Allemagne – Une expo honore un tueur du Bataclan: «Une injure»

 

Malaise et colère sur les réseaux sociaux. A Berlin s’est ouverte le 29 novembre une exposition baptisée «Le musée des martyrs». Créée par deux Danois et installée à la Maison des artistes de Béthanie, cette installation artistique met à l’honneur des personnes «mortes pour leurs convictions». Ainsi, l’on retrouve des portraits de grandes figures comme Socrate, Martin Luther King, Jeanne d’Arc, ou encore… Ismaël Omar Mostefaï, l’un des trois terroristes du Bataclan. Les artistes danois ont également choisi de mettre en avant l’Egyptien Mohammed Atta, chef du commando des attentats du 11-Septembre, et les frères el-Bakraoui, qui se sont fait exploser après avoir participé aux attentats de Bruxelles en mars 2016.

Révélée par «Bild», l’information a provoqué un torrent de réactions scandalisées. L’ambassade de France en Allemagne a fait part de sa consternation: «Un tel parti pris est profondément choquant. Tout en rappelant notre attachement à la liberté de la création artistique, nous dénonçons la confusion ainsi faite entre martyr et terrorisme», a déclaré une source au «Parisien». L’association Life for Paris, qui soutient les victimes des attentats du 13 novembre 2015, parle d’une «provocation haineuse et intolérable».

«On a toujours soutenu la création artistique, comme thérapie notamment. Mais là, on est révulsés», a réagi l’association, qui a demandé que la photo de Mostefaï soit immédiatement retirée. Sur Twitter, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a fait part de sa colère, tout comme le député LR Eric Ciotti. En Allemagne, un cadre de l’AfD, parti d’extrême droite, a annoncé qu’il porterait plainte contre les créateurs de l’installation artistique.

Alain Jakubowicz, ancien président de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme, estime qu’on atteint là les limites de la liberté artistique. «L’art a bon dos et je soupçonne des arrière-pensées politiques. Les artistes devraient aussi penser à être responsables. Cette idée de labelliser comme martyrs les terroristes du Bataclan est insupportable», analyse-t-il.

Responsable de l’association Nordwind qui a installé l’exposition, Ricarda Ciontos a tenté de calmer le jeu: «Les artistes ont cherché à élargir le concept du martyr», a-t-elle expliqué, ajoutant qu’ils souhaitaient présenter des personnalités au-delà de tout jugement de valeur. «Le Figaro» relève qu’une expo similaire avait déjà fait polémique en 2016 au Danemark.

(joc)