Mamadou KONE, Président du Conseil Départemental de la Jeunesse de Goudiry sur l’émigration clandestine “c’est loin d’être fini”

 

 

L’émigration clandestine ne cesse pas de faire des dégâts. En effet, dans le département de Goudiry, les jeunes continuent de croire que l’Europe est la solution à leurs problèmes. Le Président du Conseil Départemental de la Jeunesse (CDJ) dudit département, préoccupé par cette situation alerte l’opinion, et toutes les autorités du pays, « entre 2014 et 2016, plus de 600 jeunes en tout, ont quitté leurs familles respectives, pour essayer de rejoindre l’Europe, à la recherche de meilleures conditions de vie. Désespérés, ils ont quelque part raison. Parce que la survie dans notre pays en général, plus particulièrement dans ce département, oublié par les projets et programmes de l’État, n’est pas assurée. Le manque d’emploi explique pleinement cette situation. L’État sait bien ce qui se passe dans cette partie du pays. Il fait semblant de n’être au courant de rien du tout. La première vague des rescapés rapatriés de la Libye, a été reçue par le Président de la République en personne, avec des promesses qui ne sont toujours pas tenues. A part ces rescapés, il y a eu plus de 250 jeunes qui ont péri entre le Grand Désert et la mer méditerranée. Ne parlons pas de ceux qui sont aujourd’hui en Europe, soit en Italie ou en France, dans des conditions inimaginables, sans abris, sans papiers, sans emplois,… Ce n’est pas que les solutions manquent. C’est plutôt la volonté d’arrêter ce phénomène qui n’y est pas. Qui connait le Sénégal, n’a pas besoin qu’on lui dise certaines choses. Goudiry est le plus vaste (17000km²) département du Sénégal, avec des terres très fertiles, et d’importants rendements. Nous savons tous que le développement de ce pays passe nécessairement par l’agriculture. Nous assistons tous les jours à des séances de formation qui se font dans ce pays, à des remises de chèques ou d’enveloppes à des jeunes, un peu partout au Sénégal. On se rappelle bien du phénomène « Barca/Barçak », qui avait retenu l’attention de tous. On se rappelle aussi que ce fameux « Plan REVA » avait été mis en œuvre pour essayer de fixer les jeunes qui s’adonnaient à ce phénomène. Aujourd’hui, nous ne demandons que la même chose. Il faut qu’il ait une discrimination positive pour les jeunes de cette partie du pays. Sinon, ça craint beaucoup ».

Monsieur Koné, quant à lui, reste optimiste, et espère que l’État trouvera très vite des solutions, «je suis optimiste, je sais que l’État va faire quelque chose. Il faudra juste que ce soit vite, parce qu’on est face à une urgence. Je suis certain que ces jeunes changeront d’avis et d’esprit, quand ils auront des occupations chez eux. Nous avons des agences comme l’ANPEJ, le FONGIP, le PRODAC, l’ANIDA,… qui sont déjà là, avec des projets très intéressants pour les jeunes. Nous espérons bien en avoir dans notre département aussi. Les domaines agricoles communautaires, peuvent être des solutions à ce problème. Les projets que l’ANPEJ finance aussi, sous la couverture du ministère de la Jeunesse, aussi peuvent en être. Alors, ces investissements peuvent non seulement changer beaucoup de choses dans l’économie de notre pays, avec l’autosuffisance alimentaire tant espérée, mais aussi permettre à tous ces jeunes de trouver de l’emploi.»

Mamadou Koné, Président du Conseil Départemental de la Jeunesse de Goudiry