Abus sexuels: Bangui déplore le non-lieu de la justice française.

 

Les autorités centrafricaines ont déploré samedi la décision de la justice française de prononcer un non-lieu dans l’affaire des présumés abus sexuels commis par des soldats français de l’opération Sangaris sur des enfants mineurs en Centrafrique. Les faits remontent à entre 2013 et 2014.

«J’aurai pensé qu’on devrait aller un peu plus loin (…). On parle de cela comme s’il s’agissait de biens matériels, alors que ce sont des enfants centrafricains sur qui ont été commis des abus», a déclaré Ange Maxime Kazagui, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement à la radio d’Etat samedi. «J’entends que la société civile et des avocats veulent se pourvoir en cassation. J’espère que les choses vont aller un peu plus loin», a affirmé le porte-parole.

Trois ans après des accusations de viols d’enfants en Centrafrique visant des militaires français, la justice française a écarté la perspective d’un procès au terme d’une enquête délicate qui laisse des questions en suspens et des parties civiles déçues.

Conformément aux réquisitions du parquet de Paris, les juges d’instruction ont rendu mi-janvier un non-lieu dans ce dossier clos sans aucune inculpation, faute de «charges suffisantes» selon l’ordonnance dont l’AFP à eu connaissance.

Incohérences des témoignages

Révélées en 2015, les accusations d’abus sexuel avaient terni la réputation de l’armée française déployée dans le pays sous égide de l’ONU pour restaurer la sécurité après des mois de violences. Dans ses réquisitions, le parquet soulignait qu’au terme de l’enquête, «il ne peut être affirmé (…) qu’aucun abus sexuel n’a été commis».

Mais il estimait que les incohérences et «la variation des témoignages ne permettent pas d’établir des faits circonstanciés et étayés à l’encontre des militaires», selon une source proche du dossier.

Face à des photos, un enfant a dit reconnaître son agresseur alors qu’il ne s’agissait pas d’un militaire. Un autre a concédé avoir menti. Un autre disait avoir lu le nom d’un soldat sur son uniforme mais un test a montré qu’il ne savait pas déchiffrer le mot «maman», a relevé le réquisitoire.

Manque de réactivité

L’affaire avait éclaté en avril 2015. Le quotidien britannique The Guardian avait alors fait état d’une note interne de l’ONU relatant les auditions de six garçons de 9 à 13 ans qui accusaient des militaires de les avoir violentés dans le camp de déplacés de l’aéroport M’Poko de Bangui. Des viols commis en échange d’argent et de rations de nourriture, entre décembre 2013 et juin 2014, selon leur récit.

Depuis, d’autres scandales touchant des contingents d’autres pays ont éclaté, et les Nations unies ont été critiquées pour leur manque de réactivité.

(nxp/ats)