80% des candidats au Bfem ont eu zéro en dictée

En partie, comme chaque année, la dictée a eu raison des élèves au Bfem. Et cela n’émeut personne. Même pas les enseignants ? Encore moins le ministère de l’Éducation.

En dictée, 80% des candidats au Bfem, ont tous pris un ticket d’abonnement au zéro. La dictée proposée était plus qu’abordable, mais comme chaque année, c’est cette épreuve qui noie les élèves et demeure un facteur  déterminant sur le taux d’échec. Seulement, à côté du mauvais rendement des élèves en orthographe, il y a le système d’évaluation. Dans tous les établissements publics du Sénégal, de la sixième à la troisième, les élèves ne font que six dictées  pour toute la durée de l’année. Les évaluations standardisées sont passées par là. Les élèves rencontrés dans différents centres de la banlieue et en ville, disent en chœur la même chose. « Nos professeurs ne pensent même pas à cette matière », se désole A. Diouf. Sa camarade de classe, tablette à la main, enfonce le clou et fait le procès des enseignants. « Cela fait quatre ans que dans nos classes, presque tous les élèves ont zéro en dictée. Durant l’année, il arrive que nous ne fassions qu’une dictée où tout le monde a zéro », renchérit-elle.

La responsabilité des professeurs et de l’État

Rares sont les établissements où les enseignants font des dictées régulières. Cette partie du programme est le parent pauvre en Français. Négligée, sans raison par les enseignants, les élèves paient le prix d’une impertinence pédagogique. Certains avancent que quelle que soit la formule utilisée, les élèves auront toujours zéro. Une position générale et popularisée, même au niveau des cellules où la dictée est systématiquement occultée. Au niveau local, comme au niveau départemental, rares sont les occasions où on parle de la dictée avec son lot de difficultés pour les apprenants. Des professeurs interrogés sur la question s’accrochent au fait que les apprenants ne lisent plus et le temps qui devait être consacré à la lecture est utilisé pour l’internet et le portable. Ce qui est un constat mais la question est de savoir est-ce qu’au niveau des classes, les professeurs incitent-ils les élèves à lire ou organisent-ils des séances de lecture ? À cette question, au niveau des lycées et collèges, un petit tour sur les cahiers de textes, renseigne sur l’absence de lecture ou contrôle de lecture. Il urge pour le corps professoral de revoir le système d’apprentissage et d’évaluation des élèves sur la dictée car la saignée continue de plus belle.

L’État ramasse les poubelles des bibliothèques occidentales

Pour le non initié, il sera difficile de lui opposer l’argument que l’État n’aide pas les écoles en la matière. Dans tous les établissements publics, les bibliothèques sont largement fournies en livres et autres ouvrages. Seulement, ces livres ramassés par l’État se sont, en réalité, que la poubelle des bibliothèques occidentales bombardée aux pays pauvres d’Afrique. Des ouvrages mal adaptés et souvent édités avant l’indépendance, garnissent les salles de lecture dans les lycées et collèges. Des livres, dont les auteurs sont morts depuis les années soixante-dix. Les rares élèves qui font un tour dans ces salles sont obligés de prendre des ouvrages dont le contenu n’est point adapté aux apprentissages. Dans les pays d’origine, ces livres destinés à la poubelle ou à l’incinérateur, par le biais d’une coopération, finissent dans nos pays. Pour dire que le mal est profond. À quand la prise de conscience ?

Pape Amadou Gaye / rewmi.com