Même plus peur de Donald Trump!

 

“J’ai été élu pour donner le pouvoir au peuple américain, là où il doit se trouver. En tant que Président des Etats-Unis, je placerai toujours l’Amérique d’abord. Tant que j’occuperai mon poste, je défendrai les intérêts de mon pays”, a martelé Donald Trump depuis la tribune de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Cette affirmation aurait pu, et aurait dû, être celle de chacun des 130 Chefs d’Etat et de Gouvernement présents dans la salle. C’est une proclamation de Souveraineté et d’ambition, ainsi que l’affirmation d’une responsabilité. Jusqu’ici tout va bien. On serait même tenté d’applaudir à tout rompre ! Mais, et on commence à trop s’y habituer, Donald Trump à des accès de…colère ( ?) Des montées d’adrénaline dévastatrices. Dès qu’il sort de son texte, celui préparé par les professionnels de la Politique et de la diplomatie américaine, tous ses collaborateurs baissent le regard dans l’attente du pire. Et, en ces moments-là, il vaut mieux ne pas se trouver dans son viseur. La Corée du Nord, l’Iran et le Venezuela étaient à l’honneur à l’occasion de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Trois pays si différents et pourtant confondus dans le même prisme déformant de la vision américaine du Monde…selon Donald Trump!

Dénonçant ceux qu’il définit comme les “Etats voyous”, qui seraient une “menace pour les autres nations et pour leurs propres peuples”, Donald Trump n’a pas mâché ses mots, affirmant que l’armée américaine va devenir “plus forte que jamais”, avant de menacer de “détruire totalement” la Corée du Nord, si elle ne fléchit pas.

Vraiment, Donald Trump n’aime pas Kim Jong-un! Il lui a même donné un surnom :” l’homme-fusée!”… Sacré Donald!

Mais de quel droit Donald Trump s’autorise t-il à menacer de … “destruction totale” (!) un pays souverain au sein même de l’hémicycle des Nations-unies? À moins que ces mots n’aient plus aucun sens? Ce qui me préoccupe ici, ce ne sont même pas les propos, quoique déplacés, de Donald Trump. Pour ce qui le concerne, l’univers entier est désormais vacciné et prêt à entendre le meilleur du pire. Ce qui détonne, c’est le lieu d’où il les prononce: un lieu supposé être la Maison de toutes les Nations du Monde. Un sanctuaire de Paix et de respect mutuel. Un lieu de dialogue et de réconciliation. Ce qui étonne, en sus, c’est le silence gêné et donc coupable (?) des Chefs d’Etats et de Gouvernement présents dans la salle! Laisser un de leurs pairs sortir de pareilles énormités, sans aucun égard pour la Souveraineté des autres États ni pour les convenances diplomatiques, méritait que l’on s’y arrête. Feu Fidel Castro lui aurait certainement remonté les bretelles!

À propos de l’accord sur le nucléaire iranien:

“Nous ne pouvons pas laisser un régime meurtrier continuer ses activités déstabilisatrices (…) et nous ne pouvons pas respecter un accord s’il sert à couvrir l’éventuelle mise en place d’un programme nucléaire”, a martelé Donald Trump, qualifiant là encore l’Iran “d’Etat voyou” et de “dictature corrompue”. Ainsi donc les États-Unis qui utilisent les mêmes procédés pour s’armer, au point de se sentir invincibles, auraient, seuls, le monopole de ce droit? Au nom de quelle morale? L’accord dont-il parle avec autant de désinvolture, allant jusqu’à le remettre en question, été signé par son prédécesseur, alors Président des États-Unis d’Amérique. Il devrait, tout de même respecter la signature de son pays. La signature d’un accord de pays à pays connaît un long processus de négociations. Des diplomates chevronnés ont préparé le paraphe de Barack Obama. Des mois de travail ont été nécessaires pour aboutir à un texte convenable pour les deux parties. C’est tout ce travail que le Président Trump veut jeter à la poubelle! Mais, en fait, il n’aime pas Barack Obama! Il ne peut s’empêcher de le laisser savoir. On pourrait se demander pourquoi?

Voyez-vous, le plus étrange c’est que l’on ne se pose plus des questions simples: Certains pays auraient tous les droits et d’autres aucun? Mais au fait,  à quand la remise en question du droit de véto de certains pays? À quand un siège permanent au conseil de sécurité pour le Continent Africain, puisque nous en sommes réduits à cette ambition ? Au fond, notre Monde fonctionne comme dans la jungle: C’est la loi du plus fort qui règne ! Et l’on nous parle de démocratie et de Droits de l’Homme qui seraient universels? Et l’on se dit civilisés! Drôle de Monde quand même!

Au sujet du Venezuela, Donald Trump joue sur le registre du paternalisme outrancier. Il  prétend, cette fois, vouloir faire le bonheur du Peuple à la place de ses élites politiques… Et voilà Donald Trump, au mieux de sa forme, déclarant “qu’en tant que voisin et ami responsable, nous devons avoir un but pour les Vénézuéliens: récupérer leur liberté, remettre le pays sur les rails et regagner la démocratie”, en se disant prêt à “de nouvelles actions”, sans toutefois préciser lesquelles… Tout cela gratuitement ? Pour les beaux yeux du Peuple vénézuélien ? Mais voyons donc!

Attendu sur la question de l’accord sur le climat adopté dans la capitale française en décembre 2015, Donald Trump n’a, en revanche, fait aucune déclaration. Et pourtant il est sorti, unilatéralement d’un accord présenté comme décisif pour l’avenir du Monde. Et il n’en parle même pas…. Alors que moment ne pouvait être mieux choisi, par Donald Trump,que celui de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, face aux représentants du Monde entier, pour donner les raisons de ce pied de nez à la Communauté internationale, il s’est tu… Mais pourquoi donc? Pourquoi?

Au fond, Donald TRUMP est à la parfaite image d’un Monde qui s’effondre!  Il contient à peine son mépris pour les autres races. Et les autres religions. Il semble ignorant de ce qui se passe hors des frontières américaines. Ou plutôt il n’en a cure et il l’a dit! Face à ses menaces contre la Corée du Nord, rappelons- lui quand même que la puissante Amérique s’est fait humilier au Vietnam. Que la puissance de frappe ne signifie pas la victoire à coup sûr. Face à un Peuple mobilisé, la technologie ne suffit pas. Il faut la Foi en plus! Or, l’autre mal aimé, le Peuple iranien, en dispose! Au demeurant ce Peuple est héritier d’une Histoire pluri- millénaire. La prestigieuse civilisation perse. L’Amérique a été découverte en 1492… Think about it!

Mais, en plus de tout cela, Donald Trump est-il certain que le Peuple américain serait prêt à s’engager dans une nouvelle aventure guerrière? Il devrait relire les notes de ses services après tous les traumatismes consécutifs à tous les enlisements connus par l’armée américaine depuis quelques années.

Les guerres sèment la desolation, détruisent des biens, tuent des enfants et des civils. Elles font l’affaire des industriels de l’armement. Au mieux. Mais que de misère répandue pour quelques dollars de plus à des gens qui n’en n’ont vraiment pas besoin!

Une bonne nouvelle pour finir: on n’a plus peur de Donald Trump!  Il nous menace tellement souvent que c’est son silence qui nous affolerait !

Amadou Tidiane WONE