Les notes qui ont précipité la chute de Marine Le Pen

 

Avant d’affronter Emmanuel Macron lors du débat du second tour de la présidentielle, Marine Le Pen s’est appuyée sur des notes lui prodiguant des conseils. Mediapart et BuzzFeed France ont eu accès à ces documents, qui montrent que la présidente du FN était prête à tout pour ternir l’image de son adversaire, quitte à se décrédibiliser. La première de ces notes a été rédigée par Damien Philippot, le frère de Florian, ex-no 2 du Front national.

D’emblée, ce conseiller de l’ombre annonçait la couleur: «Nous n’avons rien à perdre. L’objectif n’est pas de gagner en crédibilité». Craignant la grande maîtrise qu’a Emmanuel Macron des «arguments du système», Damien Philippot conseillait à Marine Le Pen de ne pas essayer de corriger son adversaire. «L’objectif est de dégrader l’image de Macron, quitte à perdre en crédibilité, pour pousser des gens dans l’abstention», a-t-il écrit, avant d’ajouter: «Si le débat est électrique, nous avons moins à perdre que lui, et donc nous gagnons des %». Cette stratégie s’est, au contraire, avérée fatale pour la candidate: l’attitude agressive de Le Pen a, au final, refroidi de nombreux électeurs.

Dans sa note, Damien Philippot indiquait encore qu’il fallait insister sur la connivence entre Emmanuel Macron et François Hollande. «Macron, c’est 5 ans de Hollande en plus, et le recyclage de tous les socialistes qui nous ont menés au désastre. Revenir sans cesse à cela, c’est l’objectif numéro 1 du débat», a-t-il écrit. Un conseil que Marine Le Pen a suivi, elle qui a surnommé son adversaire «Hollande Junior».

On apprend par ailleurs grâce à ce document que la présidente du FN a bel et bien cherché à mettre Emmanuel Macron en colère. Damien Philippot avait anticipé un tel cas de figure: «Comment répondre à une crise de nerfs de sa part (ce qu’on espère !)?», a-t-il écrit en gras, avant de poursuivre: «Il ne faut pas répondre en riant, ou en se réjouissant, parce que les gens n’aiment pas qu’on donne l’impression d’être fier d’un coup. Il faut au contraire à ce moment prendre une mine inquiète, concernée, pour accompagner les Français dans leur interrogation: qui est ce personnage? Mais qui êtes-vous? Etes-vous capable de vous maîtriser? C’est très inquiétant ce genre de comportement. On attend d’un président beaucoup de sérénité».

La seconde note était rédigée par Gaëtan Bertrand et Philippe Vardon, respectivement responsable de la campagne numérique et membre de la cellule idées-images. Moins utilisée par Marine Le Pen, elle était essentiellement composée de «punchlines». La candidate du FN a repris celle qui insinuait que Macron avait un compte offshore, ce qui était en fait une «fake news».

 

Le Pen a également utilisé cette phrase imaginée dans les grandes lignes par Gaëtan Bertrand: «Je vais vous dire ce qu’il va se passer, Monsieur Macron. De toute façon, la France sera dirigée par une femme. Ce sera ou moi ou madame Merkel. Elle est là, la réalité».

Le débat de l’entre-deux tours a précipité la chute de Marine Le Pen, qui était créditée de 38 à 41% d’intentions de vote avant cet affrontement. Au final, la candidate de FN ne récoltera que 33,9% des voix.

(joc)