Orpaillage à Kédougou : Le mercure de moins en moins utilisé

 

Dans la région orientale du Sénégal, l’exploitation de l’or se fait souvent de manière artisanale, avec l’usage du mercure, un produit dangereux pour la santé et l’environnement. Mais, grâce au projet « Création d’une filière d’or équitable et réduction de l’utilisation du mercure dans le secteur de l’orpaillage en Afrique de l’Ouest », la page du mercure est en train d’être tournée.

Avec des technologies innovantes, l’utilisation du mercure, un métal lourd dangereux pour la santé et l’environnement, a considérablement diminué dans les sites d’orpaillage du Sénégal oriental. En plus, les acteurs ont vu leurs revenus passer presque du simple au double. C’est ce qui est ressorti de la réunion du Comité de pilotage élargi du projet « Création d’une filière d’or équitable et réduction de l’utilisation du mercure dans le secteur de l’orpaillage en Afrique de l’Ouest ». Ce programme d’une durée de quatre ans, avec comme maître d’œuvre l’Organisation des Nations des unies pour le développement industriel (Onudi), est arrivé à terme. « En tant que représentant d’une des communautés qui utilisent le plus le mercure, je ne peux que me féliciter de la mise en œuvre de ce projet. En effet, jusqu’ici, la seule méthode qui semblait être la meilleure pour les orpailleurs, c’est d’utiliser le mercure, malgré tous les dangers que cela représente aussi bien pour leur santé que pour l’environnement.

« Aujourd’hui, avec ce projet, il a été constaté que les revenus des orpailleurs ont augmenté. Avec le mercure, la récupération était de 50%, mais actuellement, elle peut aller jusqu’à 90% », a laissé entendre Fally Camara, le maire de Tomboronkoto, une commune qui abrite beaucoup de sites d’orpaillage. Sur le plan sanitaire, a-t-il ajouté, il y a une nette amélioration d’après les résultats des acteurs de la santé. « Le mercure représente non seulement un danger pour le présent, mais aussi pour le futur », a-t-il soutenu.

Lui emboutant le pas, le président de la coopérative Sen Or, Youssoupha Seck, a précisé qu’avant il n’y avait pas beaucoup de contrôle sur le mercure. « Tout le monde l’utilisait dans le sous-secteur », a-t-il déclaré. Poursuivant, M. Seck a noté que lorsqu’ils ont vu le prototype qui a été fabriqué à Tomboronkoto, ils se sont rendu compte que c’était une bonne méthode. « Non seulement il n’y avait plus de danger lié au mercure, mais il y avait plus de récupération sur nos produits. Le mercure nous causait des problèmes pulmonaires et beaucoup d’autres maladies. Il a des effets négatifs sur l’environnement avec la raréfaction des poissons dans le fleuve », a-t-il reconnu. Leur souhait, aujourd’hui, c’est de voir les prototypes multipliés dans les sites d’orpaillage.

Pour le directeur adjoint de l’Environnement et président du Comité de pilotage du projet, Cheikh Fofana, le mercure est un métal lourd extrêmement dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement. « Il fait l’objet d’une convention qu’on appelle Minamata que le Sénégal a ratifiée récemment. Ce projet est considéré comme une porte d’entrée à la mise en œuvre de cette convention. Le secteur minier occupe une place importante dans le Plan Sénégal émergent (Pse), mais il a beaucoup d’impacts sur l’environnement », a-t-il relevé. Selon lui, l’objectif du projet était de montrer des pratiques d’utilisation écologiquement rationnelles de ces produits chimiques dans le secteur minier pour sa durabilité. « Toutes les parties prenantes ont participé à la mise en œuvre du projet. Les compétences des acteurs ont été renforcées sur comment utiliser le mercure. Le Sénégal n’est pas producteur, mais il est consommateur de ce produit chimique. Avec l’entrée en vigueur prochaine de la Convention de Minamata, des mesures seront prises pour la limitation du recours au mercure », a estimé M. Fofana.

Le représentant-résident de l’Onudi s’est, lui, félicité des résultats obtenus. « Le projet s’achève, mais les résultats sont probants. Nous sommes satisfaits. Le Sénégal a eu à présenter les résultats du projet dans le cadre d’une rencontre internationale des bailleurs de fonds qui s’est tenue à Vienne en 2015 », a fait savoir Victor Djembe.

Ndiol Maka SECK / lesoleil.sn /