Syrie: Poutine réunit Erdogan et Rohani.

 

Après son entretien surprise mardi avec Bachar el-Assad, Vladimir Poutine réunit mercredi à Sotchi les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et iranien Hassan Rohani pour «oeuvrer au règlement à long terme du conflit» syrien, à quelques jours de la reprise de pourparlers sous l’égide de l’ONU, à Genève le 28 novembre.

La Russie et l’Iran, alliés du régime de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles syriens, sont les parrains du processus d’Astana, la capitale kazakhe, qui a permis la mise en place des «zones de désescalade» dans les régions d’Idleb (nord-ouest), de Homs (centre), dans la Ghouta orientale, près de Damas, ainsi que dans le sud.

A sept reprises cette année, ces négociations initiées par Moscou ont permis de mettre autour de la même table des représentants du régime et de l’opposition en se concentrant sur les questions militaires et techniques, alors que les pourparlers politiques de Genève étaient au point mort.

Plus de 330’000 morts en six ans

Les trois chefs d’Etat doivent discuter d’un éventuel «Congrès de dialogue national syrien» réunissant en Russie, régime syrien et opposition, idée lancée fin octobre mais rejetée par l’opposition qui reste attachée au processus de Genève. Les factions de l’opposition syrienne se réunissent elles mercredi à Ryad pour unifier leurs positions en vue des négociations de Genève qui doivent se concentrer sur la rédaction d’une nouvelle Constitution et la tenue d’élections.

Point d’achoppement sur lequel se sont heurtées toutes les initiatives pour trouver une issue politique à un conflit qui a fait plus de 330’000 morts en six ans, le sort du président syrien Bachar el-Assad, au pouvoir depuis 2000 et qui apparaît désormais en position de force, devrait être évoqué.

Pour Moscou et Téhéran, le départ de cet allié provoquerait le chaos, tandis que les rebelles soutenus par Ankara refusent, tout comme les Occidentaux, toute solution dont il ferait partie au vu les exactions commises selon eux par le régime.

Al-Assad remercie Poutine

Ce sommet de Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, peut-il aboutir à des progrès significatifs vu les divergences entre ses acteurs et en l’absence d’autres acteurs majeurs comme les Etats-Unis, l’Arabie saoudite ou la Jordanie ?

Le président russe Vladimir Poutine s’est employé à sa réussite en recevant lundi à Sotchi Bachar el-Assad, mettant de fait le président syrien dans le jeu diplomatique. C’était sa première visite en Russie, et à l’étranger, depuis octobre 2015, juste après le lancement de l’intervention militaire russe qui a constitué un tournant dans le conflit.

La puissance militaire russe a permis à l’armée syrienne de ravir au groupe Etat islamique (EI) la cité antique de Palmyre et de chasser les rebelles de leur bastion d’Alep, dans le nord. Les forces du régime ont chassé dimanche soir les djihadistes de Boukamal, leur dernier fief urbain en Syrie.

«En ce qui concerne notre travail commun dans la lutte contre le terrorisme en Syrie, cette opération touche à sa fin», a assuré Vladimir Poutine à son homologue syrien. «Je pense qu’il est maintenant temps de passer au processus politique», a-t-il ajouté.

«Nous ne voulons pas regarder en arrière et nous sommes prêts à un dialogue avec tous ceux qui souhaitent vraiment aboutir à un règlement politique», a souligné pour sa part Bachar el-Assad, remerciant le président russe pour l’aide de la Russie dans la défense «de l’intégrité territoriale et de l’indépendance» de la Syrie.

«Solution pacifique»

Vladimir Poutine s’est ensuite entretenu par téléphone avec le président américain malgré les relations calamiteuses entre Moscou et Washington. Selon le Kremlin, il a assuré «être prêt à oeuvrer activement en faveur d’un règlement à long terme du conflit» sur la base des résolutions de l’ONU, tout en soulignant la nécessité de «maintenir la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie».

Selon la Maison blanche, les deux chefs d’Etat souhaitent «assurer la stabilité d’une Syrie unifiée et libérée de toute intervention nuisible et de refuges pour terroristes», ainsi que «trouver une solution pacifique à la guerre civile en Syrie». L’objectif est «de mettre fin à la crise humanitaire et de permettre aux déplacés syriens de retourner chez eux», a ajouté la Maison Blanche.

Le 11 novembre, MM. Poutine et Trump avaient publié un communiqué conjoint excluant toute «solution militaire» et appelant à une «solution pacifique» dans le cadre du processus de Genève, mais depuis, les escarmouches verbales sont quasi quotidiennes entre les deux pays sur la Syrie, où ils interviennent militairement.

Dans un discours retransmis à la télévision d’Etat, Hassan Rohani a lui proclamé mardi la «victoire» sur l’EI, avant même que Bagdad et Damas aient annoncé l’avoir complètement vaincu. Il a expliqué lors d’un entretien téléphonique au président français Emmanuel Macron vouloir «éviter le démembrement des pays de la région» et non la «dominer».

Malgré un recul des violences, plus de 13 millions de personnes, dont près de la moitié d’enfants, ont besoin d’aide humanitaire en Syrie, a averti mardi dans un rapport le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). Un porte-parole américain a affirmé mardi que les frappes de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie sont tombées en novembre à leur plus bas niveau.

(nxp/afp)