Autriche: Les conservateurs gagnent les législatives

 

Le jeune leader conservateur Sebastian Kurz, 31 ans, a remporté les élections législatives autrichiennes dimanche, selon les premières projections. Cette victoire signe un probable retour de la droite à la chancellerie, peut-être au prix d’une alliance avec l’extrême-droite.

En provoquant ce scrutin anticipé mettant fin à dix années de grande coalition avec les sociaux-démocrates du chancelier Christian Kern, Sebastian Kurz semble avoir réussi son pari: son parti chrétien-démocrate (ÖVP) est crédité de 30,2% des suffrages. Il l’emporte devant la formation d’extrême droite FPÖ (26,8%), dont le chef Heinz-Christian Strache apparaît comme le prochain faiseur de roi en renouant avec le score historique recueilli par son ex-mentor Jörg Haider en 1999

Ce dernier a indiqué qu’il revendiquerait pour son parti plusieurs ministères régaliens en cas d’entrée au gouvernement, dont l’Intérieur et les Affaires étrangères. Quant au SPÖ de Christian Kern, arrivé premier lors des dernières législatives en 2013, il obtient 26,3%, selon les projections de la télévision publique ORF diffusées après la fermeture des bureaux de vote.

Alliance avec l’extrême-droite

Si Sebastian Kurz parvient à former une coalition, il deviendra le plus jeune dirigeant d’Europe, devant le Premier ministre irlandais Leo Varadkar (38 ans) et le président français Emmanuel Macron (39 ans).

Une alliance avec le FPÖ est considérée comme l’hypothèse la plus probable. Elle pourrait infléchir la ligne jusqu’à présent très europhile du pays, le prônant notamment un rapprochement avec le groupe de Visegrad, comprenant des pays comme la Pologne et la Hongrie qui multiplient les bras de fer avec Bruxelles.

Une société qui se durcit

En 2000, l’arrivée du FPÖ au gouvernement, en coalition avec le chancelier conservateur Wolfgang Schüssel, avait provoqué un tollé européen et l’adoption de sanctions de l’UE contre Vienne.

Dans un contexte de montée des partis populistes et anti-migrants dans plusieurs pays européen, une telle levée de boucliers apparaît aujourd’hui peu probable. «La société est plus à droite aujourd’hui, la question des réfugiés a changé beaucoup de choses», confiait dimanche Elisabeth Untermayer, une électrice du SPÖ de 68 ans qui avait manifesté contre le gouvernement «noir-bleu» en 2000.

Porté par la crise migratoire

Dans une Autriche prospère mais insécurisée par la crise migratoire, Sebastian Kurz a su mobiliser l’électorat conservateur en alliant une image de modernité et un discours de fermeté sur l’immigration.

Ministre des Affaires étrangères depuis 2013, il avait été à l’automne 2015, un des premiers ténors européens à critiquer la politique d’accueil de la chancelière allemande Angela Merkel, et se targue d’avoir obtenu la fermeture de la route des Balkans. Il a depuis encore régulièrement durci sa ligne, réclamant une réduction des aides sociales pour les étrangers, au point que le FPÖ l’accuse d’avoir «plagié» son programme.

Un sans-faute

Grand, le costume ajusté et les cheveux châtain clair invariablement coiffés en arrière, Sebastian Kurz avait créé la sensation en mai en prenant le contrôle de son parti en pleine déconfiture et en provoquant ce scrutin anticipé. Donné depuis lors comme favori, il a réalisé un sans-faute durant sa campagne.

(nxp/afp)