C’est qui a tendu le micro à Jawad Bendaoud juste avant son arrestation. Alors que le procès du jeune homme s’est ouvert ce mercredi à Paris, le reporter revient sur cette rencontre marquante.Alerté par sa rédaction aux alentours de 4h30 du matin le 17 novembre, le reporter empoigne son matériel et file tout droit vers Saint-Denis, où l’assaut vient de s’achever. Une fois sur place, il se fait rembarrer par les forces de police, sur les dents. Timothée Le Blanc s’installe alors près de l’immeuble visé par le Raid et commence à filmer. Il est en direct. «Vers 7 heures du matin, je pense, j’entends parmi les badauds derrière moi (…) quelqu’un qui dit «oh les cons, ils ont tapé chez moi» ou quelque chose comme ça. Je me retourne, j’essaie de repérer la personne qui a dit ça et je la repère», raconte le journaliste.
«Tout ça est très confus»
Dans la confusion générale, Timothée Le Blanc perd de vue cet individu aux cheveux bruns gominés. L’individu réapparaît peu après. Il est en train de parler avec des policiers. C’est à ce moment-là que le journaliste de BFM TV aborde Jawad Bendaoud, qui accepte de répondre à quelques questions. La séquence culte commence alors. «J’ai pu m’entretenir avec lui pendant 1m30 avant qu’il ne se fasse embarquer par les policiers», raconte le reporter.
Sous les yeux des forces de l’ordre, le caïd avance des explications surréalistes. En face de lui, Timothée Le Blanc est sidéré: «Pendant l’interview, je ne comprends pas tout ce qu’il dit. Est-ce qu’il me dit que c’est son appartement, qu’il ne connaît pas les personnes qui sont à l’intérieur, qu’il a rendu service à un ami? Tout ça est très confus», se souvient-il. Il ajoute: «Jawad Bendaoud comprend qu’il a logé les mauvaises personnes, il cherche tout de suite à se dédouaner».
«Je ne me suis pas exposé!»
La séquence ne sera pas diffusée en direct: il a fallu attendre la confirmation que Jawad était recherché par la police pour avoir logé les terroristes et qu’il faisait bien partie des personnes arrêtées. Le journaliste se rendra compte quelque heures plus tard de la portée des images qu’il a réalisées et du buzz qu’elles ont provoqué. Une médiatisation mal vécue par le principal intéressé, qui dément fermement avoir cherché à faire parler de lui: «Je ne me suis pas exposé. J’ai croisé un journaliste, c’est tout. Arrêtez de dire que je me suis mis en scène!», avait-il tempêté le 30 novembre 2017 lors d’une audience en préparation de son procès.
(joc)