La Ville de Genève s’invite dans le conflit syrien

 

La Ville de Genève s’est invitée dans le conflit syrien à la veille des pourparlers de Vienne, en relayant son inquiétude après les bombardements turcs à Afrine. Mercredi, des centaines de Kurdes ont eux appelé sur la Place des Nations à juger Recep Tayyip Erdogan

Rappel des Conventions de Genève

Selon la Ville de Genève, la Turquie a violé le droit international humanitaire (DIH) en visant depuis samedi dernier plusieurs zones et un camp qui accueille 20’000 déplacés dans la région d’Afrine, en Syrie, pour lutter contre une milice kurde. Des bombardements dénoncés par plusieurs pays et que le président américain Donald Trump a également condamné lors d’une discussion téléphonique avec le président turc, exhortant son homologue «à réduire et limiter ses actions militaires».

Alors que le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) n’a pas réagi, la Ville de Genève appelle les autorités turques à mettre un terme à leur offensive dans la région d’Afrine et dans le nord-est de la Syrie. Et de rappeler que les Conventions de Genève imposent à la Turquie de protéger les civils et de garantir l’accès aux blessés et à l’aide humanitaire.

Dans l’après-midi, entre 300 et 350 Kurdes ont manifesté sur la Place des Nations, selon des estimations du correspondant de l’ats sur les lieux mais également corroborées par un porte-parole de la police genevoise, Jean-Claude Cantiello.

«Erdogan, tu seras jugé», clamait une banderole qui le comparait aux djihadistes du groupe Etat islamique (EI). D’autres appelaient à une «intervention immédiate de l’ONU» face à une «agression» dans le nord de la Syrie.

Plusieurs dizaines de tués

Parmi les personnes présentes, certaines étaient venues avec un drapeau de la région autonome de Rojava où se trouve la zone d’Afrine. D’autres affichaient la bannière du Parti de l’Union démocratique kurde (PYD), principale formation kurde en Syrie. La Turquie a lancé son offensive avec l’Armée syrienne libre (ASL) pour cibler les Unités de protection du peuple (YPG).

Les bombardements ont tué plus de 90 membres de cette milice kurde, soutenue par Washington, et une trentaine de civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Mercredi, Recep Tayyip Erdogan a confirmé vouloir prendre la ville de Manbij où ses militaires pourraient se trouver en face de soldats américains.

Sur le terrain, les affrontements se poursuivaient mercredi. Des roquettes tirées à partir de la Syrie ont fait deux morts et onze blessés dans la ville frontalière de Kilis, dans le sud de la Turquie. L’une d’entre elles a endommagé une mosquée. Une autre est tombée sur une maison 100 mètres plus loin. Les tirs sont attribués aux combattants des YPG. Peu après la chute de ces roquettes, des tirs de représailles de l’artillerie turque en direction de la Syrie pouvaient être entendus du centre de Kilis, selon la correspondante de l’AFP.

«Phase très critique»

Le rassemblement mis en place à Genève a été organisé à la veille d’une réunion de deux jours à Vienne entre l’émissaire de l’ONU sur la Syrie et les parties au conflit syrien pour aborder la question d’une nouvelle Constitution. L’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura a admis mercredi que les pourparlers, dont huit séries ont déjà eu lieu à Genève, se trouvaient «dans une phase très, très critique».

La France a même estimé que la discussion à Vienne constituait la dernière possibilité de trouver une solution politique. Une conférence organisée par la Russie est par ailleurs prévue lundi et mardi prochains à Sotchi.

Plus de 13 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire en raison du conflit en Syrie. En près de sept ans, les violences ont fait plus de 340’000 victimes.

(nxp/ats)