Tambacounda: des parents d’élèves s’interrogent sur la grève des lycéens

 

 

L’association des parents d’élèves du lycée Mame Cheikh Mbaye de Tambacounda a tenu une assemblée générale, dimanche, pour plancher notamment sur la grève des lycéens de la commune, qui depuis près de 50 jours, protestent contre l’entrée en vigueur de la journée discontinue.

Ce mouvement de grève, lancé le 5 décembre dernier, perturbe les enseignements dans une bonne partie des structures scolaires de la ville, a constaté l’APS.

Les élèves des deux lycées de la commune de Tambacounda ont depuis peu, sursis partiellement à leur mouvement en laissant leurs camarades venir à l’école le matin pour permettre la tenue des compositions. Près d’une quarantaine de personnes, dont des membres de l’administration, avaient pris part à cette rencontre visant à informer les parents des activités déjà menées par l’APE et de partager avec eux les plans d’actions arrêtés.

Ces parents, invités à faire part de leur position par rapport à la journée discontinue, ont pour la plupart dit être en phase avec l’administration dans sa décision de restaurer la mesure.

Certains ont par exemple relevé que la journée continue avait été instaurée en 1992, lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football de cette année-là, pour permettre aux élèves de suivre cette compétition.

“Avant la journée continue, le lycée Mame Cheikh Mbaye qui était réputé être un lycée d’excellence, faisant partie des trois ou quatre premiers du Sénégal au Bac, et qui était toujours représenté au concours général, fait maintenant partie des derniers”, a relevé pour le déplorer Ibrahima Sakho, secrétaire général de l’APE.

 ’’Un problème de système se pose’’ 

“Le système est en train de décliner, l’élève de Tambacounda perd 300 heures par an (et) arrivé en terminale, il a déjà perdu deux à trois ans”, a dit le président de l’APE Abdoulaye Sarr, en marge de la rencontre. Selon M. Sarr, au-delà du mouvement d’humeur en cours, c’est “un problème de système” qui se pose et qui appelle des solutions structurelles.

Les autorités académiques, qui ont voulu remédier à cette situation, ont décidé de ramener la journée discontinue cette année, après avoir reporté son application prévue l’année dernière, mais c’était sans compter l’opposition des lycéens.

Suite à des négociations avec les autorités académiques et l’inspection de la jeunesse, il a été retenu de mettre au point un système de subvention des tickets de transport des cas sociaux habitant loin de leur établissement, afin de satisfaire une des préoccupations des grévistes.

Mais contre toute attente, les élèves ont reconduit leur mouvement, a dit M. Sakho. Les parents devaient se prononcer à travers une résolution pour dire si oui ou non ils étaient favorables à cette mesure, pour infirmer ou confirmer la déclaration des grévistes qui arguent que leurs parents ne peuvent supporter les frais de transport qu’elle implique.

Les lycéens invités à ’’essayer avec la journée continue’’

Les APE soutiennent cette mesure mais leurs instances de base peuvent toutefois se prononcer chacune de leur côté, a souligné le président de l’Union communale des APE Daha Bâ, à l’entame de cette réunion.

Il a invité les lycéens à “essayer avec la journée discontinue pour voir ce que cela va donner après évaluation”. A l’image de plusieurs intervenants, Jeannette Ndecky a relevé que les parents doivent tenir “un langage de vérité et de fermeté” à leurs enfants, avant qu’il ne soit trop tard.

Pendant qu’ils sont en train de perdre du temps, leurs camarades à travers le pays avancent dans le programme, a-t-elle dit. Souleymane Kamité, autre intervenant, a lui souligné “un problème d’information du sommet à la base mais aussi au niveau transversal”.

Un problème qui est accentué par un conflit de génération entre les APE et les élèves et rend difficile la communication. Pour Aliou Mbodji, même si les parents font pression sur leurs enfants pour qu’ils aillent à l’école, les leaders grévistes finissent toujours par les empêcher de faire cours. “C’est à cela qu’il faut trouver une solution”, a-t-il dit. “Si les élèves ne comprennent pas (les tenants de la mesure), que les parents comprennent”, pour éviter plus de perte de temps, a ajouté M. Mbodji.

Il a suggéré que la journée continue soit maintenue dans un tel cas de figure, tout en augmentant les heures d’apprentissage.

ADI/BK / APS /