Tambacounda : le financement de l’éducation passé à la loupe par des panelistes

Des panélistes représentant l’administration scolaire, les collectivités locales et les partenaires de l’éducation dans le département de Tambacounda ont planché, samedi, sur le financement du secteur, dans le cadre de la semaine mondiale d’action pour l’éducation, a constaté l’APS.

 A l’initiative de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP), ce panel présidé à la gouvernance de Tambacounda, par l’inspecteur de l’éducation et de la formation (IEF) Amadou Dia, en même temps un des animateurs, était destiné à réfléchir sur la problématique de la prise en charge financière de l’éducation. “Pour faire de l’éducation, il faut sortir vers la communauté”, a fait valoir l’adjoint au maire Bounama Kanté, pour qui, “la démarche communautaire est déterminante”, notamment pour défendre l’école publique qui est de moins en moins attractive.
“Nous sommes tous enclins à envoyer nos enfants dans les écoles privées”, a-t-il relevé, mettant en garde contre cette tendance à “l’ extinction de l’école publique” sénégalaise dont est sorti l’essentiel de l’élite intellectuelle du pays, y compris l’actuel chef de l’Etat.

L’élu municipal a évalué à 45, 412 millions le montant que la commune a injecté dans le secteur de l’éducation pendant l’année scolaire 2015-2016, dont 27 millions pour la construction de la route menant vers le nouveau lycée, et 14 millions, en fournitures scolaires. Le reste a été débloqué au titre de contributions diverses, dont l’organisation des examens du CFEE et de l’entrée en 6-ème, l’appui au “Resto du cœur”, lors du bac, etc.

L’IEF Amadou Dia a fait l’état des lieux des effectifs des élèves, du personnel enseignant, des infrastructures scolaires. Il a fait part de rentrées d’argent de la part du ministère de tutelle pour le financement de l’éducation, à travers les contrats de performance initiés dans le cadre du projet d’amélioration de la qualité de l’éducation dans le sous secteur de l’éducation de base (PAQUEB).

Sur les 259 écoles de l’IEF, les 257 dont les plans de travail annuel (PTA) ont été retenus l’année dernière, ont reçu 99 millions de frs CFA, dont 22 millions dans la commune. S’y ajoutent 31 millions que l’IEF avait reçus l’année dernière pour appuyer la maîtrise de la lecture et des mathématiques et la formation des enseignants.

La même année, une enveloppe de 15 millions a été répartie entre les trois collèges Afia, Abattoirs et Nettéboulou, dont les plans de développement des filières scientifiques et de formation de leurs enseignants ont été approuvés.

Quatre “daaras” installés dans la commune de Tambacounda, à Bantantinti, Sinthiou Malème se sont aussi partagé la somme de 20 millions, a-t-il poursuivi.

La contribution des parents au financement du secteur n’a pas été perdue de vue. En 2014, par exemple, les frais d’inscriptions dans les collèges étaient évaluées à 175 millions, et à 75 millions dans les lycées du département.

M. Dia n’a toutefois pas manqué de souligner un certain nombre de “difficultés”, en termes de financements de l’éducation dans le département. Il a évoqué, à ce sujet, la disparition d’une ligne budgétaire qui servait à l’achat de certains outils pédagogiques, et qui devait être remplacée par un autre budget dans le cadre du PAQUEB, mais qui, depuis deux ans, n’est pas encore mis en place.

L’IEF a relevé aussi des problèmes liés au retard dans le transfert des montants alloués au secteur, ce qui n’aide pas les acteurs à mener certaines activités requises. L’année dernière, les financements des “daaras” sont arrivés au mois de mars, a-t-il noté, à titre illustratif.

Et il fallait dérouler les activités, faire le suivi et la rémédiation, avant la fermeture des classes. L’autre difficulté relève de l’impossibilité de quantifier certains financements de la part d’ONG et de collectivités locales qui traitent directement avec les structures scolaires, sans informer l’IEF.

“Nous avons des problèmes pour maîtriser ce que les collectivités locales font pour l’éducation, à part la mairie de Tambacounda”, a-t-il déploré. La “raideur” des procédures de certaines ONG ne permet pas de capter tous les fonds qu’elles mettent à la disposition de l’éducation, a-t-il aussi noté, indiquant que “l’IEF a eu à retourner 16 millions”, en raison des limites temporelles fixées par certaines ONG.

Une activité doit être menée sur la base de sa “pertinence” et de son “opportunité” mais “il ne faut pas la mener pour la mener”, a-t-il soutenu.

Khadim Diop qui représentait Actionaid, a relevé que sa structure propose une campagne de plaidoyer pour relever le niveau de financement de l’éducation.

“Il est nécessaire de développer un plaidoyer à travers une alliance stratégique avec l’ensemble des acteurs, pour avoir des financements. Cette campagne devrait s’inscrire dans la planification et prendre en compte le principe de redevabilité”, a-t-il préconisé.

Il faut que les montants alloués à l’éducation soient connus, avec une spécification de leur destination afin de s’assurer que les secteurs allocataires en ont effectivement bénéficié. Cela, afin de faciliter l’évaluation.

L’ONG, a-t-il dit, avait mené une étude avec certains acteurs, qui avait permis d’identifier dix points représentant la solution- clef au problème de financement du secteur.

Pour y faire face, “il est nécessaire que les gouvernements nationaux accordent 10% de leur PIB ou 40% de leur budget national à l’éducation”, mais que ces allocations ciblent les sous-secteurs nécessaires.

La plus importante source de financement de l’éducation étant l’impôt national, les défenseurs de l’éducation doivent soutenir l‘imposition progressive pour apporter un financement durable, a-t-il dit.

Il est nécessaire aussi que la communauté internationale s’accorde avec les partenaires pour combler le gap de financement noté dans les pays, comme elle en avait pris l’engagement.

ADI/PON / APS /