«S’il ne la voit pas pendant une heure, il l’appelle»

 

Brigitte, «toujours présente et encore davantage, sans laquelle je ne serais pas moi»: le 23 avril au soir, sorti en tête du premier tour de la présidentielle française, le jeune centriste remercie et embrasse son épouse après être monté sur scène avec elle, main dans la main. «Brigitte, Brigitte!», crie la foule.

L’élégante blonde aux yeux bleus est sa plus fidèle alliée dans sa conquête du pouvoir, au premier rang de ses meetings et pendant ses déplacements. «Elle n’a aucun rôle, elle n’assiste pas aux comités politiques». Pourtant, «s’il ne la voit pas pendant une heure, il l’appelle», confie François Patriat, un ancien socialiste qui a rejoint le camp Macron dès la première heure.

Le centriste a promis de créer un statut officiel de première dame s’il devient, à l’issue du second tour le 7 mai, le plus jeune président de l’histoire moderne de la France. «Chaque soir, on débriefe ensemble et on se répète ce qu’on a entendu l’un sur l’autre», confiait-elle à l’hebdomadaire Paris Match en 2016. «Je dois être attentive à tout, faire le maximum pour le protéger», explique celle qui fascine la presse internationale.

Toujours bronzée, adepte des pantalons serrés sur talons aiguilles, la sexagénaire, sept fois grand-mère, sait que la différence d’âge fait jaser. Elle préfère en rire: «Il faut qu’Emmanuel soit élu cette année sinon vous imaginez ma tête dans cinq ans!»

Née à Amiens (nord), dans une famille de notables propriétaire d’une pâtisserie renommée, Brigitte Trogneux était promise à un destin plus conformiste. Quand elle rencontre Emmanuel au début des années 1990, elle est mariée et mère de trois adolescents. Elle a 39 ans, enseigne le français, anime un atelier théâtre dans un lycée d’Amiens. Et devient «totalement subjuguée» par l’intelligence de son jeune élève de 15 ans. L’année suivante, il brave les tabous et lui déclare sa flamme. «A 17 ans, Emmanuel m’a déclaré: quoi que vous fassiez, je vous épouserai!», raconte-t-elle. «Petit à petit, il a vaincu toutes mes résistances.»

«Pas le choix»

Dans la ville de province, l’affaire passe mal. Brigitte Trogneux quitte son mari banquier en 2006 et épouse l’année suivante Emmanuel Macron. Elle le rejoint à Paris et enseigne dans un lycée privé. Jeune, «c’était pas une bringueuse», elle était «très instruite», se souvient Grégoire Campion qui l’a rencontrée il y a «plus de 40 ans».

Dans un documentaire, on la voit corriger un discours de son mari avant un meeting. «Qu’est-ce qu’il y a, chérie ?», s’approche Emmanuel Macron. «Cela c’est un truc de prof», lâche-t-il ensuite.
Emmanuel et Brigitte, c’est un couple «fusionnel», disent des proches. «Complice plutôt», estime l’animateur télé Stéphane Bern, qui l’a «entendue dix fois dire qu’elle n’était pas d’accord avec Emmanuel ».

«J’ai la chance de partager le quotidien d’Emmanuel, même si, pour la politique, on ne m’a pas laissé le choix», assure celle qui a l’intention, si elle devient première dame, d’aider les jeunes de banlieue: «Mon combat sera sur l’éducation, afin de leur offrir autre chose que la cage d’escalier.»

A l’exact opposé du couple Macron qui n’hésite pas à se mettre en scène, façon Obama, et s’affiche régulièrement à la Une des journaux people, la candidate d’extrême droite Marine Le Pen et son compagnon Louis Aliot ont choisi la discrétion.

«Les Français vont élire un président ou une présidente, ils ne vont pas élire un couple ou une moitié de couple. Je sais rester à ma place», commentait récemment Louis Aliot, vice-président du Front national, 47 ans, engagé dans ce parti depuis la fin des années 1980 aux côtés de Jean-Marie Le Pen, puis de sa fille.

(afp)