Etats-Unis: Fin de la protection des jeunes clandestins.

 

Le président américain Donald Trump a décidé mardi de supprimer le programme mis en place par son prédécesseur Barack Obama. Il mettait des centaines de milliers de jeunes sans-papiers à l’abri d’une expulsion et leur permettait d’étudier et de travailler aux Etats-Unis.

A compter de ce jour, aucune nouvelle demande ne sera examinée. Le sort de quelque 800’000 personnes qui bénéficient déjà de ce statut, connues sous le nom de «Dreamers», ne sera pas affecté jusqu’au 5 mars 2018, délai de six mois accordé par l’administration pour que le Congrès légifère sur ce thème.

Un compromis au Congrès sur un sujet qui divise Washington depuis des années apparent cependant loin d’être acquis. Et de nombreuses questions restent sans réponse pour ces milliers de jeunes le plus souvent complètement intégrés à la société américaine.

«Nous ne pouvons accepter tous ceux qui voudraient venir ici, c’est aussi simple que cela», a déclaré M. Sessions lors d’une déclaration à l’issue de laquelle il n’a pas souhaité répondre aux questions des journalistes.

«Ce n’est pas faire preuve de compassion que de ne pas appliquer les lois sur l’immigration», a-t-il martelé. «Appliquer la loi permet de sauver des vies et de protéger les communautés et les contribuables», a-t-il ajouté, dénonçant la décision prise de manière «unilatérale» par M. Obama.

Trump se justifie

Le président américain Donald Trump a de son côté mis en avant la nécessité de donner «la priorité» aux travailleurs américains pour justifier cette décision. «Nous devons nous rappeler que les jeunes Américains ont aussi des rêves», a-t-il indiqué en référence au surnom «Dreamers» du programme.

«Notre plus grande priorité en réformant le système d’immigration doit être d’améliorer les emplois, les salaires et la sécurité des travailleurs américains et de leurs familles», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Réactions des «deux côtés»

Dans le camp républicain, nombre de voix ont mis en garde depuis plusieurs jours contre la tentation d’effacer d’un trait de plume ce programme emblématique et de mettre à la merci d’une expulsion ces jeunes «rêveurs». Le sénateur John McCain ne mâche pas ses mots, parlant d’une «approche mauvaise de la politique migratoire».

Son collègue républicain James Landford résumait le malaise d’une phrase: «En tant qu’Américains, nous ne tenons pas les enfants légalement responsables des actes de leurs parents».

Du côté démocrate aussi, les réactions allaient bon train. Nancy Pelosi, chef du groupe à la Chambre des représentants, a estimé que la décision sur le Daca relevait d’«un acte profondément honteux de lâcheté politique». Chuck Schumer, leader de la minorité démocrate au Sénat, a annoncé que son parti allait s’employer à empêcher que cette «décision terriblement mauvaise de Trump devienne réalité».

La Sillicon Valley vent debout

Fait notable, Donald Trump avait, depuis son arrivée à la Maison Blanche, ouvertement exprimé ses hésitations sur le sort de ces jeunes. «Pour moi, c’est l’un des sujets les plus difficiles qui soit», soulignait-il il y a quelques mois. «Nous adorons les Dreamers», affirmait-il vendredi dans le Bureau ovale.

Une grande partie du monde des affaires, en particulier dans la Sillicon Valley, était vent debout contre une remise en cause de ce décret. En effet, il offre aux jeunes arrivés sur le territoire américain avant 16 ans et n’ayant pas d’antécédents judiciaires l’équivalent d’un permis de séjour d’une validité de deux ans, renouvelable.

Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a changé son profil avec une photo accompagnée d’un message simple: «Je soutiens Daca». «250 de mes collègues d’Apple sont des Dreamers. Je suis avec eux. Ils méritent notre respect et une solution digne des valeurs américaines», a tweeté dimanche Tim Cook, PDG d’Apple.

Obama pourrait donner de la voix

Lors de sa dernière conférence de presse avant son départ de la Maison Blanche, le 18 janvier, Barack Obama avait affiché sa volonté de rester en retrait mais il avait aussi énuméré les conditions qui pourraient le pousser à sortir de son silence si les «valeurs fondamentales» de l’Amérique étaient menacées.

«Je mets dans cette catégorie les efforts visant à expulser des enfants qui ont grandi ici et qui sont, à tous égards, des enfants américains», avait-il lancé. Il a fustigé l’idée de punir, pour des raisons purement politiques, «ces enfants qui n’ont rien fait de mal».

Le gouverneur de l’Etat de New York Andrew Cuomo a lui averti par avance qu’il contesterait en justice toute remise en cause de ce programme. L’Etat de Washington pourrait faire de même.

(nxp/ats)