Ousmane Ngom revient sur la journée de la défaite de Wade devant Macky

Le 25 mars 2012, jour du deuxième tour de la présidentielle, vers 18 heures déjà, Ousmane Ngom, alors ministre de l’Intérieur, savait que les carottes étaient cuites pour le président sortant. Quatre ans après les faits, il rembobine : « Je suis allé au Palais pour dire à Abdoulaye Wade que les jeux étaient faits car les tendances donnaient Macky Sall vainqueur du deuxième tour. Je lui ai dit que Dieu en a voulu ainsi. »

Ousmane Ngom faisait cette confession à une délégation envoyée par Macky Sall présenter ses condoléances à Médoune Thiam, un fidèle militant de l’Apr, suite au décès de sa fille. Retour sur la journée du 25 mars, donc. Devant son ministre de l’Intérieur, qui lui annonce la mauvaise nouvelle, Wade se braque. Ousmane Ngom se souvient : « Il m’a dit : ‘’c’est impossible’’. Puis, il a ajouté qu’on lui a dit que le ministre de l’Intérieur que j’étais était capable de renverser les tendances. Je lui ai dit que non, ce n’était pas possible et je suis parti. » « Renverser les tendances » ?

Wade suggérait-il ainsi à son ministre de voler la victoire de Macky Sall ? A-t-il vraiment tenus ses propos sibyllins ? Ousmane Ngom n’a pas détaillé. Il poursuit : « Quinze minutes après, je suis revenu au Palais. J’ai dit au Président que maintenant, il s’agissait de tendances lourdes et qu’il est sûr que Macky Sall passe puisqu’au plus, nous n’aurons pas 40% des voix. Je lui ai dit qu’il était temps qu’il appelle Macky Sall pour le féliciter. Il m’a rétorqué : ‘’Duma ko def’’ (Je ne le ferai pas, en wolof).

Je lui ai rappelé qu’il devait le faire car il avait dit qu’il ne ferait pas moins que Abdou Diouf qui, en 2000, l’avait appelé pour le féliciter. Il m’a éconduit. Je suis retourné à mon bureau. Mon téléphone a sonné. C’était Me Wade qui me demandait de lui trouver le numéro de téléphone de Macky Sall. Le reste, vous le savez…» Après avoir fait son récit, l’ancien ministre de l’Intérieur a embrayé sur les raisons de son rapprochement avec le camp présidentiel. « Je le fais d’abord parce que je crois en Dieu », a-t-il juré. Avant d’ajouter qu’il soutient Macky Sall parce que, aussi, il connaît ses ambitions pour le Sénégal.

(Source : Libération)