Kédougou fête le fonio.

 

Kédougou était ce mercredi le centre de gravité du fonio. Les acteurs de la filière en provenance de Kolda, Sédhiou, Maka Kolibantang ou encore Tambacounda s’y sont retrouvés pour une journée dédiée à ce type de céréale qui commence à être davantage connu et à gagner du terrain. Le Programme d’Appui au développement de l’Agriculture et de l’Entreprenariat Rural (Padaer) y a apporté sa touche, une belle touche pour faire reculer les barrières de la pauvreté et créer de l’emploi.

Les très belles prestations des troupes folkloriques de la région de Kédougou, trait de caractère spécifique de son riche et varié patrimoine culturel, étaient le signe que du chemin a été parcouru : le fonio contribue grandement à établir une véritable révolution agricole dans cette contrée om le front agricole avait reculé. Les quantités produites deviennent de plus en plus importantes, la qualité y est, et les femmes qui s’y activent sont indubitablement devenues expertes en la matière. Avec le fonio, elles font plusieurs sortes de plats, tous succulents, et ce ne sont guère les préfets et le gouverneur de la région qui diront le contraire.

Adja Aïssata Aya Ndiaye et son groupement, le Koba Club sont entrés dans l’Histoire. Elle, et ses collègues du Réseau des Acteurs de la Filière Fonio, (Raff), ont fêté le fonio, et de fort belle manière. Le chef de l’exécutif régional qui présidait la cérémonie l’a relevé dans son speech. William Manel a salué la pionnière et précurseur qui a indubitablement valorisé le fonio, il a magnifié l’engagement d’Aya Ndiaye, mis en relief l’inestimable accompagnement de partenaires comme le Padaer. 1509 ha sont emblavés en 2016 au plan national, et les 52% l’étaient dans la région de Kédougou. 1200 tonnes sont produites dont 59% dans la région, a souligné, pour s’en féliciter, le gouverneur de la région.

Un hymne et un poème dédiés au fonio

L’hymne du fonio a été entonné par la très belle troupe Bassari de Kédougou, avec comme maestro Tama Bindia. Il a étalé l’étendue de son imagination créatrice tout comme ses talents de régisseur de plateau et de poète. La chorégraphie était impeccable, les pas de danse sublimes, l’hymne suffisamment motivant.

Evelyne Bindia lit le poème dédié au fonio. La musicalité des rimes n’a rien à envier à celle des vers du vieux poète mandingue Sitokoto Dabo, nous en avons choisi quelques passages : « Je suis céréale de Kédougou, je suis céréale de Kolda, je suis céréale de Koundara, je suis céréale de Kéniéba, je suis la céréale des K, la céréale de tous les Cas ». Admirez, appréciez.

Mais c’est cette partie du poème qui met en relief les vertus nutritives et thérapeutiques du fonio, la poétesse du jour poursuit : « En cas de famine, je muris pour le peuple en détresse,

En cas de couches douloureuses, je délivre la femme en travail,
En cas de diarrhée, je soulage le malade,
En cas de constipation, je suis la solution idéale,
En cas de diabète, je guéris le patient,
En cas de luxation ou d’entorse, ma paille est efficace,

Je suis la céréale remède, le remède de tous les cas». Décidément, l’inspiration de Tama Bindia frise l’imagination. FONIO, selon son entendement fertile, signifie tout simplement :
F, de la force que je donne aux lutteurs des arènes.
O, de l’Ocytocine qui facilite l’accouchement,
N, de la Nourriture bio que je suis,
I, de l’Icône que je représente pour l’Afrique,
O, des Objectifs pour le développement de mon pays

La fête du fonio à l’échelle régionale a vécu, tous les regards sont maintenant tournés vers la journée nationale qui sera aussi célébrée à Kédougou le 25 novembre prochain. Fort heureusement qu’il y a eu plus de peur que de mal, nos craintes de voir certaines personnes évacuées par le pompiers pour avoir énormément mangé des tas de plats à base de fonio, se sont vite dissipées.

Boubacar Dembo TAMBA / www.tambacounda.info /