Tambacounda : lancement d’un projet d’urgence de lutte contre la migration irrégulière

 

 

L’adjoint au gouverneur de Tambacounda, chargé des questions administratives, Hamet Tidiane Thiaw a procédé mardi, au lancement du projet d’urgence d’action de lutte contre la migration irrégulière à travers l’appui au développement local dénommé Vis, a constaté l’APS.

Ce projet qui doit prendre fin au mois de septembre, vise à “contribuer à la maîtrise du phénomène de l’émigration clandestine (par voie) terrestre du Sénégal vers les rives de la Méditerranée”, a indiqué le chef du projet Frédérico Mazzarella.

Les communes de Tamba, Maka, Missira et Goudiry sont ciblées par le projet “Vis”. A travers ce projet qui se veut une expérience pilote, pour limiter le phénomène de l’émigration clandestine, il s’agira de créer les conditions pour des possibilités d’emploi, par la formation professionnelle et le développement.

Mis en œuvre par l’ONG italienne Vis, en partenariat avec le centre Don Bosco de Tambacounda et l’ONG “Experna”, il s’attachera aussi à sensibiliser sur les risques liés au départ. En plus des activités agro-pastorales, de la formation en mécanique auto, électricité, réparation de systèmes photovoltaïques, de la formation en informatique, Vis mènera aussi une campagne de sensibilisation.

Il est prévu la formation de 225 jeunes qui seront encadrés par un bureau d’emploi pour leur insertion professionnelle dans des entreprises ou par l’auto-emploi. Quelque 7.775 personnes devront être touchées à travers des causeries, le porte-à-porte, la recherche-action et les médias.

Un des objectifs est de “réduire de 50% les déclarations d’intention” d’émigrer de manière clandestine à la fin du projet. Expliquant le choix de la région orientale par le fait que “75% des Sénégalais qui arrivent en Italie viennent de Tambacounda”, M. Mazzarella a relevé que cela a semblé se confirmer sur place où il est souvent abordé en italien dans les rues de la ville par d’anciens migrants qui l’identifient comme tel.

Opa Cissokho, coordonnateur des activités agro-pastorales du projet, a signalé qu’il a été relevé lors d’une récente rencontre organisée au conseil départemental par l’OIM, que 1.200 jeunes de Tambacounda ont été rapatriés de l’émigration clandestine en 2015, et ce chiffre ne concerne que les retours contrôlés et enregistrés.

Ces chiffres ont été “désagrégés jusqu’au village” d’origine, a-t-il poursuivi, relevant que Tambacounda est à la fois une zone de départ et de transit de migrants.

Une équipe du projet a sillonné les quatre départements de la région pour confirmer les statistiques obtenues des différentes institutions, a noté François Coly, directeur du centre Don Bosco.

La position frontalière de la région ouverte à quatre pays où la mobilité vers l’étranger est plus facile, ainsi que le fait qu’elle a “longtemps été laissée en rade” en termes d’investissement de l’Etat, peuvent expliquer son importance en tant que zone de départ, a estimé l’adjoint au maire, Bounama Kanté.

S’y ajoute le manque d’usine et d’opportunités d’emploi. Vis est une ONG italienne qui opte pour l’éducation et la formation comme clés pour lutter contre les causes profondes de la pauvreté. Elle est présente dans cinq pays d’Afrique dont le Sénégal.

L’Italie, principal point de chute des migrants clandestins, “a compris que l’essentiel, ce n’est pas de créer des conditions d’accueil, mais de faire en sorte que les jeunes ne partent pas par des projets de développement”, a noté M. Kanté qui a salué cette “philosophie”.

Pour l’adjoint au gouverneur Hamet Tidiane Thiaw, il s’agit là d’une “initiative totalement en phase avec les politiques publiques en cours” en matière d’encadrement, d’insertion des jeunes, mais aussi d’accélération de la croissance économique.

Le directeur de l’Agence régionale de développement (ARD), Abdoul Aziz Tandia, a pour sa part noté que le projet arrive au moment où s’opère une “rupture” visant l’émergence du pays qui, à ses yeux, “repose sur ses jeunes”.

“Si nous perdons ces jeunes, adieu l’émergence”, a-t-il souligné, avant de lancer à l’endroit des pensionnaires du centre :”plus que par le passé, c’est aujourd’hui que le pays a besoin de vous”.

ADI/ASB/ASG