Libye: l’Europe accusée de «complicité» d’abus.

 

Amnesty International accuse les gouvernements européens de complicité dans la détention des migrants dans des conditions épouvantables en Libye. L’ONG reproche notamment l’aide apportée aux gardes-côtes libyens impliqués dans le trafic d’êtres humains. La Suisse est aussi visée.

«Les gouvernements européens sont sciemment complices de la torture et des abus endurés par des dizaines de milliers de réfugiés et de migrants détenus par les autorités libyennes de l’immigration dans des conditions épouvantables en Libye», a indiqué l’organisation de défense des droits de l’homme dans un rapport mardi.

Amnesty accuse les Européens de soutenir «un système sophistiqué d’abus et d’exploitation des réfugiés et des migrants» de la part des gardes-côtes, des responsables des centres de détention et des trafiquants, avec pour seul souci d’empêcher les migrants de traverser la mer Méditerranée.

«Des dizaines de milliers de personnes sont détenues indéfiniment dans des centres de détention surpeuplés où elles subissent des sévices systématiques», a déclaré John Dalhuisen, directeur d’AI pour l’Europe. «Les gouvernements européens ne sont pas seulement pleinement au courant de ces abus, mais (…) ils en sont complices», a-t-il ajouté.

Berne collabore avec Tripoli

«Les gouvernements européens doivent repenser leur coopération avec la Libye en matière d’immigration et permettre aux personnes de se rendre en Europe par les voies légales, notamment en réinstallant des dizaines de milliers de réfugiés», a-t-il dit.

Ils «doivent insister pour que les autorités libyennes mettent fin (…) aux arrestations arbitraires et à la détention de réfugiés et de migrants», a ajouté M. Dalhuisen. Il a appelé à la libération «immédiate» de tous les ressortissants étrangers détenus dans les centres de détention en Libye.

«La Suisse coopère activement avec les autorités libyennes», dénonce le rapport. Le document pointe la somme de 1 million de francs mise par Berne à la disposition de l’Organisation internationale pour les migrations, destiné à la formation et à l’équipement des gardes-côtes libyens.

«Les autorités suisses doivent veiller à ce que la coopération technique et financière avec les autorités libyennes ne contribue pas aux violations des droits fondamentaux des migrants et des réfugiés», ajoute Amnesty, qui appelle la Confédération à faire preuve d’une plus grande volonté d’accueil.

La ministre suisse de la justice Simonetta Sommaruga a annoncé la semaine dernière que la Suisse accueillera d’ici à la mi-2018 jusqu’à 80 réfugiés actuellement en Libye.

(nxp/ats)