Tambacounda – Distribution des cartes d’électeurs : le consensus entre acteurs politiques, seule solution à la crise actuelle.

 

Les acteurs politiques doivent adopter un consensus et un modus operandi qui constituent la seule solution pour dépasser la crise actuelle, relative à la distribution des cartes d’électeur à un peu plus d’une semaine des législatives, a indiqué samedi Ndiaga Sylla, expert électoral au GRADEC.

‘’Au stade où on en est, seul le consensus et le modus operandi peuvent nous permettre de dépasser la situation actuelle’’, a dit M. Sylla, lors d’un atelier d’information et de sensibilisation sur le processus des élections législatives. La rencontre a eu lieu au centre de formation en santé dans la commune de Tambacounda.

La Cedeao interdit le changement de la loi électorale à six mois des élections, sauf en cas de consensus, a rappelé M. Sylla.

Appuyée par le Fonds canadien d’initiative locale, le GRADEC organise des ateliers dans les régions à fort potentiel électoral, à savoir Dakar, Louga, Saint-Louis, Diourbel, Ziguinchor, Tambacounda, Thiès, Kaolack, cette rencontre était organisée notamment à l’intention des plénipotentiaires des coalitions den lice.

M. Sylla était en compagnie d’Ababacar Fall, co-auteur avec lui, de deux manuels intitulés ‘’Comprendre le processus des élections législatives au Sénégal : 60 points à retenir sur l’élection des députés’’ et ‘’Ce qu’il faut savoir sur les opérations de vote’’. ‘’Près de la moitié des électeurs ne disposent pas encore de leur carte’’, a relevé M. Sylla, ajoutant que ‘’les acteurs politiques doivent s’accorder sur un consensus’’.

Relevant l’ampleur des contestations préélectorales, assez similaires à celles de 1988 et 1993, M. Sylla a estimé que la seule difficulté à l’origine de cette tension, tient à un ‘’problème de planification’’, consistant à vouloir à produire un nombre important de cartes en un délai très court.

Pour un objectif initial de 4 millions de cartes, on est arrivé à 6,2 millions de cartes, a-t-il noté. Il a relevé le fait que beaucoup d’acteurs critiquent les autorités, auxquelles ils en veulent de ne pas pouvoir résoudre la question, malgré un budget de 50 milliards mis à leur disposition, a-t-il souligné, non sans préciser que ‘’ce n‘est pas une question de moyen, mais de temps de réalisation’’.

Parmi les points devant faire l’objet de consensus, on peut citer par exemple, le fait de continuer à distribuer les cartes d’électeurs le jour-même du vote, même si le Code électoral fixe l’arrêt du retrait des cartes la veille du scrutin. Cela, afin de garantir la possibilité des citoyens d’exercer leur droit civique.

Pour guider les électeurs, dont le bureau de vote a changé en raison de la réduction par la loi du nombre d’électeurs par centre, passant de 900 à 600, il est possible d’afficher les listes des électeurs avec leur photo dans leur lieu de vote, comme cela se fait dans d’autres pays.

Autre proposition, permettre à une personne inscrite de voter avec son récépissé couplé avec une autre pièce ou son ancienne carte d’identité, qui porte les mêmes données que le nouveau document.

Ababacar Fall lui aussi membre du GRADEC, a noté à ce propos que lorsqu’ils sont allés voir le président de la République, il s’est dit ‘’prêt à discuter avec l’opposition pour que les électeurs puissent voter avec leur récépissé’’.

Pour M. Fall, les problèmes que traverse actuellement la classe politique ‘’révèlent les limites des capacités d’anticipation des acteurs’’. Il estime qu’à ce stade deux options s’offrent à eux : ‘’soit ils usent de la raison, soit ils usent de la force’’. La deuxième est exclue, poursuit-il.

Il y a deux défis : préserver le droit de vote des citoyens et respecter l’agenda des élections.

Il a préconisé que passées ces échéances électorales, les acteurs politiques réfléchissent afin qu’une pareille situation ne se reproduise plus, et en vue de la ‘’rationalisation’’ des partis.

Plusieurs défis se posent en perspective de ces législatives, à savoir l’accessibilité et la sécurité des lieux de vote, renforcer le profil de l’élu, la participation de la diaspora et l’enjeu de la réhabilitation de l’assemblée nationale.

Il y a aussi l’enjeu de la légitimité de l’élection par une forte participation, la réduction des contestations électorales pour garantir la stabilité sociale et politique.

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