N’est-il pas temps de célébrer autrement le ”Magal” et le ”Maouloud” ?

 

Si actuellement personne ne discute de la légitimité du Magal et de la Commémoration de la Naissance du Prophète (PSL), il n’en est plus de même sur la manière dont ils sont célébrés, du fait de certaines dérives et difficultés croissantes liées à la très forte affluence des fidèles dans les différentes cités religieuses ; c’est ainsi que quelques voix avant-gardistes s’élèvent de plus en plus pour appeler à les célébrer autrement, tout en restant fidèle à l’esprit de leurs promoteurs – Qu’Allah les agrée !

A l’évidence, toutes ces commémorations ont largement contribué à la vulgarisation de l’Islam ; en effet, les mobilisations exceptionnelles de foules, en hommage à des ‘’Homme de Dieu’’ d’une dimension exceptionnelle, constituent un véritable Signe divin qui a interpellé et convaincu beaucoup de personnes qui n’avaient pas encore acquis la foi. Certes, il y’a beaucoup d’oulémas dans notre pays et les moyens de communication sont devenus plus nombreux et plus performants, mais jusqu’à ce jour, personne n’arrive à mobiliser autant que nos Anciens (Serigne Touba et Maodo, entre autres) ; et en vérité, cela ne tient qu’au fait qu’on ne peut pas revivifier la religion, si on n’est pas un messager (ou son vicaire), disposant donc d’une autorisation spéciale de prêcher, conformément au Hadith :

– Abû Hurayra rapporte ces paroles de l’Envoyé de Dieu – sur  lui la grâce et la paix – : «  Au début de chaque siècle, Dieu – Exalté soit- Il – enverra à cette communauté un homme pour revivifier sa religion ». (Sakhâwî, al – Maqâsid al Hasana)

Ce hadith d’une importance capitale montre très clairement que n’est pas ‘’vivificateur (restaurateur) de la religion’’ qui veut et que la mission d’un ‘’Homme de Dieu’’ ne dépasse pas 100 ans ; et c’est dire donc que nos illustres prédécesseurs (Serigne Touba, Maodo et leurs contemporains) ont déjà fait leur temps ; on ne peut plus revivifier la religion en leur nom, exclusivement – c’est la réalité ! Oui, il faut nécessairement le concours d’un continuateur plus ‘’performant’’, dont les messages seront plus en phase avec le monde actuel, et donc forcément plus pertinents – bref, un ‘’rénovateur’’ !!! Et dans cette perspective, nous persistons à croire, comme beaucoup d’oulémas avant-gardistes, que l’organisation des grandes fêtes religieuses (Gamou, Magal, etc.) qui constituent actuellement un véritable casse-tête, tant pour les autorités temporelles que spirituelles, doit être repensée ; indéniablement, elles présentent actuellement beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages, tant au plan financier que de la qualité des prestations religieuses. Et assurément, leurs promoteurs ne le voulaient pas ainsi.

Oui, à l’heure des  Nouvelles Technologies de l’Information de la Communication (NTIC), il est plus que légitime de penser à décentraliser au maximum toutes ces commémorations qui intéressent pratiquement tout le pays, au niveau de toutes les villes, voire de tous les foyers, avec le concours des médias (radio, télévision, Internet etc.) – En  clair, toute personne devrait pouvoir les célébrer, au moins, en famille.

Et de rappeler que les ‘’Hommes de Dieu’’ ne sont point la propriété exclusive d’une famille, ou d’une ville, ou d’une confrérie ; et leurs ‘’mausolées’’ ne se trouvent véritablement que dans le cœur de ceux qui les aiment pour l’amour de Dieu, comme le suggère le Coran :

(24) Ô vous qui croyez ! Répondez à Allah et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie, et sachez qu’Allah s’interpose entre l’homme et son cœur, et c’est vers Lui que vous serez rassemblés. (25) Et craignez une calamité qui n’affligera pas exclusivement les injustes d’entre vous. Sachez qu’Allah est dur en punition. (8. Le Butin : 24-25 – Al-Anfâl)

Au demeurant, cette mise en garde nous interpelle tous, ce d’autant que de plus en plus d’injustes et autres pervers profitent de ces grandes cérémonies pour commettre des turpitudes inimaginables et toutes sortes de forfaits (ivresse, prostitution, vols, agressions, etc.), comme en témoignent leur progression significative dans les rapports annuels de la police et de la gendarmerie. Oui, un vrai problème de sécurité se pose !!!

Et au vu de tout cela, l’ère des trains spéciaux et autres démonstrations  de force doit être révolue ; ce d’autant que toutes les tares observées dans la religion riment avec le grand nombre ; oui, le Coran enseigne que “… la plupart des gens ne savent pas” (34. Les Saba’ : 36 – Saba’) ; “la plupart d’entre eux ne connaissent pas la vérité et  s’en écartent” (21. Les Prophètes : 24 – Al-Anbiyâ) ; “la plupart des gens s’obstinent dans l’incrédulité” (17. Le Voyage Nocturne : 88-89 – Al-Isrâ’) ; “… la plupart des gens ne sont pas croyants” ; “… la plupart d’entre eux sont menteurs” (26. Les Poètes : 103 … 223 – Ach-Chu’arâ) “… la plupart d’entre eux ne sont pas reconnaissants” (7. Al-Araf : 17 – Al-Arâf). Oui, le grand nombre riment presque toujours avec l’ignorance et l’incrédulité ; ainsi, les messagers et autres restaurateurs de la  religion rament presque toujours à contre-courant de leur peuple. Mais, en dépit de tous ces facteurs d’inertie, ils finissent toujours par triompher, du fait d’un décret divin et de leur assistance par le Saint-Esprit et les Anges [(58. La Discussion : 21 – Al-Mudjâdalah) ; (16. Les Abeilles : 1-2 – An Nahl)] ; oui, c’est cette assistance de l’Esprit et des Anges qui fait la différence ; et n’est donc pas “vivificateur (restaurateur) de la religion” qui veut !!!

Au demeurant, si on se place dans la perspective annoncée par le Prophète (PSL), on conçoit très clairement que toutes ces grandes cérémonies religieuses (Magal, Maouloud) doivent nécessairement involuer (régresser), au profit de la mission universelle de restauration de la religion initiée par leurs illustres promoteurs (Serigne Touba, Maodo, entre autres) et que parachèvera le Mahdi – le rassembleur attitré de la ‘’fin des temps’’ (akhirou zamân). Et en vérité, personne ne peut justifier une mission dans l’Islam, après le rappel à Dieu du Prophète (PSL), en dehors de celle du Mahdi (retour de Jésus fils de Marie) [(43. L’Ornement : 57-61 – Az-Zukhruf) ; (2. La Vache : 253 – Al-Baqarah) ; (98. La Preuve : 1 – Al-Bayyinah) ; (4. Les Femmes : 157-159 – An-Nisâ’)]. Et indéniablement, il n’y a pas d’avenir pour une confrérie (ou une communauté religieuse), en dehors de cette perspective christique – Une véritable miséricorde pour les croyants.

De plus, Il faut toujours garder à l’esprit que l’Islam est une religion dynamique par essence et par excellence, qui s’adapte donc à tous les contextes ; oui, à chaque période, le Prophète (PSL) nous a donné par anticipation la réponse la plus adaptée (la moins contraignante et la moins onéreuse) ; le Hadith est très explicite :

Abû Hurayra rapporte ces paroles de l’Envoyé de Dieu – sur lui la grâce et la paix – : « Vous êtes dans une époque où celui qui aura négligé le dixième de ce qui lui a été ordonné périra. Mais viendra un temps (fin des temps) où celui qui aura fait le dixième de ce qui lui a été ordonné sera sauvé ». (Tirmidhî) … « La religion n’est que facilité, quiconque la rend difficile en sera la victime ». (Bukhari) … « Facilitez les choses et ne les rendez point difficiles ; annoncez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir (les gens) ». (Bukhari).

Et pour ne pas conclure, de faire remarquer que si on se place dans cette perspective inéluctable de dépérissement des ‘’villes dites saintes’’, en rapport avec l’avènement du Mahdi (retour de Jésus fils de Marie), on conçoit aisément le manque de pertinence des gros investissements pour y faciliter le pèlerinage (tel l’Autoroute ‘’ilaa Touba’’) ; oui, la priorité de cette ‘’capitale religieuse’’ devrait être l’assainissement, les infrastructures et la sécurité. En vérité, la résolution des difficultés du peuple devrait être une préoccupation essentielle de nos chefs religieux, mais hélas, la plupart d’entre eux ne sont préoccupés que par les mallettes et autres privilèges distribués dans les ‘’cérémonies officielles’’ devenues de véritables tribunes de campagne électorale !!! Et comment pourraient-ils servir à la fois Dieu et l’argent ?

https://docs.google.com/document/d/1VcRDQe8xwt6_0bHANMVyVJ5sBlCWCiWrPfy9kQ9b3Bw/edit?usp=sharing

 

DOCTEUR MOUHAMADOU BAMBA NDIAYE

Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar

Pédiatre à Thiès