L’or à Kédougou : Le premier lingot de Mako en février.

 

Dans quelques semaines, la société aurifère Petowal Mining Company (Pmc) installée à Mako va produire son premier lingot d’or. En perspective de cet événement qui devrait se tenir en présence du chef de l’Etat, la ministre des Mines et de la Géologie, Aissatou Sophie Gladima, a visité, jeudi, les installations de cette mine dont les travaux de construction sont presque terminés.

A une quarantaine de kilomètres avant Kédougou, à la lisière du Parc Niokolo Koba, le gros village de Mako situé dans la commune de Tomboronkoto et sa ceinture de montagnes offrent une carte postale au charme pittoresque et dépouillé. Ce jeudi 18 janvier, il est presque midi lorsqu’une longue file de voitures traverse la localité et prend, via un chemin vallonné, la direction de ces reliefs accidentés qui semblent à la fois si proches et si lointains.

Le sentier monte, redescend, zigzague sur les flancs des dénivelés rocheux puis grimpe quelques raidillons particulièrement escarpés. Brusquement, le décor change. Posée sur le pic d’une montagne, une installation industrielle ultramoderne toise la zone tampon du parc situé à un kilomètre et le Fleuve Gambie ondoyant au milieu d’une végétation qui, en cette période de l’année, commence à perdre, petit à petit, de sa luxuriance.

Nous sommes à la mine aurifère de Petowal découverte en 2010 et exploitée par la société Petowal Mining Company (Pmc), filiale du groupe anglais Toro Gold, qui en détient 90% des parts et le reste l’Etat du Sénégal conformément au Code minier. Elle se situe dans la « fameuse fenêtre de Kéniéba » dans l’Est du Sénégal et l’Ouest du Mali sur laquelle se trouvent un nombre importants d’opérations minières et de projets de développement aurifères. La fosse géante d’une longueur d’un kilomètre pour 200 mètres de profondeur où les minerais sont extraits se trouve à moins de deux kilomètre de l’usine de production. Sur place, seul le ballet incessant des camions et des engins mécaniques trouble le silence pesant.

Une réserve de plus d’un millions d’onces
Huit ans après sa découverte et moins deux ans après le début des opérations d’extraction de minerais, le premier lingot d’or va sortir des entrailles de ce gisement qui a une réserve de 1.030.000 d’onces. Après Sabodala Gold Corporate en 2009, Petowal Mining Company sera la deuxième société aurifère au Sénégal à produire ses premières onces du métal précieux.

Visitant, les installations de cette usine, la ministre des Mines et de la Géologie, Aïssatou Sophie Gladima, a pu mesurer l’ampleur des investissements que ce projet a nécessités et qui se chiffrent à 200 millions de dollars. Entre visite des différents compartiments de l’usine et des réalisations dans l’esprit de la politique de Responsabilité sociale d’entreprise (périmètre maraîchers et agricoles, puits pastoraux…), échanges avec les responsables de la société, discussions avec les populations locales…, la ministre, accompagnée du gouverneur de la région, William Manel, des préfets, des chefs de services régionaux, etc., y a passé toute une demi-journée.

Rassurée par les explications des uns et des autres, la ministre, géologue de formation, s’est félicitée de la bonne cohabitation entre les autochtones et la société minière qui, dans la phase d’exploration et de construction, a fait beaucoup d’efforts en matière de création d’emplois. Pmc a employé jusqu’à 900 Sénégalais dans la phase de construction et jusqu’à 350 en phase d’exploitation.

La compagnie minière a payé la formation de 30 jeunes des localités environnantes dans les domaines de l’électricité, de la maçonnerie, de la construction mécanique, de la plomberie, puis les a recrutés.

Formation de 30 jeunes des localités environnantes
A S GladimaSans compter la centaine de journaliers employés par mois pour soutenir les activités de terrain. En plus des emplois créés, les recettes qui vont tomber dans l’escarcelle de l’Etat et de la collectivité locale vont contribuer, selon Aïssatou Sophie Gladima, à améliorer les conditions de vie des populations. « Quand une société minière s’installe dans une zone, il y a généralement des attentes très fortes de la part des populations.

C’est normal. Pmc vient de terminer sa phase d’exploration et va entamer l’exploitation et c’est en ce moment que les recettes vont tomber.

Le Code minier a prévu de redistribuer aux collectivités locales une partie des recettes qui reviennent à l’Etat du Sénégal.

Les fonds pour les années 2016 et 2017 ont été déjà collectés et vont être redistribués sous peu. L’arrêté dans ce sens été a été signé », a-t-elle annoncé.

Elhadji Ibrahima THIAM (Envoyé spécial à Kédougou)

UNE PARTIE DU CHIFFRE D’AFFAIRES AUX POPULATIONS
Selon Boubacar Thera, directeur général de Pmc, les bonnes relations entre sa société et les riverains s’expliquent par la mise en œuvre des recommandations de l’étude d’impact environnementale et sociale réalisée par des experts de renom que l’Unesco a saluée et que le gouvernement sénégalais a validée. Et puis un dialogue franc et constructif a permis de gommer les dernières aspérités.

« Très tôt, nous avons mis en place un comité de recrutement avec les villages environnants du projet. Ce qui nous a permis de former pas mal de gens et de les embaucher. Ainsi, certains qui étaient de simples manœuvres sont maintenant dans l’équipe technique de recherche », a-t-il expliqué.

Les phases d’exploration et de construction se sont déroulées sans grands problèmes avec les populations mais celle de la production qui ne pourra pas permettre d’intégrer tous les travailleurs, appelle une nouvelle approche. Et le directeur général de Pmc en est bien conscient. C’est ce qui explique l’option de la société de partager avec la commune une partie de ses recettes dans des activités de développement communautaire. « C’est la phase la plus difficile. Mais nous nous sommes engagés à mettre volontairement à la disposition des populations une partie de notre chiffre d’affaires qui servira au développement communautaire. Nous allons discuter avec le maire de la commune du schéma à adopter par rapport à l’utilisation de ce fonds », a confié M. Thera.

Contrairement à d’autres projets miniers, celui du Pmc n’a pas eu besoin de déplacer et de réinstaller des populations.

De même, le besoin de restauration des moyens de subsistance est limité. C’est sans doute cela qui a participé à installer un climat de sérénité entre cette société et les populations. Une atmosphère saine dont s’est félicité le maire de Tomboronkoto. Nfally Camara confirme les propos du directeur général de Pmc. Cependant, il ajoute que les populations attendent encore beaucoup de cette société dans la phase d’exploration. « Nous savons que l’usine ne pourra pas recruter tout le monde, mais nous attendons qu’elle puisse contribuer à relever le niveau de vie des populations de cette commune. Cela, en appuyant les jeunes à développer des activités génératrices de revenus et dans la formation. Nous avons tous intérêt à travailler dans la paix et la quiétude et cela ne peut se faire que lorsqu’on prend en compte les intérêts des différentes parties », a soutenu l’édile de Tomboronkoto. Vers 19 heures, le soleil couchant forme un énorme disque écarlate disparaissant lentement derrière les massifs de Mako comme de l’or en fusion. A l’image de cette complicité entre les éléments de la nature, autorités de Petowal Mining Company et populations de la commune de Tomboronkoto espèrent que leur entente résistera au temps, pour le bien des deux entités.

Elhadji Ibrahima THIAM (Envoyé spécial à Kédougou)

DÉMARRAGE DU PROGRAMME DE RESTAURATION DES MOYENS DE SUBSISTANCE
Qui dit exploitation minière industrielle, dit impacts sociaux et environnementaux. Pour en minimiser les effets négatifs, Petowal Mining Company a pris des mesures de compensation à travers un programme de restauration des moyens de subsistance des personnes affectées par le projet. Il s’agit notamment de la mise en place d’un périmètre maraîcher de 3 hectares au profit des habitants de Tambanoumouya afin d’intensifier et de diversifier l’agriculture et fournir une alternative à l’orpaillage. Dans ce champ-école, grâce à un système d’irrigation fonctionnant à l’énergie solaire, les femmes cultivent de l’oignon, du piment, de la salade, de la tomate.

Une partie de cette production est vendue à la société minière. Karamoko Bâ, responsable du programme de restauration des moyens de subsistance au sein de Pmc, indique que le périmètre maraîcher va être étendu à 30 hectares et partagé entre les villages les plus impactés comme Mako, Niéméniké, etc. Pour ceux qui ont opté pour l’agriculture pluviale, du matériel agricole de 30 millions de FCfa leur a été distribué. Dans la même veine, des arbres fruitiers (banane, mangue, baobab) ont été plantés pour améliorer la production de produits forestiers. Ce périmètre arboricole, à terme, va s’étendre sur 40 hectares, a indiqué Karamoko Bâ. « L’objectif est que Tomboronkoto nourrisse Tomboronkoto et Kédougou ». Pcm a également consenti des efforts dans le domaine de l’élevage qui se sont traduits par la création de puits pastoraux dans cette zone particulièrement rocheuse, la formation des éleveurs et des auxiliaires d’élevage dans la gestion durable des pâturages naturels et la santé animale. Ces actions participent de la volonté de cette société minière de soutenir ce sous-secteur.

Et pour lutter contre la déforestation, un programme de reboisement et de production de plants est en cours de validation. Après cette phase de restauration des moyens de subsistance, Pcm va s’atteler à les améliorer à travers un autre programme, a informé M. Bâ.

Elh. I. THIAM

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