[ LA CHOUETTE DE MINERVE ] Seydou cogne Jules, mais c’est pour régler quoi ?

 

 

Seydou Diallo et Jules Dembélé sont deux jeunes de Tambacounda. Le premier est enseignant de son état, tandis que le second est le chef de cabinet du maire de Tambacounda. Ils appartiennent tous au même parti mais, des langues fourchues m’ont rapporté qu’ils ne conjuguent guère le même verbe, encore moins au même temps. Toujours selon mes antennes branchées du côté de l’avenue Kandioura Noba, Seydou Diallo est estampillé pro Sidiki Kaba, et Jules Dembélé pro Mame Balla Lô.

Seydou et Jules se livrent à une brève mais intense partie de pugilat, me rapporte Kéléfa, et Bademba ajoute, pour confirmer les propos de Kéléfa, que le coup de poing administré à Jules par Seydou a été « dévastateur ». Kéléfa et Bademba indiquent que la bisbille atterrit au parquet, Seydou fut gardé quelques jours au bagne et présenté à la barre. Il sera condamné à un mois assorti d’un sursis et à 30’000 de nos pauvres francs d’amende.

Cette partie ulcérant de boxe serait les prolongations d’une maintenant vieille gangrène, la répugnante guéguerre Sidiki Kaba/Mame Balla Lô.

Me Sidiki Kaba et Mame Balla Lô partagent le même parti, ils diront nourrir les mêmes ambitions (le plein épanouissement des populations de Tambacounda), mais également ils vivent dans le même quartier, l’un à un poil de la bête de l’autre. Mais alors un faisceau de questions troublantes pour lesquelles je sue à grosses gouttes pour avoir des réponses se pose à moi. Qu’est ce qui pourrait objectivement opposer Me Sidiki Kaba à Mame Balla Lô, deux hommes aux «étoffes et ambitions politiques différentes» au point que cela puisse se répercuter négativement sur leurs militants?

Comment pourraient-ils sortir Tambacounda de l’étau de la pauvreté galopante et de son corollaire insécurité alimentaire, le difficile accès aux soins de santé, les grossesses précoces, le phénomène drastique de baisse de niveau dans les écoles, les abandons scolaires, l’obscurité ambiante, des routes et systèmes d’éclairage qui rappellent la préhistoire, des femmes qui bavent pour donner quelque chose à se mettre sous la dent à leurs mômes, des enfants qui squattent quotidiennement des gargotes, équipements marchands et bureaux à la quête de pitance, en entretenant ce genre de situation.

N’ont-ils pas intérêt à faire bloc pour faire entendre la voix de la région naturelle du Sénégal oriental au sein des instances de décision du pays ?. Une région dont le total des âmes peine à faire le tiers du département de Guédiawaye?

La belle et riche région de Tambacounda doit-elle être l’otage d’hommes politiques du genre à entretenir une ubuesque et stérile rivalité entre des fils et filles d’une région dont les priorités sont ailleurs ?

Je pourrais me tromper, et être floué par Kéléfa et Bademba, mais le sort peu enviable de Tambacounda me ronge au point que des énormités du genre à se taper dessus, juste pour « valider » un militantisme béat derrière un homme politique, ne saurait me laisser indifférent.

ODIA