Attaque à Kaboul: «Les gardes se sont enfuis sans se battre».

 

«Rester en vie dans ce pays relève de la pure coïncidence», relève Aziz Tayeb, qui a réussi à fuir pendant l’attaque de l’hôtel Intercontinental à Kaboul, et dit prier pour la centaine de ses collègues qui y sont restés pris au piège toute la nuit.

Ce cadre du secteur des télécoms originaire de Herat (ouest) et ses homologues se trouvaient là pour une conférence annuelle prévue dimanche dans un salon de cet hôtel, qui a été pris d’assaut samedi soir par quatre assaillants lourdement armés.

Lancée samedi soir, l’attaque ne s’est achevée qu’au matin, une fois ces derniers abattus. Selon un nouveau bilan, au moins 18 personnes, dont 14 étrangers, ont péri dans cette attaque.

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Aziz Tayeb lui même ne pensait pas en réchapper: «Priez pour moi, je vais certainement mourir», a-t-il plaidé, désespéré, sur Facebook peu après le début de l’assaut.

Décrivant la scène quelques heures plus tard pour l’AFP, il dit avoir «vu comment des gens qui une seconde plus tôt étaient en train de s’amuser se mettre à hurler et à s’enfuir comme des fous, certains atteints par des balles et tombant à terre».

Ce directeur régional de la compagnie Afghan Telecom a finalement réussi à se cacher derrière un pilier puis à s’enfuir avec d’autres près de la piscine avant d’être secourus. Depuis cette cachette, «j’entendais explosion après explosion, des grenades, (les assaillants) utilisaient beaucoup de grenades», raconte-t-il d’une voix épuisée.

«J’ai vu cinq ou six corps à l’extérieur de l’hôtel alors qu’on nous escortait vers la sortie», ajoute-t-il. «Les deuxième, troisième et cinquième étages (du bâtiment) étaient en feu. Le cinquième était ravagé par les flammes».

Des images de la chaîne Tolo News ont montré des personnes tenter de s’échapper des balcons à l’aide de draps noués. Au moins une d’entre elles a lâché prise et est tombée. «Je suis sorti, mais plus d’une centaine de mes collègues et amis sont toujours coincés entre la vie et la mort. Priez pour eux s’il-vous-plaît», a écrit plus tard M. Tayeb sur Facebook.

Au moins une personne devant assister à la conférence a péri, selon le ministère de l’Intérieur.

«Enfuis sans se battre»

Selon un employé de l’hôtel joint par l’AFP et parlant sous couvert d’anonymat, les gardes de sécurité de l’hôtel «se sont enfuis sans se battre».

«Ce sont de nouveaux gardes d’une compagnie privée, le problème principal est qu’ils n’avaient aucune expérience dans le contrôle» des individus et des voitures pénétrant dans le complexe hôtelier, a accusé ce comptable de 24 ans qui était présent au moment de l’attentat.

Il s’agissait d’une nouvelle équipe sous contrat depuis le début de l’année avec l’hôtel Intercontinental – qui n’appartient pas à la chaîne internationale éponyme mais à l’Etat afghan – a-t-il expliqué.

«J’étais présent à la première attaque»

Un porte-parole du ministère de l’Intérieur a confirmé à l’AFP que la sécurité de l’établissement avait été confiée au début de l’année à un groupe privé. La direction de l’établissement n’a pu être jointe dans l’immédiat pour commentaire.

Le jeune homme, employé de l’Intercontinental depuis l’âge de 16 ans, avait déjà survécu à une précédente attaque contre l’établissement en juin 2011. Revendiqué par les talibans, l’assaut avait fait 21 morts.

«J’étais déjà là quand cette première attaque s’est produite. Cette fois je savais par où m’enfuir», souligne l’employé.

Depuis l’attentat de 2011, l’hôtel avait renforcé la surveillance pour rassurer ses clients. Pourtant, une journaliste de l’AFP a constaté samedi matin, quelques heures avant la tuerie, que l’inspection des voitures à l’entrée du complexe était inefficace et que la fouille au corps, pour pénétrer dans le bâtiment, pouvait être aisément contournée en sautant les barrières.

Malgré sa peur, le jeune homme se dit résigné à garder son poste: «Je vais rester, parce que je n’ai pas d’autre option», avoue-t-il.

(nxp/ats)