Catalogne – Candidats en prison ou en exil: un vote atypique.

 

Les partis indépendantistes catalans sont entrés mardi en campagne pour les élections régionales du 21 décembre en dénonçant la «répression» de l’État espagnol après leur tentative de sécession. Leurs principaux candidats sont soit en prison, soit en exil.

Mardi vers minuit, les premiers meetings électoraux ont eu lieu. L’un d’entre eux s’est tenu à Barcelone, durant lequel Carles Puigdemont, le président destitué de Catalogne, actuellement en exil à Bruxelles, s’est adressé à ses partisans via une vidéoconférence, dans un message dirigé contre Madrid.

«Ils (Madrid) veulent mettre tous les obstacles possibles pour que nous ne puissions pas faire campagne à égalité avec les autres candidats», a-t-il lancé. Les électeurs «peuvent choisir entre nation et soumission», et «entre les institutions catalanes ou les personnages obscurs de Madrid», a-t-il complété.

Sur son siège vide dans la salle du meeting, un ruban jaune, symbole du soutien des indépendantistes à leurs dirigeants emprisonnés.

Même ruban jaune sur un fauteuil vide, 100 km plus au nord, à Vic. Un autre meeting s’y est tenu en l’absence du vice-président de Catalogne, Oriol Junqueras, dont un juge d’instruction de la Cour suprême a refusé lundi la liberté provisoire, ainsi qu’à trois autres dirigeants séparatistes, poursuivis pour leur rôle dans la sécession manquée. Douze des treize membres du gouvernement déchu sont candidats aux élections, dont Carles Puigdemont et Oriol Junqueras, qui rivalisent pour la direction du camp séparatiste.

Discordes chez les séparatistes

Aux dernières élections en 2015, les indépendantistes avaient remporté la majorité absolue des sièges au parlement régional, avec 47,8 % des voix. Mais ils avaient alors conclu une alliance électorale, alors qu’ils se présentent cette fois-ci sur des listes séparées et sans programme commun.

Le parti Esquerra Republicana Catalana (ERC, gauche républicaine) d’Oriol Junqueras, un professeur d’histoire de 48 ans, est en tête dans les sondages et entend diriger un prochain gouvernement séparatiste. Il ne fixe plus de date pour une éventuelle indépendance, reconnaissant qu’elle est hors d’atteinte pour le moment, faute de consensus en Catalogne.

M. Puigdemont, qui a créé sa propre liste, Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), n’a renoncé à rien. En cas de victoire, il prétend être rétabli au pouvoir comme «président légitime» et mettre ainsi Madrid en échec.

… et les anti-indépendantistes

En face, les partis opposés à l’indépendance font eux aussi campagne en ordre dispersé. Le parti libéral Ciudadanos, deuxième force politique en Catalogne, le Parti socialiste catalan et les conservateurs du Parti Populaire de M. Rajoy -au pouvoir à Madrid, mais très mal vu en Catalogne – n’ont pas voulu s’allier.

Un sondage publié lundi par le Centre d’études sociologiques (CIS) du gouvernement espagnol prévoit pour les indépendantistes 44,4% des voix et 66 à 67 sièges sur 135, juste en-dessous de la majorité absolue de 68. Les trois partis opposés à l’indépendance recueilleraient 44,3% des votes, mais ne décrocheraient que 59 à 60 sièges.

«Je vois mal une répétition de l’alliance des trois partis indépendantistes, dit Jose Pablo Ferrandiz de l’institut de sondage Metroscopia, comme je vois mal un gouvernement formé par les trois partis anti-indépendantistes».

(nxp/ats)