Le projet de ligne ferroviaire Dakar-Tambacounda et du port sec de Tambacounda présenté aux acteurs locaux.

 

Le projet de ligne ferroviaire à écartement standard Dakar-Tambacounda et du port sec de Tambacounda a été présenté mercredi aux acteurs locaux de la région orientale, lors d’une réunion à la gouvernance, a constaté l’APS.

Longue de 533 km, dont 470 km entre Tambacounda et Diamniadio, cette nouvelle ligne à écartement standard sera réalisée, parallèlement à la ligne métrique existante, pour éviter toute interruption du fret.

Le projet prend en compte la construction de trois voies d’embranchements (6 km en direction du port minéralier de Sendou/Bargny, 10/15 km en direction du port sec de Tamba et 5km en direction de Bel Air.

La réalisation d’installation fixe de traction électrique entre Dakar et Thiès et, éventuellement, entre Thiès et Tamba, figure aussi dans le projet. Des études de faisabilité sur l’axe Dakar-Thiès-Tambacounda-Ziguinchor, sur la même emprise ferroviaire à écartement standard, ont été déjà réalisées en 2007 et demandent à être réactualisées, a dit Abdoul Aziz Diop, ingénieur ferroviaire.

Cette voie ferroviaire devrait être prolongée, dans le futur, vers Matam, vers Kédougou et vers Ziguinchor. Ce qui aura comme impact, le désenclavement des régions du Sénégal Oriental et de la Casamance, avec l’acheminement des produits miniers et alimentaires en provenance et à destination de la Casamance ainsi que la sous-région. Avec des vitesses de 80km/h pour les trains miniers et 120 km/h pour les trains de passagers, la voie ferroviaire permettra également de décongestionner et de limiter les coûts d’entretien des infrastructures routières de l’axe Dakar-Tambacounda, qu’empruntent actuellement 400 camions par jour.

Le projet aura aussi l’avantage de favoriser une économie énergétique, avec une diminution de la pollution environnementale.

Selon Abdoul Aziz Diop, ingénieur ferroviaire, il est prévu dans le cadre de ce projet de réhabiliter 14 gares, qui restent encore à identifier, afin de réhabiliter le transit voyageur entre Dakar et Tambacounda. Deux postes de contrôle commande des trains (PCC) sont prévus à Thiès et Tambacounda. Le projet compte des ‘’investisseurs potentiels’’ qui ont manifesté leur intérêt, parmi lesquels, un groupe saoudien et turc. D’une d’urée de cinq ans, dont un an pour les études, ce projet devrait se poursuivre jusqu’en 2022, avec un coût estimatif de 533 milliards de F CFA. Il devrait être financé à hauteur de 20% par l’Etat du Sénégal et à 80% par un partenaire bilatéral.

Création d’un port sec à Tambacounda

Pour ce qui est du port sec, il comportera une plateforme de stockage et de transbordement de marchandises (fer, phosphate, hydrocarbures, containers, vrac, etc.), des bâtiments administratifs pour le personnel, les services de contrôle douaniers, les prestataires, le service médical, entre autres. 

Des entrepôts et hangars, tout comme des voiries et parkings y seront réalisés. L’emprise du port sec sera délimitée par une clôture défensive.

La réalisation de ces installations d’un coût estimatif de 50 milliards, est étalée sur quatre ans, dont un an d’études et trois ans de travaux. Il devrait être financé par l’Etat du Sénégal à hauteur de 40 à 49 % et les partenaires privés. 

Par ce hub logistique, il s’agit de ‘’capter 50% du tonnage en direction du Mali’’, a dit Abdoul Aziz Diop.

Le gouverneur qui présidait la rencontre visant à impliquer les acteurs locaux au processus d’élaboration, a relevé qu’à travers cette réunion, le premier pas vient d’être posé par l’Etat par rapport au port sec.

Il a demandé à la mission de donner plus de détails sur les critères de localisation du port sec, afin que les techniciens sur place travaillent à l’identification du site adéquat. Le port sec a besoin de ‘’20 hectares un peu vers la sortie de la ville, mais rien n’est encore figé’’, a précisé M. Diop.

Avec le marché sous-régional, le port sec est l’un des projets les plus importants qui tiennent à cœur la mairie de Tambacounda, a noté le conseiller municipal Mamadou Traoré. ‘’Même sans avoir l’expertise (requise), nous avons toujours eu l’idée de créer ce port sec’’, a dit dans le même sillage, le secrétaire général du conseil départemental Hubert Ndèye, faisant part de son vœu d’entendre ‘’siffler plus fort’’ à Tambacounda, le train qui est une ‘’griffe à son identité’’.

Bien que le projet n’en soit qu’à sa phase d’étude de préfaisabilité, avant les études de conception et d’exécution, les acteurs locaux – services techniques, collectivités locales, société civiles, – ont agité une panoplie d’enjeux à prendre en compte, comme les questions sécuritaires, étant donné la dangerosité des produits transportés et la position frontalière du port sec.

La problématique de l’adéquation des formations à dispenser par la future Université du Sénégal oriental avec les nouveaux métiers qu’appelle cette infrastructure, a aussi été évoquée. Cela, en vue d’un transfert de technologie pour sa gestion et sa pérennisation. 

Ils n’ont pas perdu de vue la nécessité d’une sensibilisation tout au long du processus, des populations pour susciter de ‘’nouveaux comportements’’ vis-à-vis de ces installations modernes, encore moins l’importance de valoriser la main d’œuvre locale.

Pour Jordi Julia, de la société TRN en charge des études du port sec, il sera question de comprendre la ville de Tambacounda, comment s’y développe le transport, combien de gens il fait vivre, afin de faire des projections sur ce que pourrait devenir la commune dans le futur. Il faudrait aussi avoir une idée claire des attentes des populations par rapport à ce port.

Le port sec de Tambacounda, à plusieurs égards, a des similarités avec la plateforme multinationale de Ngaoundéré (Cameroun), a dit M. Julia dans sa présentation. Celle-ci compte une partie ferroviaire, une partie routière, une partie logistique, offrant ainsi des opportunités d’hébergement, de restauration, d’installation de magasins, pour ‘’organiser le développement de la ville’’.

ADI/ASG