[CONTRIBUTION] Encore du grabuge à Kédougou, il faut surtout restaurer le cadre de dialogue et de concertation !

 

De regrettables incidents ont encore secoué la région de Kédougou et chacun y va de ses conjectures. Qui pour épiloguer sur l’exploitation artisanale communément appelée orpaillage, qui pour s’épancher sur l’activité industrielle ou encore aller de l’une à l’autre activité sans opérer une ligne de démarcation nette. L’incident de cette semaine est strictement lié à l’orpaillage, il faut le souligner avec force !

Un humain brutalement arraché à l’affection des siens comme ce fut encore malheureusement le cas dans la région de Kédougou, ne saurait être impuni ! C’est le quatrième meurtre en l’espace de 8 ans, c’en est trop! Il faut que la puissance publique s’exerce à élucider ces crimes et à prendre toutes ses responsabilités !

Les faits sont têtus, c’est un orpailleur qui aurait été tué. Il se pose alors la lancinante question de l’organisation de ce secteur. Et pourtant, l’État a essayé. Il a paraphé des arrêtés réorganisant l’activité d’exploitation traditionnelle de l’or hélas, leur applicabilité se heurte à un faisceau de problèmes.

Des orpailleurs ont décrié les couloirs dans lesquels ils sont confinés pour dire, comme ce fut le cas à Kharakhéna, que ceux-ci sont peu productifs. D’autres, comme ceux habitant dans le secteur de Diakhaly, ont réclamé des couloirs supplémentaires. L’État a négocié et obtenu de la compagnie détentrice du titre minier dans cette contrée, un couloir car, faut-il le rappeler, presque tous les sites d’orpaillage de la région de Kédougou se trouvent dans des sites déjà attribués aux compagnies minières. Un problème qu’il va falloir aussi régler.

D’autres individus, dont la plupart des ressortissants d’autres pays de la sous-région, se promènent partout avec leurs détecteurs de métaux à la recherche du métal jaune et, certains parmi eux se heurtent par moments aux soldats de l’économie, parce que ce type de matériel, à en croire mes sources, devra être dédouané.

Quelle que soit la situation, une mort d’homme ne se justifie point, encore que tous ceux qui s’activent dans ce secteur suffisamment sensible et problématique qu’est l’exploitation traditionnelle de l’or n’ont pas toujours la bonne information, celle relative aux instruments juridiques en vigueur dans le secteur. C’est là où, à mon avis, l’État doit encore fournir d’énormes efforts. Mettre par exemple les acteurs de la société civile à contribution pour disséminer et vulgariser les dispositions réglementaires en la matière, recruter suffisamment de monde pour étoffer ses services administratifs intéressés par le secteur et les équiper.

Tout compte fait, il faut élucider ces meurtres, que les coupables soient punis de façon exemplaire, mais également, il faut surtout restaurer le cadre de dialogue jadis existant et situer les responsabilités par rapport à son hibernation.

Quand les communautés n’ont plus de cadre de dialogue, elles s’exprimeront, chaque fois qu’elles se sentent à tort ou à raison lésées, dans la rue, et c’est justement cela qu’il faut éviter.

Il y a lieu d’évaluer les mesures d’organisation du secteur artisanal à Kédougou et de proposer de nouvelles alternatives, le cas échéant.

A méditer !

Ousmane DIA, Gestionnaire et médiateur culturel, artiste plasticien et enseignant d’arts-visuels à Genève /