New York – Manif anti-Trump à JFK: «Laissez-les entrer»

 

Certains manifestaient pour la première fois, d’autres étaient des habitués des protestations anti-Trump. Ils étaient des milliers à se retrouver à l’aéroport JFK de New-York pour scander leur mécontentement face au nouveau décret anti-immigration de Donald Trump.

Hanna Cowart n’était pas à la grande marche des femmes, la semaine dernière, mais pour cette femme de 21 ans «il devient vraiment difficile de rester silencieux». Comme elle, à l’appel d’associations, ils ont été jusqu’à 3000 à s’être réunis devant le terminal 4 de l’aéroport Kennedy.

A 01h00 du matin dimanhce, ils étaient encore une centaine à s’époumoner sur l’air du «Let ’em in» (Laissez-les entrer, chanson de Paul McCartney) pour réclamer que les services de l’immigration accordent l’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de sept pays musulmans. Le répit obtenu par des associations auprès d’un juge fédéral de Brooklyn, qui a empêché l’expulsion de passagers interpellés, n’a pas adouci l’humeur des manifestants. Ils s’en sont pris verbalement aux policiers, scandant: «Who do you serve?» (Au service de qui êtes-vous?) ou «Shame» (honte). Arrivé de Milan, Georgio Pariani attend son taxi depuis une heure, au milieu des manifestants, sur une route coupée à la circulation par la foule. Il dit comprendre la colère des New-Yorkais, car Donald Trump n’est «pas très diplomate».

Pour Mousa Alreyashi aussi, c’est la première manifestation. Pour ce chauffeur VTC, «c’est bien, on envoie un message», dit-il. Yéménite d’origine, naturalisé américain, il est un peu plus concerné que la majorité par ce qui se joue depuis vendredi.

«Vous ne pouvez pas venir»

Sa mère, son frère et sa soeur, restés au pays, ont été «choqués», dit-il, par l’annonce de ce décret. «Cela fait sept ans qu’ils attendent leur visa» pour les Etats-Unis. «Aujourd’hui on leur dit: vous ne pouvez pas venir.» Pour lui, le fait que le Yémen fasse partie de la liste, plutôt que d’autres pays arabes, s’explique. «On parle de Donald Trump», dit-il. «C’est un homme d’affaires. Dans les pays riches (il mentionne l’Arabie Saoudite), il a des affaires, des hôtels». Pakistanais naturalisé américain, Mushahid ne tire aucune conclusion du fait que son pays d’origine ne soit pas sur la liste. «Cela pourrait être le suivant», dit ce père de famille de 45 ans. «Nous sommes citoyens (américains) mais nous venons tous de pays différents», enchaîne-t-il.

D’autres rassemblements

Lorsqu’il a entendu parler de la manifestation sur Facebook, Christopher Gunderson était en train de fêter l’anniversaire de son fils. Ce quinquagénaire, professeur d’université, a tout arrêté et l’a embarqué, avec sa fille et sa femme, pour JFK. «Nous avons décidé qu’ils devaient venir. C’est très important», explique-t-il. Il a reçu des nouvelles de la famille. Celle-ci lui a fait part d’autres rassemblements à Minneapolis, Chicago, Washington et Boston, à sa grande satisfaction.

«Urgence nationale»

Des personnes ont également marqué leur solidarité avec les ressortissants des pays concernés et les réfugiés en général dans les aéroports de Los Angeles, San Diego, San Francisco, Dallas, Seattle et Philadelphie. «J’étais enfant durant la guerre du Vietnam», dit-il. «Je me souviens de Reagan, de Bush. Il y avait beaucoup de manifestations. Mais là, c’est la situation la plus grave que j’aie connu de ma vie.» «On n’est pas en 1939. On a des institutions. Les gens sont prêts à se battre contre ça», prévient David Gaddis, 43 ans, qui ne doute pas que la mobilisation va se poursuivre. «Chaque jour qu’il passe à la tête du pays, c’est une urgence nationale.»

(nxp/ats)