Vidéo: Trump et les Etats-Unis sortent de l’accord climat

 

Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi qu’il retirait les Etats-Unis de l’accord de Paris sur climat et dit son intention de négocier une «nouvel accord» dans «des termes justes pour les Etats-Unis». Il a estimé que l’accord «désavantage les Etats-Unis» et que l’accord actuel n’est pas assez dur avec la Chine et l’Inde.

 

 

«J’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris», a déclaré le président américain dans une allocution depuis les jardins de la Maison Blanche. Il a ajouté qu’il ne voulait «rien qui puisse se mettre en travers de notre chemin» pour redresser l’économie américaine.

«Il est temps de mettre Youngstown Ohio, Detroit, le Michigan et Pittsburgh Pennsylvanie, qui compte parmi les meilleurs endroits de ce pays devant Paris, France», a-t-il martelé en citant les régions industrielles américaines en déshérence qui l’ont porté à la présidence.

Donald Trump a assuré que l’accord de Paris «n’aura pas beaucoup d’impact» sur le climat.

Pendant la campagne, Donald Trump avait promis de retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris, visant à limiter la hausse mondiale des températures, au nom de la défense des emplois américains et de son slogan «l’Amérique d’abord».

Les regrets de Doris Leuthard

Sur Twitter, la présidente de la Confédération Doris Leuthard a regretté la décision du président américain. Les Etats-Unis ont une «responsabilité envers la planète» en tant que deuxième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de CO2.

Reste à déterminer si les Etats du pays et la société américaine renonceront à poursuivre la voie vers plus d’énergies renouvelables, a réagi la ministre de l’environnement.

La Suisse mantient son cap

«La Suisse maintient son cap et continue de soutenir l’accord de Paris sur le climat. La restructuration de notre approvisionnement énergétique, avec moins d’énergies fossiles et plus d’énergies renouvelables, représente une opportunité pour une économie innovante et durable», a -t-elle précisé.

Contacté par l’ats, le chef des affaires internationales à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), Franz Perrez, ne voit pas de menace pour les objectifs de l’accord de Paris. L’accord est prévu pour le long terme, jusqu’à la fin du siècle, souligne-t-il.

Les ONG regrettent

Greenpeace Suisse a dénoncé dans un communiqué un «retour en arrière». «Avec cette décision, le gouvernement des Etats-Unis sabote l’accord de Paris et laisse le ‘leadership’ en matière de lutte contre le réchauffement climatique à la Chine et à l’Union européenne», déclare Georg Klingler, expert des questions liées au climat pour Greenpeace Suisse, cité dans le communiqué de l’ONG.

Pour Thomas Vellacott, directeur général du WWF Suisse cité dans un communiqué, «Donald Trump ignore les faits scientifiques concernant le dérèglement climatique et tourne le dos aux propres intérêts des Etats-Unis». Il ajoute que le tournant énergétique se poursuit au niveau mondial et que la décision de M. Trump «n’y changera rien».

Du côté des partis politiques, la présidente des Verts suisses, Regula Rytz, demande des mesures de la part de la Suisse, a-t-elle indiqué à ats-vidéo. Selon elle, la Suisse doit convoquer l’ambassadeur américain et lui expliquer que les choses ne fonctionnent pas de la sorte. Les Verts préparent également une intervention, dans laquelle ils demandent l’introduction d’une taxe sur le CO2 pour les produits américains.

«Rejet de l’avenir», dit Obama

Barack Obama aussitôt jugé dans un communiqué que son successeur «rejetait l’avenir». «Les pays qui restent dans l’accord de Paris seront ceux qui en récolteront les bénéfices en termes d’emplois et de secteurs d’activité créés», a affirmé l’ancien dirigeant américain.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a dénoncé sur Twitter une décision «gravement erronée». La Commission européenne a, elle, évoqué une «triste» journée pour la communauté internationale.

Le monde «peut continuer à compter sur l’Europe» pour diriger la lutte contre le réchauffement climatique, a réagi le commissaire européen à l’Action pour le climat, Miguel Arias Canete.

«L’accord de Paris va perdurer. Le monde peut continuer à compter sur l’Europe pour le leadership global dans la lutte contre le changement climatique», a promis M. Canete dans un communiqué, en «regrettant profondément la décision unilatérale de l’administration Trump».

Deuxième émetteur mondial

M. Trump a toutefois hésité pendant de longues semaines et de nombreuses voix, sur la scène internationale (Chine et Union européenne en tête), dans le monde des affaires et au sein même de son administration, l’ont appelé à revoir sa position, rappelant ces derniers jours l’urgence d’agir face au réchauffement en cours.

Les Etats-Unis sont le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, derrière la Chine.

Avant l’allocution présidentielle, la Chine et l’UE étaient montées au créneau pour défendre l’accord, qui vise à contenir la hausse de la température moyenne mondiale «bien en deçà» de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

Pékin a été, avec l’administration américaine de Barack Obama, l’un des principaux artisans de cet accord sans précédent.

Hollande s’exprime aussi

L’ancien président français François Hollande a jugé jeudi que Donald Trump avait «renoncé à l’avenir», estimant toutefois que «ce qui s’est produit à Paris est irréversible».

«Donald Trump a pris une décision funeste pour les Etats-Unis, mais qui n’empêchera pas le monde d’avancer dans sa lutte raisonnée et volontaire contre le réchauffement climatique. Le retrait américain ne suspend pas l’accord de Paris. Il doit au contraire en accélérer la mise en oeuvre», a estimé dans un communiqué l’ancien chef de l’Etat, qui avait accueilli en décembre 2015 la conférence de Paris ayant débouché sur l’accord signé par 195 pays plus l’Union européenne.

Cinq choses à savoir sur l’accord de Paris

L’accord de Paris, dont Donald Trump s’est retiré, est le premier pacte engageant l’ensemble de la communauté internationale dans la lutte contre le changement climatique, qui constitue l’un des grands défis du 21e siècle.

147 pays

L’accord a été signé en décembre 2015 à Paris par 195 pays plus l’Union européenne, à l’issue de plusieurs années d’âpres négociations. A ce jour, 147 pays sont allés au bout de leur processus de ratification. Parmi les grandes économies, la Russie et la Turquie manquent à l’appel.

Préavis

Pour se retirer de l’accord, un pays doit le notifier au secrétariat de la Convention climat de l’Onu (CCNUCC), mais il ne peut le faire que trois ans après l’entrée en vigueur du texte, effective depuis le 4 novembre 2016. Ensuite, il y a un préavis d’un an avant d’être réellement «sorti» de l’accord.

Plus rapide mais aussi plus radical : un pays peut se retirer de la Convention climat de l’Onu, qui compte 197 membres. Cela est effectif un an après la notification. Dans les faits, à partir du moment où un pays dit qu’il se retire, il ne participe plus aux réunions de négociations, selon Todd Stern, l’ex-négociateur américain. Il ne finance plus la CCNUCC ou les programmes climat internationaux.

2°C

L’accord fixe un objectif global de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale «bien en deçà 2°C» par rapport à l’ère pré-industrielle et si possible à 1,5°C, un seuil déjà synonyme de profonds changements selon les climatologues. Le plafond de 2°C n’est pas atteignable avec les engagements actuels de réduction de gaz à effet de serre que les pays ont pris sur une base volontaire. L’accord prévoit que ces objectifs soient révisés.

Énergies fossiles

Selon les experts du Giec, pour rester sous 2°C, il faut que les émissions de gaz à effet de serre soient diminuées de 40 à 70% d’ici 2050. Cela implique de se détourner progressivement des énergies fossiles (80% des émissions de gaz à effet de serre), ce que l’accord ne dit pas explicitement. Le texte indique seulement que les pays recherchent «un plafonnement des émissions dans les meilleures délais».

Transparence

Si les objectifs nationaux sont volontaires, les pays se sont engagés à rendre compte de leurs politiques climat et de leurs résultats et à faire des bilans collectifs des efforts mondiaux. L’organisation de ce processus doit encore être précisée. La transparence doit aussi s’appliquer à l’aide fournie par les pays riches aux plus pauvres.

(nxp/afp)