En Haïti, manifs anti-Trump et anti-Moïse

 

La marche organisée lundi à Port-au-Prince, en réponse aux propos insultants du président américain à l’endroit des pays africains, du Salvador et d’Haïti, a été une nouvelle occasion pour l’opposition de réclamer le départ du président Jovenel Moïse.

«Le peuple haïtien a une grande histoire. N’oubliez pas que le fondateur de Chicago est un Haïtien et on a fait Savannah: ça veut dire qu’on n’est pas un pays de merde», affirme avec fermeté Fernando Duclerc, en faisant référence à une bataille, en 1779, de la guerre d’indépendance des États-Unis à laquelle avaient participé des soldats haïtiens.

«On n’est pas de la merde mais, ici, les dirigeants sont des dirigeants de merde: Jovenel c’est un shithole (le terme utilisé en anglais par Donald Trump, Ndlr), la bourgeoisie sont des shitholes parce qu’ils alimentent la misère», poursuit le manifestant au milieu du cortège.

Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel de diverses organisations politiques et civiques d’Haïti et ont défilé dans la capitale. Drapeaux fièrement en main et pancartes aux dessins ridiculisant le président américain, le mot d’ordre a majoritairement rassemblé les opposants traditionnels à Jovenel Moïse.

Huile sur le feu

«Quand on voit en Haïti que tant de gens ne peuvent pas manger, pas boire, que l’argent est gaspillé, et bien on peut dire quelque part que Donald Trump a raison», regrette Chandler Champal.

«Trump est stupide, il a mal parlé mais il a mis de l’essence dans notre moteur pour qu’on commence à se battre pour nos droits, pour attaquer les dirigeants qui nous ont mis dans une misère noire», déclare-t-il avant d’entonner un chant anti-gouvernemental avec le reste du cortège.

Annoncée depuis plus d’une semaine, cette manifestation qualifiée de «marche pour la dignité» avait pour destination l’ambassade américaine mais un imposant cordon de sécurité empêchait d’accéder à moins de 300m du bâtiment.

La présence de policiers haïtiens équipés de toutes leurs protections et bâtons en main, a attisé la colère des manifestants dénonçant une nouvelle attaque à la fierté nationale.

Heurts

Les jets de pierres sur les forces de l’ordre se sont multipliés et, en retour, la police a tiré à balles réelles en l’air pour disperser la foule, a constaté une journaliste de l’AFP.

«C’est laid et vraiment triste», regrette Josué Mérilien, syndicaliste du secteur éducatif. «Nos dirigeants prennent les ordres de leurs patrons colons et impérialistes. Après une telle déclaration raciste, qui nous a vexé et indigné, il serait juste que l’on aille manifester là où l’on doit aller manifester. Ça prouve encore combien ce gouvernement doit partir», conclut le syndicaliste, appelant à un sursaut patriotique.

(nxp/afp)