Campagne agricole, les bons points de la DRDR et de ses partenaires.

 

Pour le match de ce lundi, l’équipe du ministère de l’agriculture et de l’équipement rural et son coach, le Drdr, avait misé sur 10 professionnels et un seul joueur local. L’enjeu était de taille, gagner à tout prix la partie consistant à faire reculer les barrières de l’insécurité alimentaire et créer de la richesse. La DPV était alignée dans les buts, comme arrières centraux il y avait Corprobat et le Crcr, l’Urcat jouait dans le couloir latéral droit, Barro Watt du collège des riziculteurs à gauche. Les milieux axiaux étaient le Padaer et la Sodagri, comme excentré droit la P2rs était aux manettes, l’Ancar excellait au poste d’excentré droit, et la ligne d’attaque était composée par la Sodefitex et Bamtaaré. Les « gnaari Abdou », Diatta et Samat Sakho, tout comme trois autres producteurs, étaient les jokers, et la presse faisait office de spectateur

Sada Ly embarqua ses joueurs, le quart après 9h n’avait pas encore sonné. Casquette vissée sur la tête, (elle est bien faite celle- là) et lunettes de vision bien nettoyées, il veillait méticuleusement sur l’équipe, avec une voix audible à plus d’une centaine de mètres, posant des questions précises sur quelques actions de jeu, expliquant certaines équations tactiques, proposant des stratégies appropriées, mais également invoquant le ciel (l’Omniscient et l’Omnipotent sur qui tous les êtres animés comptent).

Le round d’observation entre l’équipe de Sada Ly et l’adversaire du jour, la pauvreté et son corollaire l’insécurité alimentaire, dura une quinzaine de minutes. Soudain, la belle animation offensive des poulains du Drdr fait qu’une première fois, un coup franc direct est sifflé en leur faveur, aux abords de la surface de réparation, Fougoulou. La Sodéfitex est chargée de battre le mur, et loger le cuir au fond de la cage adverse. Oumar Khouma le directeur agro industriel, décroche un tir foudroyant, (le bloc d’une vingtaine d’hectares de Soumayé Cissokho avec un fabuleux comportement des cotonniers, du maïs et de l’arachide). La recette impressionne les spectateurs, (les journalistes), qui se sont empressés de lui poser la question de savoir pourquoi une telle recette. « Le bloc de culture est un ensemble de parcelles regroupées. En moyenne dans la zone, les producteurs font 0.6 ha de coton, alors que le tracteur ne va pas venir travailler sur un hectare par ci et un hectare par- là, c’est beaucoup de charge et une perte de temps. Nous avons mis en place le programme de prestation motorisée et avons mis en avant la nécessité de regroupement des producteurs. Pour bénéficier de cette prestation il faut avoir au minimum un bloc de 10 ha. Ici, (dans le champ de Soumayé Cissokho), c’est un bloc de 12 ha de coton, 5 ha de maïs et 3 ha d’arachide. Il a bénéficié de cette prestation motorisée qui fait que dès la première pluie, il a pu semer son coton, son maïs et son arachide à partir d’une seule pluie alors que sans cette motorisation, il faut semer peut être 4 ha et attendre une seconde pluie pour faire encore 4 ha et souhaiter qu’une autre pluie suive, et cela crée beaucoup de retard« , leur expliquait-il. Le but était magnifique, il est tout de suite classé dans le livre des plus beaux de la saison.

L’adversaire prend une douche froide, mais ne s’avoue guère vaincu, loin s’en faut. Il réagit et pose quelques problèmes tactiques. Nguène. Les pluies brisent l’espoir de quelques producteurs sur 9 ha. Des criquets du reste très beaux s’invitent à la partie. Il s’y ajoute les méthodes « néolithiques » d’irrigation qui entament la condition physique des producteurs, bouffent leur temps. En bon milieu de terrain axial, le Padaer réagit et propose un système d’irrigation plus à la mode, par aspersion, car, selon Leyti Faye, le spécialiste des infrastructures rurales du Padaer, l’actuelle recette fait perdre énormément de temps aux producteurs, et il n’y a pas une homogénéité de la répartition de l’eau dans les parcelles ». La Sodagri évoque le projet Tiers Sud du gouvernement du Sénégal, avec l’Union Européenne et l’AFD, qui a commencé des études sur la lancinante problématique des inondations des parcelles de banane suite aux débordements récurrents du fleuve Gambie. « Et nous de voyons le phénomène sur tous les 11 points depuis Gouloumbou jusqu’à Koar pour voir si le projet pourrait le prendre en charge » a expliqué Mahmoud Ndiaye, le point focal de Tiers Sud à Vélingara. Le coach Sada Ly met en relief la fameuse formule de l’aménagement des 500 ha du chef de l’Etat, les producteurs sourient.

La belle équipe du Drdr reprend du poil de la bête et repart à l’offensive. Goulombou. Un corner offensif est sifflé. Bien enroulé par la Sodagri, Barro Watt, le seul joueur local, d’une belle frappe piquée de la tête, trompait une seconde fois la vigilance du portier adverse. A ce stade du match, il réclamait un massage spécial, des motopompes pour profiter de la proximité du fleuve, et autres intrants.

Galvanisée et mise en confiance, l’équipe de Sada Ly poursuit sa marche vers la victoire ardemment désirée par les pouvoirs publics centraux. Faraba. La corde de la guitare se casse en pleine symphonie. La partie s’arrête momentanément pour blessure d’un joueur, un léger stress hydrique entachait la belle verdure du riz du programme PAM 4R, en collaboration avec Bamtaaré, sur 4 ha et demi. Bamtaaré récupère le ballon et slalome. « Du riz Sahel 108 est cultivé ici car cette variété se comportait mieux avec 7 à 10 tonnes à l’hectare«, laissera entendre Demba Kanté. Et comme le coach Sada Ly compte toujours sur le ciel, celui-ci ouvrit ses vannes, un joli parfum se dégageait des plantes. Les producteurs exultent car à Faraba, l’on s’est fait une religion, du moins selon le discret chef de village, « il n’y a pas meilleur riz que celui local ».

La partie reprend, même si les joueurs et les spectateurs commençaient à avoir les jambes lourdes et le ventre creux. Le coach a dû oublier les bonnes choses à se mettre sous la dent. Il y avait partout du maïs, hélas, la partie était tellement belle, avec des très belles séquences de jeu, qu’il fallait la terminer en beauté. Le troisième but arriva d’ailleurs, juste à Médina Yara où la Sodefitex a, d’une belle bicyclette, sonné le glas à l’adversaire. Abdou Diatta a mis en valeur un bloc de 46 ha fait de maïs, coton et d’arachide. Du tout beau qui aiguise bien des appétits. « Il va se taper des espèces sonnantes et trébuchantes le mec », chuchotait un spectateur, qui a failli abandonner sa plume et son micro.

A Djinkoré, au champ école du célèbre Boulel, l’équipe cogitait sur une de ses stratégies, la station de prévision météorologique. 4 buts à zéro. L’adversaire a déjà bu le calice jusqu’à la lie.

Juste avant le coup de sifflet final, la belle manœuvre des hommes de Sada Ly donna encore un cinquième but, à Sinthiou Malème, œuvre de l’Urcat et du 12e joueur Abdoul Samat Sakho, un paysan d’un autre registre. Une vingtaine d’hectares d’arachide de l’octogénaire Diallo et de ses rejetons force le respect et l’admiration. Abdoul Samat Sakho, lui présentait la particularité d’être un opérateur semencier doublé de producteur de semence. Sacré nom d’une pipe, il a emblavé 1600 ha de semences dans le département de Tambacounda dont 200 de maïs Early Time. Un modèle dont doivent s’inspirer les jeunes du patelin.

A la fin de la partie, le coach Sada Ly tirait les enseignements du match en se félicitant et en magnifiant d’abord la belle solidarité agissante entre les joueurs, mais également des belles choses vues sur le terrain, notamment la mécanisation, qui font nourrir l’espoir comme quoi si les choses continuent à ce rythme, nul doute que des records de production seront battues au grand bonheur des paysans. Seulement, il a relevé quelques équations d’ordre technique qui seront certainement transcendées au cours des prochaines séances d’entrainement. Elles ont, entre autres, pour nom, mise en place légèrement tardive de certaines composantes d’engrais telle que l’urée, matériel agricole, aménagement et autres.

Boubacar Dembo TAMBA / www.tambacounda.info /