Dialogue interreligieux : Le Sénégal offert en exemple au monde.

 

La Fondation Konrad Adenauer, en partenariat avec Timbuktu Institute, a organisé, hier, un colloque international sur le dialogue interreligieux. Lors de cette rencontre qui a réuni plusieurs acteurs, les différents intervenants ont salué l’exemple du Sénégal qui est une référence en la matière.

Le 14 octobre 2017, un camion piégé a explosé à Mogadiscio (Somalie), entraînant la mort de 512 personnes. Le 24 novembre de l’année en cours, des terroristes ont attaqué une mosquée dans le nord du Sinaï (Egypte). Le bilan est lourd : près de 235 morts. Ces attentats terroristes ont aussi touché le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Nigéria et le Mali, un pays qui partage une frontière commune avec le Sénégal. Notre pays est, pour le moment, le seul « îlot de paix » dans une région fortement tourmentée par la question de l’extrémisme et du terrorisme. Cependant, il y est constaté des « velléités d’extrémisme », avait récemment révélé une étude de Timbuktu Institute du Dr Bakary Sambe. Il faut alors prévenir pour éviter que le Sénégal ne bascule dans cette horreur. En raison de l’urgence de la question, la Fondation Konrad Adenauer a consacré son dixième colloque interreligieux à l’extrémisme. Cette rencontre de deux jours (5 et 6 décembre) à Dakar porte sur le thème : « Prévenir les extrémismes par le dialogue et la solidarité. Le cas du Sénégal en Afrique ». Elle a réuni les guides religieux, les acteurs de la société civile, les pouvoirs publics, les Ong… pour échanger sur la promotion de la non-violence et de la paix. Selon le représentant résident de la Fondation Konrad Adenauer, Thomas Volk, « le Sénégal est connu comme étant un modèle de dialogue interreligieux et interculturel ». Selon lui, les religions ne sont pas un facteur de division dans le pays. Cela se manifeste tous les jours pendant les fêtes religieuses où chrétiens et musulmans sont associés.

Des conflits interreligieux, le Sénégal n’en a pas encore connus, rappelle le directeur de l’Institut islamique, Thierno Kâ. Toutefois, le chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) invite tous les acteurs de la société à œuvrer pour que cette tolérance religieuse puisse être durable. Selon lui, toutes les religions révélées (Islam, Judaïsme et Christianisme) appellent à la « paix durable et sociale », solide moyen pour combattre le terrorisme. Ainsi, Thierno Kâ appelle ses frères musulmans et chrétiens à combattre le terrorisme dans toutes ses formes. Cependant, renchérit le Pr Mbaye Thiam de l’Ebad, représentant le recteur de l’Ucad, il faut mettre l’accent sur la prévention qui passe par la « communication, l’acceptation de l’autre et des échanges permanents pour trouver une compréhension ».

Pour l’ambassadeur d’Israël au Sénégal, Paul Hirschson, la prévention contre l’extrémisme peut passer par l’éducation. D’après le diplomate, « l’éducation permet d’éviter que les graines de l’extrémisme ne se propagent ». « Certes les bénéfices de l’éducation se mesurent sur des générations. Mais, si les pays n’investissent pas dans le secteur éducatif, l’extrémisme trouvera un terrain fécond pour son développement », prévient M. Hirschson.

Aliou Ngamby NDIAYE

L’ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ
Le directeur de l’Education populaire, Célestin Tine, représentant est d’avis que l’extrémisme est une menace qui ne connaît pas les frontières. Aucun pays, y compris le Sénégal, renseigne-t-il, n’est épargné. Pour prévenir l’extrémisme, le directeur de l’Education populaire propose la mise en place d’une bonne politique d’éducation à la citoyenneté. « Eduquer à la citoyenneté signifie aujourd’hui éduquer à la démocratie, à la participation civique. Une bonne politique d’éducation à la citoyenneté implique le développement des aptitudes à la prise en compte du pluralisme.

L’enseignement culturel sur les religions constitue aussi une autre modalité de l’éducation au dialogue et à la solidarité », déclare Célestin Tine, qui ajoute qu’il est « possible d’insuffler aux jeunes le sentiment d’appartenance à la même société, à la même communauté à travers les écoles, les associations de quartiers ».

A. Ng. NDIAYE / lesoleil.sn /