l’a mis en colère pour qu’il déclare plus tard qu’il mettrait tout en œuvre (moyens légaux comme illégaux – sic) pour que Monsieur Idrissa SECK ne soit jamais Président de la République du Sénégal. Et la suite l’a démontré ; Me WADE n’a ménagé aucun effort pour que Monsieur Idrissa SECK se porte mal sur l’échiquier politique. Les présidentielles de 2007 ont donné la preuve manifeste qu’entre ces deux (Me WADE et Monsieur Idrissa SECK), il se passe quelque chose d’inexplicable. Aucun des partisans de Monsieur Idrissa SECK n’a pu comprendre qu’on fasse campagne comme si on faisait du tourisme ou de la promenade. Ce n’était pas une campagne sérieuse. J’avais l’impression que Monsieur Idrissa SECK était tenu en respect par Me WADE. Comme s’il lui était interdit d’ouvrir la bouche, de critiquer, bref de faire campagne le plus normalement du monde. Personne n’oserait me démentir… Une campagne 2007 catastrophique, pleine d’amertumes et d’incompréhensions que l’on pouvait qualifier de mascarades.

La grande question serait alors ceci : pourquoi Monsieur Idrissa SECK, malgré son innocence clamée (je l’ai défendu) a jugé nécessaire d’entamer des pourparlers pour sortir de prison ? Pourquoi ? Pourquoi a – t – il donné mandat, pendant qu’il était en prison, à la notaire “de signer l’engagement en date du 29 décembre 2005 portant sur l’accord avec Me Ousmane SEYE, représentant le Président de la République du Sénégal“ ? (La Une du journal Libération du mardi 12 juillet 2016 et facsimilé) Autre question : De quel engagement s’agit – il ? Qu’est-ce que la notaire était censée signer avec Me Ousmane SEYE, représentant du Président de la République ? De quel accord parlait Monsieur Idrissa SECK ?

Pas besoin d’un jury d’honneur pour clarifier ce point. Si Monsieur Idrissa SECK répond à cette question, le citoyen et compatriote que je suis serait totalement satisfait. Un jury d’honneur est bon, mais la chose semble tellement simple qu’il ne faut pas nous servir des arguments qui ressembleraient à une fuite en avant. Encore une fois, nous n’avons pas besoin d’un jury d’honneur.

Je repose la question. C’était quoi le mandat de la notaire ? Qu’est-ce qu’elle était censé…

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