Policiers tabassés à Nouvel An: Le gouvernement promet «une sévérité sans faille»

 

 

Après l’agression dont ont été victimes deux policiers le soir du Nouvel An à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), les éditorialistes demandent mercredi au gouvernement moins de promesses et plus d’actes, pour mettre fin à ce déferlement de violence.

«Les forces de l’ordre tirent la sonnette d’alarme depuis des années. L’indignation ne sert à rien si elle n’est pas suivie d’effets», assène Yves Thréard, dans le Figaro. «Face à l’explosion de l’insécurité, notre appareil judiciaire tourne, certes, à plein régime. Mais il est loin d’être adapté aux réalités», regrette-t-il.

«L’indignation sert à masquer une tradition d’indécision», s’indigne Didier Rose, des Dernières Nouvelles d’Alsace. «Les policiers ont raison quand ils réclament plus de moyens et la fin de la baisse de leurs effectifs», souligne François Wojtalik, du Courrier Picard.

«Derrière cette affaire très particulière se cache un mal profond et récurrent. Celui d’une profession censée incarner l’ordre républicain et dont l’autorité est de plus en plus souvent bafouée» estime Stéphane Albouy, du Parisien.

Et «pour que force reste à la loi dans les faits plutôt que dans les seuls discours, l’exécutif va rapidement devoir agir. De simples promesses d’effectifs de police supplémentaires ne suffiront pas», insiste Laurent Bodin, de l’Alsace.

«Pas à l’Etat de s’incliner»

«Disons-le tout net: la République a failli. Maintenant, il est grand temps de faire le ménage. Dans un premier temps, la réponse passe par une répression sans concession», s’emporte Patrice Chabanet, du Journal de la Haute-Marne. Pour Hervé Chabaud, de L’Union/L’Ardennais : «l’État ne peut plus tergiverser, sans quoi il se rétracte comme une peau de chagrin».

«Le temps est sans doute venu d’arrêter de verser dans l’angélisme. Il est hors de question de laisser faire. Ce n’est pas à l’État de s’incliner et de détourner la tête», prévient Jean Levallois, de La Presse de la Manche. «Il serait peut-être temps de rééquilibrer les choses plutôt que d’importer le communautarisme anglo-saxon sans son corollaire, un respect intransigeant de la loi», s’agace Hubert Coudurier, dans Le Télégramme.

«Outre l’arsenal répressif et pénal, la nouvelle Police de sécurité du quotidien sera certes un outil de plus, mais elle apparaît comme un cautère sur une jambe de bois», s’inquiète Stéphane Siret, de Paris-Normandie.

«Est-ce encore un État de droit, où force devrait rester à la loi, ou bien le début d’une anarchique déliquescence, avec ces zones où la République n’aurait plus droit de cité?» s’interroge Bruno Dive, de Sud-Ouest. Et l’éditorialiste de conclure : «voilà le gouvernement défié sur un sujet qui avait été moins présent que d’habitude lors de la campagne présidentielle : celui de la sécurité.»

Edouard Philippe «horrifié»

De son côté, le Premier ministre, Edouard Philippe, a prôné mercredi une «sévérité sans faille» à l’égard des agresseurs de policiers. Le chef du gouvernement s’est cependant dit opposé au rétablissement des «peines planchers» réclamé par l’opposition de droite pour les auteurs d’agressions à l’égard des représentants des forces de l’ordre. «Il faut faire preuve d’une sévérité sans faille», a déclaré le chef du gouvernement sur France 2 à propos des violences survenues le soir du réveillon de la Saint-Sylvestre à Champigny-sur-Marne, à l’est de Paris.

Edouard Philippe s’est dit «horrifié» par les images du passage à tabac de deux policiers qui ont circulé sur les réseaux sociaux. «Je n’ai aucun doute sur le fait que lorsque ces individus seront appréhendés, s’ils sont déclarés coupables, ils feront l’objet de condamnations lourdes», a-t-il dit, ciblant les agresseurs, mais aussi les personnes ayant assisté à la scène et l’ayant filmée sans intervenir.

Edouard Philippe s’est cependant déclaré hostile au retour
des peines minimales instaurées durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy et supprimées sous François Hollande. «Je me suis toujours méfié des réactions face à des événements aussi scandaleux que ceux qu’on a vus qui passeraient par un élément législatif, une loi qui viendrait régler le problème», a dit le Premier ministre.

(20 minutes/afp)