Primaire de la gauche «Ca pue pour Valls»

 

L’ancien Premier ministre Manuel Valls affrontera au second tour de la primaire socialiste l’outsider Benoît Hamon, représentant de l’aile gauche du parti. Celui-ci est arrivé en tête du premier tour dimanche, à moins de cent jours de la présidentielle française.

Selon des résultats partiels sur 934’485 votants, soit environ la moitié des électeurs qui se sont déplacés, Benoît Hamon a recueilli 36% des voix et Manuel Valls 31%, a annoncé la Haute autorité chargée de l’organisation du scrutin. Porté par une dynamique dans les sondages, Benoît Hamon confiait ces derniers jours avoir le «sentiment que (son) heure était arrivée». Sa proposition-phare : un revenu universel de 750 euros pour chaque Français. Un débat télévisé entre les deux finalistes, qui pourrait s’avérer décisif, sera organisé mercredi.

Pas forcément au second tour en mai

Avec 17,9% des voix, Arnaud Montebourg est donc éliminé. «Dimanche prochain, je voterai Benoît Hamon et je vous invite à faire de même», a-t-il dit en reconnaissant sa défaite. Vincent Peillon (PS, 6,7%), l’écologiste François de Rugy (3,7%), la radicale de gauche Sylvia Pinel (2%), et Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate, 1%) sont également éliminés.

A l’issue d’une campagne rythmée par trois débats télévisés en huit jours, le scrutin a mobilisé entre 1,5 et 2 millions d’électeurs venus départager sept candidats. Plus de quatre millions de personnes s’étaient déplacées pour la primaire de la droite en novembre. Pour voter, il suffisait de payer un euro et de signer la charte des valeurs républicaines de la gauche. Le vainqueur de cette primaire, dimanche prochain, n’est pas assuré d’être au second tour de la présidentielle, tant la campagne est dominée par la droite et l’extrême droite.

Face à la droite

Pour l’instant, le second tour de la présidentielle, le 7 mai, semble se diriger vers un duel entre le conservateur libéral François Fillon et le chef de file du parti d’extrême droite Front national Marine Le Pen, sur fond de montée en puissance des courants populistes en Europe. Un troisième homme les talonne : Emmanuel Macron. A 39 ans, cet ancien ministre du gouvernement socialiste a décidé de se présenter sans passer par la case primaire et suscite l’affluence dans ses meetings avec son message «ni droite ni gauche», «progressiste» et pro-européen.

Sa candidature en solo, ajoutée à celle du trublion de l’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon, en quatrième position dans les sondages, fait de l’ombre à une gauche socialiste en plein désarroi.

«Entre la défaite assurée et la victoire possible»

«L’élection présidentielle n’est pas jouée, la France doute, les Français n’ont pas fait leur choix», a voulu rassurer dimanche soir le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis. Manuel Valls s’était dit dimanche «serein et confiant». Etiqueté favori en décembre, il avait été mis en difficulté pendant la campagne, mais misait sur son expérience pour l’emporter. A peine qualifié pour le second tour, il a attaqué son adversaire Benoît Hamon et a promis de se battre «jusqu’au bout». «Un choix très clair se présente désormais à nous, et à vous, entre la défaite assurée et la victoire possible, entre des promesses irréalisables et infinançables, et des promesses crédibles»

Du côté de l’ancien Premier ministre Manuel Valls, on sait déjà que la partie sera plus que difficile à gagner, voire qu’elle est déjà perdue. «Ca pue pour Valls», résumait une source gouvernementale.

(cga/afp)